En Autriche, l'extrême droite chargée pour la première fois de former un gouvernement

Après l’échec des négociations avec les autres partis, le président autrichien a demandé lundi au chef de l’extrême droit Herbert Kickl de former un gouvernement
Après l’échec des négociations avec les autres partis, le président autrichien a demandé lundi au chef de l’extrême droite Herbert Kickl de former un gouvernement / 19h30 / 2 min. / lundi à 19:30
Le président autrichien a demandé lundi au chef de l'extrême droite Herbert Kickl de trouver une majorité pour gouverner, une première dans l'histoire du pays alpin, après l'échec des négociations des autres forces politiques.

Au vu de la nouvelle situation, j'ai chargé Herbert Kickl, dont le parti était arrivé premier des législatives fin septembre avec près de 29% des voix de mener des discussions avec les conservateurs, a déclaré président écologiste Alexander Van der Bellen.

Le président autrichien Alexander Van der Bellen accueille le président du  Parti autrichien de la liberté (FPÖ) Herbert Kickl lors de leur rencontre à Vienne, le 6 janvier 2025. [KEYSTONE - MAX SLOVENCIK]
Le président autrichien Alexander Van der Bellen accueille le président du Parti autrichien de la liberté (FPÖ) Herbert Kickl lors de leur rencontre à Vienne, le 6 janvier 2025. [KEYSTONE - MAX SLOVENCIK]

Le chef de l'Etat s'est exprimé après une rencontre d'un peu plus d'une heure avec le responsable d'extrême droite, ajoutant qu'il n'avait "pas été facile de prendre" une telle décision.

Si le Parti autrichien de la liberté (FPÖ) a déjà participé au pouvoir en tant que partenaire minoritaire, il n'a jamais occupé la chancellerie dans cet Etat membre de l'Union européenne de neuf millions d'habitants.

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Antoine Silacci, chef de la rubrique international de la RTS, revient sur l’impact de la décision du président autrichien de laisser le FPÖ former un gouvernement
Antoine Silacci, chef de la rubrique internationale de la RTS, revient sur l’impact de la décision du président autrichien de laisser le FPÖ former un gouvernement / 19h30 / 1 min. / lundi à 19:30

"Momie sénile"

Avant le scrutin, Alexander Van der Bellen n'avait pas caché ses réticences envers Herbert Kickl, qui l'a par le passé traité de "momie sénile". Et le chef d'Etat octogénaire avait préféré en octobre choisir le chancelier conservateur sortant Karl Nehammer pour mener les négociations, contrairement à l'usage qui réserve normalement ce droit au parti vainqueur.

Mais l'échec des négociations menées avec les sociaux-démocrates et les libéraux, suivi de la démission annoncée de Karl Nehammer, farouche opposant à Herbert Kickl, ont changé la donne, dans un spectaculaire rebondissement sur fond de montée des forces nationalistes en Europe.

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Vers des élections anticipées en Autriche, après l'annonce de la démission du chancelier Karl Nehammer
Vers des élections anticipées en Autriche, après l'annonce de la démission du chancelier Karl Nehammer / 19h30 / 19 sec. / dimanche à 19:30

>> Relire : Le chancelier autrichien Karl Nehammer annonce sa prochaine démission

Le nouveau chef par intérim des conservateurs Christian Stocker s'est dit ouvert à des pourparlers avec l'extrême droite, les deux partis partageant des positions proches sur l'économie et l'immigration.

>> Relire aussi  : En Autriche, les conservateurs prêts à négocier avec l'extrême droite pour former un gouvernement

Alliance en 2000 et 2017

Les conservateurs autrichiens se sont déjà alliés deux fois au FPÖ, en 2000 et en 2017, dans un pays qui a brisé le tabou de l'extrême droite bien avant le reste de l'Europe. L'extrême droite participe par ailleurs actuellement à quatre des neufs gouvernements régionaux.

"Les voix au sein de l'ÖVP qui excluaient de travailler avec (...) Herbert Kickl se sont fait beaucoup plus discrètes", a commenté dimanche le président.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi devant le palais de la Hofburg, siège de la présidence, criant "Nazis dehors. [KEYSTONE - MAX SLOVENCIK]
Des centaines de manifestants se sont rassemblés lundi devant le palais de la Hofburg, siège de la présidence, criant "Nazis dehors. [KEYSTONE - MAX SLOVENCIK]

Confier au FPÖ le soin de mener des négociations est lourd de symbole: c'est une première depuis 1945 pour cette formation fondée par d'anciens nazis et dirigée par un homme qui veut se faire appeler Volkskanzler, le "chancelier du peuple" - comme Adolf Hitler, natif d'Autriche - même s'il se défend de toute référence nazie.

Des centaines de manifestants se sont aussi rassemblés devant le palais de la Hofburg, siège de la présidence, criant "Nazis dehors".

afp/vajo

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