Résumé de l’article
Pourquoi Donald Trump menace-t-il de reprendre le canal de Panama?
Le canal de Panama a été construit par les Etats-Unis au début du 20e siècle. En vertu d'un accord conclu en 1977, l'infrastructure a été rétrocédée au Panama en 1999.
Lors de son discours d'investiture lundi, le nouveau président américain Donald Trump a fustigé "un cadeau insensé". "L'objectif de notre accord et l'esprit de notre traité ont été totalement violés. Les navires américains sont gravement surtaxés [...] Et surtout, la Chine exploite le canal de Panama, et nous ne l'avons pas donné à la Chine", a affirmé le républicain.
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En réalité, les prix de passage sur cette voie maritime, aujourd'hui gérée par le gouvernement panaméen, sont les mêmes pour tous les navires en fonction de leur tonnage. Les Etats-Unis paient davantage que d'autres pays, car ils en sont les premiers utilisateurs.
Une présence chinoise croissante
Les accusations de Donald Trump à l'encontre de la Chine s'inscrivent toutefois dans un contexte de présence économique et stratégique croissante de Pékin dans la région.
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En 1997, une société hongkongaise, Hutchison Ports, avait remporté un appel d'offre pour la gestion des deux ports majeurs situés à chaque embouchure du canal. Bénéficiant d'un haut degré d'autonomie à cette époque, Hong Kong n'avait pas été considéré comme une menace par le comité de sécurité du Congrès américain.
Ce risque perçu a depuis évolué en raison de la reprise en main de l'ancienne colonie britannique par la Chine. A partir de 2018, Pékin a par ailleurs multiplié les investissements au Panama, devenu un important partenaire du projet des nouvelles routes de la soie. Plusieurs sociétés chinoises, dont des entreprises d'Etat, sont présentes le long du tracé du canal.
Le Panama tient tête
Les craintes américaines ne sont donc pas nouvelles. La Chine, qui a fait de la région du canal de Panama l'un des principaux points d'entrée en Amérique latine, est scrutée depuis de nombreuses années par les Etats-Unis.
Les autorités panaméennes rejettent quant à elles toute critique. Elles estiment que le contrôle de l'infrastructure leur incombe et qu'elles respectent scrupuleusement le traité de neutralité et de non-discrimination. Lundi, dans la foulée du discours d'investiture de Donald Trump, le président panaméen José Raul Mulino a assuré que cette voie maritime "appartient et continuera d'appartenir au Panama".
Le gouvernement panaméen a d'ailleurs exprimé mardi dans une lettre envoyée au secrétaire général de l'ONU António Guterres sa "préoccupation". "Nous sollicitons vos bons offices pour transmettre cette communication aux 15 membres du Conseil de sécurité des Nations unies", dont le Panama est membre depuis le 1er janvier, souligne la lettre.
Mais à Washington, beaucoup voient le renforcement des liens entre Pékin et Panama City d'un mauvais œil, craignant pour l'avenir de cette artère stratégique et commerciale considérée comme cruciale pour la sécurité nationale.
Michael Peuker/iar