Ironie protocolaire, c'est Kamala Harris, sa rivale vaincue, qui a officié lundi en sa capacité de vice-présidente, quatre ans jour pour jour après l'assaut du Capitole par des centaines de partisans du républicain.
"Donald J. Trump, de l'Etat de Floride a reçu 312 voix" des grands électeurs qui constituent le cortège électoral américain, a proclamé la vice-présidente. Les élus républicains se sont levés pour applaudir. La démocrate s'est interrompue un court instant, puis elle a repris: "Kamala D. Harris, de l'Etat de Californie, a reçu 226 voix". Cette fois, les élus de son camp l'ont acclamée.
"La force de la démocratie américaine repose sur notre volonté de nous battre" pour elle, a-t-elle commenté par la suite devant des journalistes. "Sans cela, elle est très fragile et ne résistera pas aux moments de crise. Aujourd'hui, la démocratie américaine a tenu", a ajouté la vice-présidente sortante.
Il est "particulièrement admirable que la vice-présidente Harris préside la certification d'une élection présidentielle qu'elle a perdue", a commenté Mike Pence sur le réseau social X, saluant le "retour de l'ordre et du civisme". Il avait été fortement critiqué par le camp Trump lorsqu'il occupait ce même poste à l'issue du premier mandat du milliardaire [lire plus bas].
Quatre ans après l'assaut du Capitole
En début de journée, Donald Trump s'était félicité d'un "grand moment dans l'Histoire" sur sa plateforme Truth Social, postant quelques minutes plus tard une photo de la foule de ses partisans rassemblés à Washington le 6 janvier 2021.
La certification des résultats de l'élection par le Congrès représente traditionnellement une formalité avant l'investiture officielle du nouveau président, le 20 janvier. Face à Kamala Harris lundi dans l'hémicycle, son successeur républicain à la vice-présidence, J.D. Vance, était assis au premier rang.
En 2021, ce rôle de numéro deux de l'Etat américain avait été au coeur des contestations républicaines. Donald Trump, qui répétait alors à l'envi sans preuves que l'élection lui avait été "volée", avait exhorté son vice-président Mike Pence à refuser de certifier la victoire de Joe Biden.
Dans un discours devant la Maison Blanche le matin du 6 janvier, Donald Trump avait appelé ses partisans à "se battre comme des diables", avant que des milliers d'entre eux ne marchent vers le Capitole.
Le temple de la démocratie américaine avait connu un déferlement de violence: des assaillants frappant des policiers débordés avec des barres de fer, brisant des vitres avant de s'introduire dans le bâtiment, criant "Pendez Mike Pence".
Début décembre, Donald Trump a promis d'examiner dès le "premier jour" de son retour à la Maison Blanche des grâces potentielles envers ses partisans qui avaient pris d'assaut le Capitole, dont plus d'un millier ont été condamnés par la justice.
Un important dispositif policier
Cette fois-ci, la colline du Capitole a pris des airs de forteresse inexpugnable, avec un important dispositif policier et de hautes barrières dressées autour de l'enceinte, même si aucun débordement n'a eu lieu.
Malgré la tempête hivernale qui a frappé Washington dans la nuit et recouvert la capitale d'un manteau neigeux, le président républicain de la Chambre des représentants Mike Johnson avait garanti dimanche que la certification aurait lieu, "que nous soyons au milieu d'un blizzard au non".
lia avec afp
Donald Trump échoue à repousser le prononcé de sa peine dans l'affaire Stormy Daniels
Donald Trump, condamné au pénal à New York au printemps pour des paiements cachés à une vedette de la pornographie, n'a pas réussi lundi à repousser le prononcé de sa peine. Ce dernier est prévu vendredi, dix jours avant son investiture.
Dans une énième manoeuvre juridique, les avocats de celui qui sera le 20 janvier le 47e président des Etats-Unis d'Amérique exigeaient depuis dimanche soir, dans un recours en appel devant le parquet de Manhattan, une "suspension automatique" de la procédure pénale.
Celle-ci prévoit, en vertu d'une ordonnance du 3 janvier d'un juge d'un tribunal de l'Etat de New York pour la juridiction de Manhattan, que la peine contre Donald Trump soit prononcée lors d'une audience le 10 janvier à 09h30 (14h30 en Suisse).
C'est donc à cette date, déjà reportée maintes fois, que le milliardaire républicain connaîtra en principe sa sentence, même s'il n'ira a priori pas en prison.