"Nous sommes en train de supporter l'insupportable", témoigne l'écrivain gazaoui Ziad Medoukh

Témoignage à Gaza de l'écrivain et professeur de français Ziad Medoukh
Témoignage à Gaza de l'écrivain et professeur de français Ziad Medoukh / 19h30 / 2 min. / hier à 19:30
Depuis le début de l'assaut israélien, en dépit des bombardements et des combats, l'écrivain francophone et professeur de français Ziad Medoukh a toujours refusé de quitter Gaza-City. Joint mercredi dans le 19h30, il témoigne de son combat pour résister pacifiquement à l'horreur.

Alors que les Gazaouis vivent leur deuxième hiver consécutif sous les bombes israéliennes, majoritairement sous des tentes et dans des conditions extrêmes, car l'immense majorité du territoire a été rasé, "la situation est terrible pour tous les Palestiniens de Gaza", témoigne Ziad Medoukh.

"Nous sommes en train de supporter l'insupportable, une situation dramatique et tragique, notamment dans le nord de la bande de Gaza, avec la famine qui s'y installe, la poursuite des bombardements et surtout la pénurie d'eau potable et d'électricité. Nous sommes en train de vivre une situation inhumaine", résume-t-il.

Face à l'inhumain, la solidarité et l'éducation

Ziad Medoukh a publié un nouveau livre, "Ma vie sous les bombes", qui raconte sa subsistance à Gaza.
Ziad Medoukh a publié un nouveau livre, "Ma vie sous les bombes", qui raconte sa subsistance à Gaza.

"L'occupation a détruit ma maison, mon quartier, mon immeuble. Jusqu'au mois de juillet, j'ai été déplacé dans cinq quartiers différents, d'un quartier détruit à un autre quartier dévasté. Depuis juillet, j'habite avec 64 personnes dans des conditions inhumaines au nord de la ville de Gaza", raconte l'écrivain.

"C'est le cas de tous les Palestiniens de Gaza. On est obligé, avec la solidarité familiale et sociale, d'accueillir les gens chez nous."

Partisan de la non-violence, Ziad Medoukh s'accroche tant bien que mal à ses convictions. Professeur de français, il explique qu'il essaye d'encourager les élèves à suivre leurs cours. "Soit via internet, soit sur place dans des centres éducatifs et dans des tentes éducatives, parce qu'il n'y a pas de lieu pour accueillir les enfants", précise-t-il.

Résilience et résistance

Et pour le Palestinien, quitter Gaza n'est pas une option. Y rester fait partie de son identité: "Malgré l'horreur absolue, malgré l'ampleur de ce carnage, j'essaye de pratiquer mes principes en aidant la population à rester attachée à sa ville, même transformée en champ de ruines", explique-t-il.

"Il y a d'abord l'attachement à la terre, l'attachement à la patrie. Et surtout l'envie de développer la non-violence comme forme de résistance et de résilience pendant cette période très difficile."

Texte web: Pierrik Jordan

Propos recueillis par Philippe Revaz

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