Le Ghana se distingue par la stabilité politique de sa démocratie
La transition entre l'ancien président ghanéen et John Dramani Mahama, l'opposant qui a remporté la présidentielle, s'est déroulée de manière pacifique. Le Ghana fait ainsi partie des pays africains qui se sont démarqués par des élections démocratiques en décembre dernier.
Durant plusieurs années, le Ghana "a réussi à mener un processus électoral relativement transparent qui reflète la volonté du peuple", explique Enoch Aikins chercheur ghanéen à l'Institut d'études de sécurité, basé à Prétoria, en Afrique du Sud. L'autorité électorale a mis en place des mesures, comme la présence d'observateurs qui s'assurent que les scrutins soient triés et comptés à la vue du public, ajoute le chercheur ghanéen dans l'émission Tout un monde.
Une limite aux mandats présidentiels
Au-delà de la relative transparence des élections, d'autres facteurs expliquent la stabilité politique du Ghana. Parmi eux, la mise en place d'institutions solides depuis les années 1980, particulièrement par Jerry Rawlings, une figure militaire à l'origine d'un coup d'Etat, explique Pierre Jacquemot, ancien ambassadeur de France au Ghana et expert à la Fondation Jean-Jaurès. Jerry Rawlings a également engagé un processus de démocratisation avec la mise en place d'une Constitution qui impose une limitation des mandats présidentiels.
Et afin qu'un pays puisse maintenir une telle stabilité démocratique, du moins aux yeux de l'Occident, Pierre Jacquemot cite quelques critères. Le principe de redevabilité en est un, c'est-à-dire, la nécessité pour un gouvernement de rendre des comptes à la population. Il ajoute également qu'un Etat doit pouvoir être à l'écoute des préoccupations de la population et insiste sur l'importance de la séparation entre l'armée et les processus politiques.
Des transitions pacifiques de pouvoir dans cinq autres pays
Alors que d'autres pays du continent africain ont vécu des coups d'Etat, comme le Soudan, la Guinée, le Mali, le Burkina Faso, le Gabon ou le Niger, le Ghana se démarque. Il n'est cependant pas le seul à avoir connu une transition politique pacifique et démocratique l'année dernière. Le Botswana, Maurice, le Sénégal et la République autoproclamée du Somaliland ont chacune organisé des élections qui se sont déroulées dans le calme.
Dans ces cinq pays, c'est l'opposition au pouvoir en place qui a remporté une large victoire. Au Ghana, le leader de l'opposition l'a emporté avec 57% des voix et au Sénégal à 54%.
"Et quand la victoire est aussi large, les sortants ont du mal à contester", indique Enoch Aikins. Cependant, cela ne veut pas pour autant dire que le programme politique des opposants suscite l'enthousiasme de la population. "Au fil des années, je suis parvenu à la ferme conclusion qu'en Afrique, l'opposition ne gagne pas une élection, c'est le pouvoir en place qui la perd", ajoute Enoch Aikins. Ces changements de régime s'expliquent, en partie, par le ras-le-bol des populations vis-à-vis de la situation économique, selon le chercheur ghanéen.
Sujet radio: Cédric Guigon
Adaptation web: Inès Moubachir