"Je suis convaincu que les travaux de cette commission prouveront que l'attitude et les objectifs d'Israël et de ses forces de défense ont été totalement conformes aux règles internationales", a dit le Premier ministre Benjamin Netanyahu aux journalistes au début de la réunion devant instituer la commission.
L'Etat juif, qui a rejeté une proposition de l'ONU de créer une commission internationale, a toutefois accepté d'associer deux observateurs étrangers à sa propre enquête, dont elle a annoncé dimanche soir la création.
Simples observateurs
La commission d'enquête sera dirigée par un juge en retraite de la Cour Suprême israélienne, Yaakov Tirkel, âgé de 75 ans. Les deux observateurs étrangers sont l'ancien prix Nobel de la paix nord-irlandais David Trimble, ancien politicien protestant, et un ex-avocat général de l'armée canadienne, Ken Watkin. Ces deux derniers pourront participer aux audiences et aux délibérations mais n'auront pas de droit de vote au sein de la commission.
Cette commission aura pour mission d'"enquêter sur les aspects relatifs à l'action entreprise par l'Etat d'Israël pour empêcher des navires d'atteindre la côte de Gaza", selon un communiqué du bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Israël a accusé les passagers de la "Flottille de la liberté" d'avoir "déclenché les violences", et pour certains d'être liés à des "organisations terroristes". Attendue depuis des jours, la décision, annoncée tard dimanche soir, survient après des négociations apparemment ardues avec l'administration Obama. Les Etats-Unis avaient estimé qu'une "présence internationale" au sein de la commission "conforterait la crédibilité" de l'enquête.
Crédibilité mise en doute
Mais, alors que le gouvernement Netanyahu attend avant tout d'une telle commission une justification légale et à posteriori du raid controversé, les médias et des juristes israéliens l'ont critiquée avant même sa naissance, la jugeant "peu crédible". Un ancien ministre de la Justice et juriste reconnu, Amnon Rubinstein, a ainsi affirmé que "de même qu'il existe du café sans caféine, il existe des commissions d'enquête sans enquête".
Le Yediot Aharonot, le quotidien le plus vendu du pays, titrait dès la semaine dernière sur une "commission light". "Ce ne sera pas une commission d'enquête, cela se résumera au mieux à un séminaire docte sur des questions de droit international", estimait son éditorialiste.
Pour sa part, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abas a regretté, lundi à Paris, que le format de la commission approuvée par Israël pour enquêter sur le raid israélien contre la flottille pour Gaza ne "corresponde pas" à celui proposé par le Conseil de sécurité de l'ONU.
Par ailleurs, un navire iranien transportant de l'aide humanitaire a appareillé dimanche pour la bande de Gaza, a rapporté lundi la radio d'Etat iranienne. Un autre bateau prendra la mer d'ici vendredi, chargé de vivres de matériaux de construction et de jouets. "Jusqu'à la levée du blocus de Gaza, l'Iran continuera à envoyer de l'aide par mer" à la petite enclave palestinienne, a affirmé un responsable d'une association iranienne de soutien au peuple palestinien. Trois parlementaires iraniens veulent se rendre dans la Bande de Gaza.
afp/cab
Une opération très critiquée
Le 31 mai à l'aube, la marine israélienne avait intercepté dans les eaux internationales une flottille chargée d'aide qui tentait de "briser" le blocus de la bande de Gaza imposé par Israël depuis 4 ans.
De violents affrontements avaient opposé les commandos d'élite israéliens aux militants pro-palestiniens sur le navire amiral de la flottille, le ferry turc Mavi Marmara, faisant 9 morts, de nationalité turque, et des dizaines de blessés.
L'opération "Brise marine" a déclenché une profonde crise diplomatique entre Israël et la Turquie, et suscité l'indignation et les condamnations de la communauté internationale.
Elle a surtout accentué la pression sur l'Etat hébreu pour qu'il allège son embargo contre la bande de Gaza où la situation est, selon la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, "inacceptable".
Un policier israélien tué
Un policier israélien touché par balles lundi lors d'une attaque palestinienne près de Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, a succombé à ses blessures, a annoncé la police. Deux de ses collègues ont été blessés.
Selon une porte-parole de l'armée israélienne, les trois policiers sont tombés dans une embuscade près de la colonie juive de Beit Hagaï et du camp de réfugiés palestiniens d'Al-Fawar, dans la région de Hébron (sud de la Cisjordanie occupée).