Les enquêteurs chargés d'arrêter le président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol bloqués

En Corée du Sud, les tentatives d'arrestation du président déchu Yoon ont échoué et ont été suspendues
En Corée du Sud, les tentatives d'arrestation du président déchu Yoon ont échoué et ont été suspendues / 12h45 / 1 min. / vendredi à 12:45
Le Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) sud-coréen a annoncé vendredi avoir "commencé à exécuter un mandat d'arrêt" contre le président déchu Yoon Suk Yeol pour sa tentative ratée d'imposer la loi martiale, mais ses agents sont bloqués à l'intérieur de la résidence présidentielle par une unité de l'armée fidèle au dirigeant, selon des médias.

"L'exécution du mandat d'arrêt contre le président Yoon Suk Yeol a commencé", a annoncé le Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO), qui centralise l'enquête pour "rébellion" contre lui. Mais selon l'agence de presse Yonhap, les agents du CIO ont été "bloqués par une unité militaire à l'intérieur".

Des journalistes de l'AFP avaient auparavant vu l'un des procureurs du CIO accompagné de plusieurs autres personnes franchir l'imposante barrière de sécurité dressée devant la résidence présidentielle vers 08h00 locale (minuit en Suisse).

>> Les précisions dans La Matinale :

Les enquêteurs sud-coréens tentent d'arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol. [keystone]keystone
Les enquêteurs sud-coréens tentent d'arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol / Le Journal horaire / 35 sec. / vendredi à 02:02

>> Lire aussi : Le président sud-coréen déchu Yoon Suk-yeol sous le coup d'un mandat d'arrêt

Arrestation "illégale"

Une arrestation de Yoon Suk Yeol, qui reste officiellement le chef de l'Etat et n'est que suspendu en attendant la confirmation par la Cour constitutionnelle de sa destitution d'ici la mi-juin, serait sans précédent dans l'histoire de la Corée du Sud.

"L'exécution du mandat d'arrêt est illégale et invalide", a estimé l'avocat du dirigeant, Yoon Kap-keun, annonçant un nouveau recours en justice pour bloquer cette exécution, en plus de ceux qu'il a déjà déposés pour contester la validité du mandat lui-même.

Le CIO, qui centralise les investigations sur le coup de force du 3 décembre, a jusqu'au 6 janvier pour exécuter le mandat d'arrêt délivré par un tribunal de Séoul à sa demande.

Des centaines de partisans inconditionnels de Yoon Suk Yeol, parmi lesquels des youtubeurs d'extrême droite connus et des prédicateurs chrétiens évangéliques, ont campé près de la résidence présidentielle toute la nuit de jeudi à vendredi, certains organisant des séances de prière nocturnes.

>> Ecouter aussi le reportage de La Matinale :

Des partisans du président déchu Yoon Suk Yeol près de la résidence présidentielle, le 3 janiver 2025 à Séoul.
Le point sur la situation en Corée du Sud, où les enquêteurs chargés d'arrêter le président déchu Yoon Suk Yeol ont été bloqués / La Matinale / 1 min. / vendredi à 06:21

2700 policiers déployés dans le secteur

Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, quelque 2700 policiers sont déployés dans le secteur, après des échauffourées entre partisans et détracteurs du président déchu la veille au soir.

Il reste difficile de savoir quelle unité de l'armée s'oppose physiquement vendredi à l'arrestation de Yoon Suk Yeol. Ces dernières semaines, des membres de son service de sécurité avaient déjà bloqué des tentatives de perquisition dans la résidence présidentielle.

Le chef du CIO, Oh Dong-woon, a averti que quiconque tenterait d'empêcher l'arrestation de Yoon Suk Yeol pourrait lui-même faire l'objet de poursuites.

Un mouvement hétérogène

Des partisans "trumpistes" se sont également mobilisés pour empêcher l'arrestation du président sud-coréen déchu. "Ce mouvement hétéroclite reflète une fatigue démocratique similaire à celle observée aux États-Unis et dans certains pays européens", a expliqué vendredi dans Forum Lionel Fatton, professeur assistant en relations internationales au Campus genevois de Webster.

"Ce sont souvent des personnes qui se sentent délaissées par la société (...) Elles recherchent l'homme fort qui va faire bouger les choses, comme Donald Trump aux États-Unis ou Yoon Suk Yeol en Corée du Sud ".

En période de crise, ces individus espèrent un leader capable de produire des résultats concrets. "Ils rejettent un système démocratique qu'ils jugent paralysé, où l'exécutif et le législatif sont en opposition constante, empêchant toute progression, une situation qui persiste en Corée du Sud depuis plusieurs années", analyse le spécialiste.

>> Ecouter l'interview de Lionel Fatton dans Forum :

Lionel Fatton, professeur assistant en Relations internationales au Campus genevois de Webster. [RTS]RTS
Qui sont les partisans "trumpistes" du président sud-coréen Yoon Suk-yeol? Interview de Lionel Fatton / Forum / 6 min. / vendredi à 18:05

fgn avec les agences

Publié Modifié

Un mois de chaos politique

Yoon Suk Yeol avait sidéré la Corée du Sud dans la nuit du 3 au 4 décembre en imposant la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler, un épisode qui avait rappelé au pays les heures sombres de la dictature militaire.

Il avait été forcé de faire marche arrière quelques heures plus tard, les députés ayant réussi à entrer dans le Parlement et à voter une motion exigeant la levée de la loi martiale pendant que leurs assistants bloquaient les portes de l'hémicycle avec des meubles et que des milliers de manifestants prodémocratie se rassemblaient à l'extérieur.

L'ancien procureur vedette de 64 ans n'a manifesté aucune contrition depuis sa destitution par le Parlement le 14 décembre, jurant même de "se battre jusqu'à la fin" dans une lettre distribuée mercredi à ses partisans.

Sur le plan politique, la crise s'est aggravée vendredi dernier quand le Premier ministre Han Duck-soo, qui assurait l'intérim de la présidence, a été à son tour destitué par le Parlement.

Les pouvoirs présidentiels sont désormais entre les mains du ministre des Finances Choi Sang-mok.

Depuis, Choi Sang-mok a partiellement accédé à une demande de l'opposition en nommant deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle, dont trois des neuf sièges sont vacants. Cette cour doit se prononcer à la majorité des deux tiers pour confirmer la destitution du président, faute de quoi celui-ci retrouvera automatiquement son fauteuil.