Figure historique de l'extrême droite française, Jean-Marie Le Pen est mort à 96 ans

Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française, est mort mardi à l'âge de 96 ans
Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française, est mort mardi à l'âge de 96 ans / 19h30 / 2 min. / hier à 19:30
Jean-Marie Le Pen, figure de l'extrême droite française, est mort mardi à l'âge de 96 ans à Garches, à l'ouest de Paris, dans un établissement où il avait été admis. Ce tribun provocateur et connu pour ses dérapages antisémites avait notamment été finaliste de la présidentielle de 2002.

"Jean-Marie Le Pen, entouré des siens, a été rappelé à Dieu ce mardi à 12h", a indiqué sa famille dans un communiqué.

Le co-fondateur de Front national, devenu Rassemblement national, s'était peu à peu retiré de la vie politique à partir de 2011, lorsque sa fille Marine Le Pen avait repris la présidence du parti.

>> Les réactions au décès de Jean-Marie Le Pen : "Figure politique", "patriote visionnaire" ou "idées nauséabondes", les réactions au décès de Jean-Marie Le Pen

Hospitalisé depuis novembre

Affaibli par plusieurs accidents de santé, Jean-Marie Le Pen avait déjà été hospitalisé en 2022 à la suite d'un accident vasculaire cérébral puis 2023 après un malaise cardiaque. En juin dernier, une expertise médicale avait fait état d'une "profonde détérioration" de son état physique et psychique, estimant qu'il n'était pas en mesure ni "d'être présent", ni de "préparer sa défense" au procès des assistants des eurodéputés FN qui s'était déroulé à Paris de septembre à novembre.

Mi-novembre, Jean-Marie Le Pen avait été hospitalisé puis admis dans une structure à Garches, dans les Hauts-de-Seine, non loin de son domicile de Rueil-Malmaison, dans le même département.

Au second tour de la présidentielle de 2002

Tribun hors pair et provocateur ayant souvent tenu des propos xénophobes et antisémites, ce Breton qui aimait être surnommé le "Menhir", avait sorti l'extrême droite française de sa marginalité au cours d'une carrière politique qui a marqué la Ve République.

Le plus emblématique de ses succès remonte au 21 avril 2002, quand il accède à la surprise générale au second tour de l'élection présidentielle, lors de sa quatrième candidature à l'Elysée.

Le triomphe a son revers: pendant quinze jours, des millions de personnes défilent contre le racisme et son incarnation politique. Et surtout, Jean-Marie Le Pen permet la réélection facile de son ennemi juré Jacques Chirac.

Jean-Marie Le Pen avait atteint le second tour de l'élection présidentielle en 2002, qu'il a perdu face à Jacques Chirac. [KEYSTONE - LAURENT EMMANUEL]
Jean-Marie Le Pen avait atteint le second tour de l'élection présidentielle en 2002, qu'il a perdu face à Jacques Chirac. [KEYSTONE - LAURENT EMMANUEL]

De multiples dérapages

Jean-Marie Le Pen a multiplié tout au long de sa carrière les déclarations sulfureuses et provocations verbales, sans jamais exprimer aucun regret pour certains dérapages, contrôlés ou non, qui lui ont valu plusieurs condamnations en justice.

Le dirigeant du FN a ainsi déclaré en 1987 que l'existence des chambres à gaz était "un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale". Pour ces propos , Jean-Marie Le Pen a d'abord été condamné deux fois au civil, en 1991 puis en 1999, devant s'acquitter de dommages et intérêts à des associations. Au pénal, il a été condamné en 2017 en appel à 30'000 euros d'amende pour contestation de crime contre l'humanité, pour avoir répété ces propos en 2015.

Jean-Marie Le Pen a aussi été condamné en 2012 pour avoir déclaré que l'Occupation allemande n'avait pas été "particulièrement inhumaine" en France.

Il a en revanche été relaxé en appel en 2022 pour s'en être pris en 2014 dans une vidéo sur son blog à plusieurs personnalités engagées contre l'extrême droite, lançant à propos du chanteur Patrick Bruel, de confession juive: "Ecoutez, on fera une fournée la prochaine fois".

Jean-Marie Le Pen a également combattu en Algérie où, selon ses dires, il était "officier de renseignement" à Alger. Dès 1962, plusieurs documents et témoignages l'accusent d'y avoir pratiqué la torture. Il s'en défendra tout en parlant de "nécessaires obligations imposées par la hiérarchie militaire et politique du temps", en 1984, dans l'émission politique L'Heure de Vérité.

>> Retour en archives sur la personnalité de Jean-Marie Le Pen, dans Mise au point en 2014 :

Comme si c’était hier
Comme si c’était hier / Mise au point / 4 min. / le 23 mars 2014

La mise à l'écart

Ses liens avec sa fille et le parti ont souvent été tendus après la transmission des rênes du parti. Marine Le Pen clame d'abord sa loyauté avant d'exclure en 2015, après un énième dérapage antisémite, ce père devenu gênant pour son projet de "dédiabolisation" de l'extrême droite.

Elle change le nom du parti en Rassemblement national et entame sa banalisation. "Un suicide", selon Jean-Marie Le Pen, qui avait théorisé le rassemblement de toutes les extrêmes droites. L'ancien leader se replie alors sur ses Mémoires, où il revient à ses thèmes favoris, comme le "grand remplacement" de la population française par l'immigration.

Ces dernières années, Jean-Marie Le Pen recevait à tour de bras. Il avait laissé entendre qu'il voterait pour le candidat d'extrême droite Eric Zemmour à la présidentielle de 2022.

Au niveau privé, Jean-Marie Le Pen, après avoir été marié avec Pierrette Lalanne – la mère de ses filles Marie-Caroline, Yann et Marine – avait épousé en secondes noces Jany Le Pen.

>> Interview dans Forum de Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’Université de Bourgogne à Dijon :

Décès de Jean-Marie Le Pen, figure historique de l'extrême droite française: interview de Dominique Andolfatto
Décès de Jean-Marie Le Pen, figure historique de l'extrême droite française: interview de Dominique Andolfatto / Forum / 12 min. / hier à 18:00

vajo/boi avec afp

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