L'administration a rendu publique une lettre du chef des garde-côtes, l'amiral Thad Allen, invitant le Suédois Carl-Henri Svanberg et "tout responsable idoine de BP" à rencontrer de hauts responsables américains mercredi, lors d'une réunion sur la marée noire dans le Golfe du Mexique. Le président américain assistera à une partie de cette rencontre. Barack Obama n'a pas encore rencontré de dirigeant de la compagnie depuis l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon en avril.
Le directeur exécutif de BP Tony Hayward doit pour sa part témoigner jeudi prochain devant la sous-commission de l'énergie à la Chambre des représentants. Une rencontre entre lui et le président la semaine prochaine a été annoncée comme possible jeudi par le porte-parole de la Maison Blanche Robert Gibbs. Le président américain Barack Obama a déjà indiqué qu'il aimerait "botter des fesses" dans cette affaire, suggérant la démission du directeur général de BP.
BP envisage de suspendre le paiement des dividendes
Le groupe pétrolier britannique BP envisage de suspendre le paiement des dividendes à ses actionnaires face à la colère croissante des responsables américains, a indiqué son directeur général Tony Hayward au Wall Street Journal vendredi. La décision concernerait les dividendes pour le 2e trimestre de l'exercice, dont les résultats sont attendus le 27 juillet. "Nous étudions toutes les options concernant les dividendes. Mais aucune décision n'a été prise", a déclaré Tony Hayward au Journal.
Le président américain avait déjà relevé la semaine dernière les "10,5 milliards, je dis bien milliards de dollars de dividendes" envisagés par BP. "Cela ne me pose pas de problème que BP respecte ses obligations légales (envers ses actionnaires), mais je veux qu'ils sachent qu'ils ont des obligations morales et légales ici dans le golfe", avait-il prévenu. Jeudi, Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants, a sommé BP de "payer en priorité les petites entreprises" affectées par la catastrophe et non ses actionnaires.
Les sommes en jeu sont colossales: BP verse chaque année plus de 10 milliards de dollars aux porteurs de ses actions, qui comprennent de nombreux petits épargnants et autres retraités britanniques. En réponse aux assauts anti-BP, certains élus britanniques ont déploré jeudi la montée d'une "rhétorique anti-britannique" aux Etats-Unis, et le Premier ministre David Cameron est lui-même monté au créneau, indiquant qu'il évoquerait la marée noire lors de son prochain coup de téléphone à Barack Obama, prévu ce week-end.
De son côté, Barack Obama a reçu jeudi les familles des 11 victimes de l'explosion de la plate-forme. Selon un communiqué de la Maison Blanche, le président leur "a présenté ses condoléances". Barack Obama retournera dans la région pour la quatrième fois la semaine prochaine.
La marée noire de BP est la pire de l'histoire des Etats-Unis. Elle a été provoquée par l'explosion en avril de la plateforme Deepwater Horizon.
agences/bri
Jusqu'à 40'000 barils qui fuiraient par jour
Jusqu'à maintenant, les autorités américaines estimaient que le brut qui s'écoule dans la mer chaque jour représentait entre 12'000 à 19'000 barils de brut par jour. Or jeudi, elles ont avancé le chiffre de 40'000 barils, soit environ 6,4 millions de litres.
"L'estimation basse des scientifiques (...) tourne autour de 20'000 barils, tandis que la haute est un peu supérieure à 40'000", a indiqué Marcia NcNutt, directrice de l'Institut de géophysique américain (USGS) et présidente du groupe d'experts mandatés par l'administration américaine pour évaluer l'écoulement de pétrole.
Cette mesure a été faite avant la pose le 3 juin d'un entonnoir destiné à contenir la fuite du puits à l'origine de la marée noire. Les autorités espèrent récupérer sous peu jusqu'à 28'000 barils de pétrole par jour, soit 4,45 millions de litres, contre 15'000 barils actuellement.
BP poursuit sa chute à la Bourse
BP a poursuivi jeudi sa descente aux enfers boursière, portant à un certain moment à 50% la chute de sa valeur depuis le début de la marée noire, plombé par des pressions croissantes aux Etats-Unis pour qu'il suspende le paiement de dividendes à ses actionnaires.
L'action du groupe a dégringolé jusqu'à 15,7% jeudi en début d'échanges à la Bourse de Londres, à 330 pence, avant de réduire ses pertes en fin de compte à 6,65% sur la journée, terminant à 365,5 pence.
A Wall Street en revanche, ce même titre a fini la séance en hausse de 12,26% à 32,78 dollars, après avoir dévissé de près de 16% la veille.