Résumé de l’article
Le groupe Etat islamique se réinvente en ligne: de la défaite territoriale à la menace numérique
Le groupe Etat islamique (ou Daech), bien qu'affaibli territorialement depuis 2019, demeure une menace sérieuse. Il a transformé sa défaite militaire en une présence numérique tentaculaire, démontrant une maîtrise inquiétante des canaux de communication modernes.
L'attentat de La Nouvelle-Orléans, survenu le jour de l'An, illustre la persistance de cette menace. Un homme radicalisé a perpétré une attaque meurtrière, faisant 15 victimes. Le FBI a confirmé que l'assaillant était "inspiré à 100% par le groupe Daech", soulignant la capacité du groupe à motiver des "loups solitaires".
Une propagande résiliente
Myriam Benraad, politologue, autrice de "L'Etat islamique est-il défait ?" (CNRS Editions), explique cette résilience: "Le groupe n'a pas fondamentalement changé de discours, mais a dû s'adapter à un Internet plus restrictif", a-t-elle analysé lundi dans l'émission Tout un monde de la RTS. Cette adaptation se traduit par un retour aux sources, avec une prédominance de la propagande en langue arabe.
La newsletter "Al-Naba", publiée chaque jeudi depuis 2014, est devenue un des principaux vecteurs de communication en arabe de l'organisation. "On voit aujourd'hui beaucoup plus de propagande en langue arabe qu'il y a dix ans. C'est un retour à l'identité arabe originelle du groupe", explique Myriam Benraad.
Une stratégie de recrutement élargie
Paradoxalement, le groupe Etat islamique diversifie aussi ses cibles. "Ils ont élargi leur arsenal de traduction, notamment vers les langues d'Asie centrale et le russe", explique Aaron Zelin, chercheur au Washington Institute. Cette approche a permis de recruter dans des pays comme le Tadjikistan, l'Ouzbékistan et le Kazakhstan.
Face aux restrictions sur les réseaux sociaux traditionnels, le groupe s'est aussi tourné vers des applications cryptées comme Telegram. Or, pour les deux experts interrogés dans "Tout un monde", la récente décision de Mark Zuckerberg de mettre fin au fact-checking sur Facebook, aux Etats-Unis, pourrait faciliter la diffusion de contenus extrémistes.
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ll ne serait pas surprenant de voir réapparaître la propagande et le recrutement djihadistes sur les plateformes grand public dans les années à venir
L'intelligence artificielle au service de la propagande
Daech a également acquis une expertise en intelligence artificielle. Le groupe produit désormais de faux journaux télévisés, utilisant des présentateurs générés par l'intelligence artificielle, comme observé après l'attentat dans une salle de concert à Moscou. Des contenus qui échappent facilement à la modération des plateformes sociales.
Cette évolution technologique inquiète les deux experts. La capacité de diffusion de la propagande du groupe Etat islamique pourrait se démultiplier, posant de nouveaux défis aux autorités et aux plateformes numériques.
Miruna Coca-Cozma