De la Chine à l'Ukraine, le monde anticipe le retour de Donald Trump à la Maison Blanche
Donald Trump sera investi lundi 20 janvier à la présidence des Etats-Unis. A l'approche de son retour à la Maison Blanche, le monde entier se prépare aux répercussions de son retour.
Cette semaine, dans la série "En attendant Trump" diffusée dans La Matinale et le 12h30, les correspondants de la RTS analysent les impacts attendus dans divers pays comme la Chine, la Russie, l'Ukraine, l'Iran ou même la Suisse.
RTSinfo et la rédaction radio
SUISSE
Berne entre opportunités et impacts financiers
Le retour de Donald Trump pourrait rendre les exportations suisses moins compétitives en raison de son intention d'augmenter les droits de douane sur les importations à 10%. Bien que cette mesure vise principalement la Chine et l'UE, les secteurs des médicaments, des montres et des machines suisses pourraient également en souffrir.
Cependant, la Suisse, qui n'est pas membre de l'UE, pourrait tirer son épingle du jeu: le gouvernement Trump pourrait ainsi être favorable à un accord de libre-échange avec la Suisse.
UKRAINE
Une population aux espoirs mitigés
L'Ukraine sera l'un des premiers dossiers internationaux de la nouvelle administration américaine. Durant sa campagne, Donald Trump a promis de mettre fin rapidement à la guerre. Mais qu’en pensent les Ukrainiens, directement concernés?
Étonnamment, ils ne redoutent pas particulièrement le retour du milliardaire américain. Après trois ans de guerre, ils sont devenus plus résilients et pragmatiques que les Européens de l’Ouest. Cependant, les enjeux sont cruciaux avec Washington qui pourrait réduire son aide militaire et financière à Kiev, mais également pousser à un compromis avec la Russie.
Donald Trump n’est pas particulièrement apprécié en Ukraine, notamment en raison de ses liens ambigus avec Moscou. Mais pour certains responsables ukrainiens, son imprévisibilité est préférable à l’indécision de l’administration Biden, souvent critiquée pour son soutien militaire limité.
IRAN
Téhéran entre sanctions économiques et menaces nucléaires
Durant son premier mandat, Donald Trump a eu des relations très tendues avec l'Iran. En 2018, il a retiré les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et imposé des sanctions strictes, entraînant des conséquences économiques pour le pays.
Aujourd'hui, les Iraniens se souviennent principalement "du soutien inconditionnel à Israël, qui envisage des frappes militaires contre ses installations nucléaires. En montrant sa volonté de négocier, Téhéran espère que les Européens calmeront les ardeurs de Benjamin Netanyahu pour éviter une aventure militaire désastreuse pour l'Iran et pour toute la région", explique jeudi dans le 12h30 Marc Finaud, chercheur associé au Centre de politique de sécurité de Genève.
VENEZUELA
Caracas, l'ennemi de Washington
Donald Trump est l’un des architectes des sanctions les plus sévères contre le Venezuela, notamment en empêchant la vente de son pétrole sur les marchés mondiaux. Ces sanctions ont eu des effets désastreux sur l’économie vénézuélienne, provoquant particulièrement la chute du PIB et l’obsolescence de ses infrastructures.
Cependant, elles n'ont pas eu l'effet escompté: provoquer la chute de Maduro. Washington devra donc peut-être changer de méthode. D'ailleurs, la nomination au poste de secrétaire d'Etat de Marco Rubio, fils d'exilé cubain, anti-communiste et défenseur d’une politique de sanctions similaire à celles appliquées à Cuba, n’est pas un bon signe pour Caracas.
UNION EUROPEENNE
Bruxelles et les alliés de l’Otan serrent les dents
Fin 2024, Donald Trump menaçait d'annexer le Groenland. Selon lui, le contrôle de ce territoire autonome danois est "une nécessité absolue" pour "la sécurité nationale des Etats-Unis". Dans ses propos totalement décomplexés, il a directement menacé le Danemark de droits de douane punitifs et va même plus loin puisqu’il n’exclut pas l’usage de la force militaire.
Olaf Scholz, le chancelier allemand, déjà très remonté à cause d’Elon Musk qui s’immisce dans la politique allemande, a rétorqué que les frontières européennes étaient inviolables. Mais c’est un peu le seul dirigeant européen qui ait réagi de manière aussi forte, les autres ont plutôt laissé passer l’orage, à l'image du Danemark.
ISRAEL
Jérusalem se félicite du retour du républicain à la Maison Blanche
Voyant une "opportunité" dans la victoire de Donald Trump, à la mi-novembre 2024, Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, a ordonné de préparer l'annexion de la Cisjordanie occupée.
En 2020, lors de la précédente présidence de Donald Trump, le gouvernement israélien avait déjà préparé un plan pour annexer des parties de la Cisjordanie, mais ce projet avait dû être suspendu pour permettre la conclusion des accords d'Abraham, des accords de normalisation entre Israël et plusieurs pays arabes. Un scénario qui pourrait se répéter.
CANADA
Ottawa réaffirme son indépendance face aux menaces d'annexion
Face aux récentes déclarations chocs sur une possible annexion du Canada en tant que cinquante et unième Etat, Ottawa a répliqué fermement en affirmant que le Canada ne deviendra jamais un Etat américain.
Le pays observe donc avec nervosité les premiers pas de Donald Trump à la Maison Blanche, qui a menacé d'utiliser sa "force économique" pour faire pression sur son voisin du nord. Cependant, les Etats-Unis dépendent fortement des importations de pétrole et de gaz canadiens. Plusieurs experts et manufacturiers québécois voient dans ces menaces une stratégie pour obtenir un avantage dans les négociations commerciales.
MEXIQUE
Mexico craint l'expulsion massive de migrants
Le Mexique tente de faire face aux nombreuses provocations de Donald Trump, dont son obsession pour l'immigration en provenance du Mexique, qui a été un point fort de sa campagne. Il a promis l'expulsion massive de millions de migrants vers le Mexique, mais Mexico refuse de collaborer, surtout pour accueillir des non-Mexicains sur son territoire.
Le Mexique craint aussi les menaces d'ingérence militaire américaine pour lutter contre les cartels criminels.
RUSSIE
Moscou anticipe une rencontre entre Trump et Poutine
Selon l'administration américaine, un sommet entre Donald Trump et Vladimir Poutine est en préparation et il pourrait avoir lieu dans les semaines à venir. Le président russe s'est montré ouvert à ces contacts.
Cependant, cela ne change rien à la position de Moscou ni à la situation actuelle. D'ailleurs, le président américain élu n'a pas contesté les nouvelles sanctions imposées ces dernières semaines par l'administration de Joe Biden. Néanmoins, il a affirmé vouloir mettre fin au carnage en Ukraine, ce qui laisse entrevoir une possible évolution des positions américaines.
CHINE
Pékin préoccupé par la menace d'une taxe d'importation de 60%
Attaques verbales, guerres commerciales ou encore accusations concernant la responsabilité de la pandémie: la première présidence de Donald Trump avait tendu les relations avec Pékin. La Chine n’est donc pas très sereine quant à son retour à la Maison Blanche, mais elle reste calme.
La récente promesse du président élu d'imposer une taxe de 60% sur l'ensemble des importations chinoises n'est pas passée inaperçue. "Donald Trump augmentera significativement les taxes sur nos produits, c'est certain", explique lundi dans La Matinale Li Daokui, professeur d'économie à l'université Tsinghua de Pékin. Cependant, il ne croit pas aux 60%, jugeant ce taux trop élevé: "les consommateurs américains ne pourraient pas l'absorber", souligne-t-il.
En Chine, on spécule sur une menace tactique visant à faire monter les enchères avant de négocier. L'art du deal, en somme.