Résumé de l’article

  • L'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas prévoit une trêve dès dimanche, la libération d'otages et une augmentation de l'aide humanitaire.
  • Cette entente en trois phases vise à mettre fin au conflit, libérer tous les otages et permettre la reconstruction de Gaza.
  • Le gouvernement israélien doit encore approuver l'accord, tandis que des incertitudes persistent sur l'avenir politique et la reconstruction de Gaza.
  • Les experts restent prudents quant aux perspectives de paix durable, soulignant les défis majeurs pour l'administration future de Gaza.
  • Que prévoit l'accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas?

    Le Hamas se dit aussi "prêt" à une trêve, après l'entrée en vigueur d'un cessez-le-feu au Liban. [Keystone]
    Un accord pour un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas a été annoncé par le Qatar / La Matinale / 1 min. / aujourd'hui à 06:20
    Le fragile accord conclu mercredi entre Israël et le Hamas prévoit trois phases: une trêve à partir de dimanche, la libération de 33 otages israéliens en échange d'un millier de prisonniers palestiniens, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

    Après plus d'un an de blocage, les négociations indirectes à Doha se sont accélérées à l'approche du départ de la Maison Blanche de Joe Biden, remplacé lundi par Donald Trump. Elles ont débouché mercredi sur l'officialisation d'un accord.

    >> Lire aussi : Israël et le Hamas ont accepté un accord pour un cessez-le-feu à Gaza et la libération d'otages

    Il entrera en vigueur le dimanche 19 janvier, a annoncé le Premier ministre du Qatar Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, dont le pays est l'un des médiateurs entre Israël et le Hamas.

    Accord en trois phases

    La première phase de l'accord, qui devrait durer 42 jours, verra une libération de 33 otages, dont des femmes, des personnes âgées et des personnes blessées, en échange d'un millier de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Les otages israéliens font partie des 94 captifs encore détenus à Gaza depuis le 7 octobre 2023, parmi lesquels 34 ont été déclarés morts par l'armée israélienne.

    "Un mécanisme de suivi pour surveiller l'application de l'accord sera mis en place au Caire et sera géré par l'Egypte, le Qatar et les Etats-Unis", a ajouté Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

    Le président américain Joe Biden a pour sa part confirmé que la première phase durerait six semaines avec un cessez-le-feu "entier et total", accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées. L'aide humanitaire doit également augmenter durant cette première phase, qui doit permettre des négociations en vue d'arriver à la deuxième phase. Quelque 600 camions d'aide humanitaire devraient ainsi entrer à Gaza chaque jour.

    La deuxième phase, qui vise "une fin définitive de la guerre", doit aussi permettre la libération des derniers otages, toujours en échange de prisonniers palestiniens, et un retrait complet israélien de Gaza, a encore détaillé Joe Biden. La troisième et dernière phase doit être consacrée à la reconstruction de Gaza et à la restitution des corps des otages tués durant leur captivité.

    >> Ecouter les précisions d'Ariane Ménage, correspondante à Tel Aviv, dans le 12h30 :

    Benjamin Netanyahu a affirmé que les combats "intenses" à Rafah sont "sur le point de se terminer" (image d'illustration). [Keystone]Keystone
    Trêve à Gaza: l’accord du cessez-le-feu attend encore la pleine validation du gouvernement Netanyahu / Le 12h30 / 1 min. / aujourd'hui à 12:33

    Plusieurs éléments restent toutefois incertains. Le gouvernement israélien doit notamment encore donner son feu vert à l'accord. Il l'a conditionné au règlement d'une "crise" de dernière minute provoquée selon lui par une remise en cause de "certains points" par le Hamas, des accusations rejetées par le mouvement islamiste.

    >> Voir le suivi des événements : Israël accuse le Hamas d'essayer "d'extorquer des concessions de dernières minutes"

    Quel avenir pour Gaza?

    Au-delà de la mise en oeuvre de l'accord, le chemin reste complexe. En effet, malgré l'annonce de la trêve, la Défense civile de la bande de Gaza a fait état jeudi d'une "forte intensification" des bombardements de l'armée israélienne.

    Interrogé dans La Matinale de la RTS, Sébastien Boussois, docteur en sciences politiques et spécialiste du Moyen-Orient, a mis en garde contre un excès d'optimisme: "Tout le monde s'emballe et est persuadé que c'est un accord définitif, qu'il y aura la paix demain. On est évidemment très loin de cela."

    >> Voir l'interview de Sébastien Boussois dans La Matinale :

    Une trêve à Gaza: interview de Sébastien Boussois
    Une trêve à Gaza: interview de Sébastien Boussois / La Matinale / 6 min. / aujourd'hui à 07:00

    Alors que Joe Biden avait évoqué un possible retour des Gazaouis dans leurs quartiers après le retrait des troupes israéliennes, cette éventualité semble "totalement utopique" pour l'expert. "Le retour des populations, à ce stade, n'a strictement aucun sens, puisqu'il n'y a pratiquement plus de maisons qui tiennent debout", souligne-t-il.

    L'accord ne règle pas non plus la question de l'avenir du territoire, d'un point de vue politique ou de la reconstruction de l'enclave, ravagée par 15 mois de guerre. "Qui va reconstruire Gaza et surtout qui va l'administrer?", s'interroge l'expert.

    Israël a rejeté toute hypothèse impliquant le Hamas et n'est pas très enclin non plus à ce que l'Autorité palestinienne, qui dispose de prérogatives limitées en Cisjordanie occupée, prenne le pouvoir. "Tout cela laisse beaucoup de doute sur la manière dont Gaza va pouvoir se relever, à commencer par les Gazaouis", conclut Sébastien Boussois.

    Emilie Délétroz avec les agences

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    "Il y a aujourd'hui un soupçon d'espoir pour les familles", selon le porte-parole du CICR

    Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) jouera un rôle central dans l'application de cet accord. L'organisation a pu entreprendre des préparations au cours des négociations et se tient prête à intervenir. "Dans un premier temps, notre rôle va être de garder un lien de communication permanent avec les deux parties", explique le porte-parole du CICR Christian Cardon dans l'émission Tout un monde.

    Le CICR sera ensuite chargé de faciliter les opérations de libération des otages israéliens et des prisonniers palestiniens. Malgré tout, son rôle n'est pas simplement celui d'un "opérateur logistique", rappelle Christian Cardon. "Le travail de nos collègues, qui consiste à accueillir des personnes qui sont passées par une situation traumatisante, à rassurer et à réconforter, c'est aussi une opération humaine", dit-il.

    Un accord "réjouissant"

    Malgré les incertitudes et les "défis "gigantesques" liés à la mise en place de l'accord, le CICR "ne peut que se réjouir" de l'aboutissement des négociations. Christian Cardon rappelle que la situation humanitaire est catastrophique dans la bande de Gaza, où "les infrastructures vitales, la santé et l'eau sont presque devenues inexistantes".

    Des milliers de familles palestiniennes ont été déchirées et n'ont pas encore pu retrouver leurs proches, "qui sont probablement aujourd'hui encore sous les décombres", ajoute le porte-parole du CICR. La grande majorité des 2,4 millions d'habitants de l'enclave ont été déplacés et vivent dans des conditions particulièrement dures.

    A tout cela s'ajoute les bombardements quotidiens, qui font que "toute une génération vit avec la peur au ventre depuis quinze mois". "La mort est omniprésente à Gaza", résume Christian Cardon, qui souligne également "la douleur énorme" à laquelle font face les familles des otages israéliens qui ont passé 450 jours sans aucune nouvelle de leurs proches. Mais grâce à cet accord, "il y a aujourd'hui un soupçon d'espoir pour les familles" du côté palestinien comme du côté israélien, affirme Christian Cardon.

    >> Ecouter l'interview de Christian Cardon dans Tout un monde :

    La population gazaouie souffre du grand froid qui s'abat sur la bande. [AP Photo - Abdel Kareem Hana]AP Photo - Abdel Kareem Hana
    Gaza: "C’est peut-être la fin d’un cauchemar", Interview de Christian Cardon, porte-parole du CICR / Tout un monde / 7 min. / aujourd'hui à 08:13