Résumé de l’article
La politique d'intimidation de Donald Trump résonne à Pékin et Moscou
La rhétorique musclée de Donald Trump révèle une affirmation décomplexée de puissance, mais aussi une réalité, selon François Godement, conseiller spécial Asie à l'Institut Montaigne: "Donald Trump est un joueur de poker, un négociateur dans l'âme. Il anticipe son mandat avec des déclarations de force qui mettent au défi les partenaires de l'Amérique d'accepter. C'est une ouverture de partie très forte par quelqu'un qui est persuadé qu'au fond, l'Amérique est la plus forte."
Une telle approche d'intimidation rappelle celles de la Russie et de la Chine, et tranche avec la diplomatie traditionnelle – de quoi fragiliser davantage l'ordre international, estime encore François Godement dans l'émission Tout un monde.
Trump anticipe son mandat avec des déclarations de force qui mettent au défi les partenaires de l'Amérique d'accepter
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Pour Frédéric Charillon, professeur à l'Université Paris Cité, les propos exagérés et en partie absurdes du républicain font partie de la méthode Trump, sans pour autant manquer de fondement: "Ce n'est pas faux de dire que le Groenland est un territoire stratégique (...) et que les Européens n'ont pas mis suffisamment de moyens pour le défendre (...). Il y a un sujet. Mais la méthode, évidemment, n'est pas forcément la bonne pour arriver à ses fins."
Danger pour la démocratie
Cela fait plusieurs années que la Chine et la Russie ont recours à de telles méthodes d'intimidation, poursuit Frédéric Charillon. Mais ce dernier estime que les démocraties n'ont pas suffisamment réagi face à cette tendance grandissante.
On ne sent pas une volonté de défendre les démocraties, puisque Trump lui-même, sur le plan cette fois de la politique intérieure, n'a pas l'air de vouloir renforcer la démocratie américaine
Face à l'échec de la patience stratégique, Trump semble désormais vouloir imiter les ambitions des régimes autoritaires et leur discours – et c'est là que la démocratie en devient menacée: "Parallèlement à son discours, on ne sent pas une volonté de défendre les démocraties puisque lui-même, sur le plan cette fois de la politique intérieure, n'a pas l'air d'avoir tout à fait envie de renforcer la démocratie américaine", précise encore Frédéric Charillon.
ld avec ats
Un projet pas si inédit
Si elle peut paraître surprenante, l'idée de Donald Trump n'est pas neuve. Le milliardaire américain avait déjà envisagé d'acheter le Groenland, immense île qui compte environ 56'000 habitants, en 2019 lors de son premier mandat, évoquant une "grosse transaction immobilière". Il s'était déjà vu opposer une fin de non-recevoir tant de la part des autorités locales que du gouvernement danois.
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Et ce n'était d'ailleurs pas la première fois qu'un président des États-Unis souhaitait récupérer ce territoire. En 1946, à l'entame de la Guerre froide, Harry Truman avait cherché à mettre le grappin sur ses glaces polaires et ses ressources. Il avait alors proposé à Copenhague de racheter l'immense île pour 100 millions de dollars en lingots d'or.
En outre, ce ne serait pas la première transaction du genre entre les deux pays. En 1916, Washington avait en effet racheté à la couronne danoise les trois îles des "Indes occidentales danoises", connues depuis sous le nom des Iles vierges américaines.