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BP accepte de mettre 20 milliards de dollars de côté

En quête de popularité, le locataire de la Maison Blanche s'est montré intraitable avec BP
En quête de popularité, le locataire de la Maison Blanche s'est montré intraitable avec BP
Barack Obama a obtenu mercredi des dirigeants de BP, convoqués à la Maison Blanche, qu'ils constituent un fonds de 20 milliards de dollars en vue de l'indemnisation des victimes de la marée noire du golfe du Mexique.

"Je suis heureux d'annoncer que BP est d'accord pour mettre 20 milliards de dollars de côté afin de satisfaire les demandes de dédommagements à la suite de cette pollution", a déclaré Barack Obama à l'issue d'une visite de plus de quatre heures des responsables de la société pétrolière britannique au siège de la présidence.

"Ces 20 milliards de dollars vont assurer que les demandes d'indemnisations des habitants et des entreprises seront honorées. Et ce n'est pas un plafond. Les gens du golfe (du Mexique) ont ma parole, BP répondra à ses obligations à leur égard", a affirmé le président, qualifiant la réunion de "constructive".

BP a en outre accepté de mettre en place un fonds de 100 millions de dollars en faveur des ouvriers du secteur du pétrole licenciés à la suite de la marée noire, a indiqué le président.

BP va devoir se serrer la ceinture

Juste après les déclarations de Barack Obama, Carl-Henric Svanberg, président de BP, a confirmé face aux journalistes à l'extérieur de la Maison Blanche que son groupe avait accepté le principe de ces 20 milliards de dollars, et révélé que BP ne paierait pas davantage de dividendes à ses actionnaires cette année.

Les 20 milliards seront supervisés par l'influent avocat Kenneth Feinberg, qui avait été chargé des indemnisations des victimes du 11-Septembre, selon la source proche du dossier. Le compte sera géré de manière indépendante sur plusieurs années afin de répondre aux demandes d'indemnisations d'individus et d'entreprises touchés par la catastrophe.

Mardi soir, dans un discours solennel retransmis en direct à la télévision, Barack Obama s'en était pris à "l'inconscience" de BP, accusé aux Etats-Unis d'avoir pris des risques avec la plateforme Deepwater Horizon, qui a explosé le 20 avril à 80 km des côtes.

BP a indiqué lundi avoir déjà dépensé 1,6 milliard de dollars pour répondre à la catastrophe, mais des experts estiment qu'elle pourrait au final lui coûter entre 30 et 100 milliards.

La nappe continue de s'étendre

Mardi, les autorités ont une nouvelle fois révisé à la hausse l'étendue de la pollution, estimant que jusqu'à 60'000 barils de brut se déversaient quotidiennement dans l'océan, soit 50% de plus que la précédente estimation "haute". BP espère pouvoir en pomper bientôt 90% à la source.

Mais entre 300 et 500 millions de litres d'hydrocarbures auraient déjà fui du puits situé par plus de 1500 mètres de fond.

Voulant dépasser au plan politique une crise qui pèse sur sa présidence à cinq mois d'élections législatives cruciales, Barack Obama en a appelé mardi à l'esprit d'innovation des Américains pour faire basculer le pays dans les énergies "propres".

Mais débloquer ce dossier au Sénat risque d'être ardu, à en juger par les réactions mitigées des républicains qui ont exhorté Barack Obama à ne pas "exploiter cette crise pour imposer une taxe sur l'énergie aux familles qui peinent à joindre les deux bouts".

afp/jeh

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David Cameron défend BP

BP "a besoin de certitudes" sur les risques financiers liés à la marée noire, a déclaré outre-Atlantique le Premier ministre britannique David Cameron, tandis que la direction du groupe pétrolier est reçue à la Maison Blanche.

"Même s'il est important que (la compagnie) paye les demandes de dommages raisonnables - ce que BP accepte - ils ont besoin d'un certain niveau de certitudes", a indiqué le Premier ministre sur la radio BBC.

Le groupe n'a fait aucun commentaire sur les mesures qu'il pourrait prendre pour indemniser les victimes de la marée noire, alors que Barack Obama lui a ordonné mardi de créer un fonds d'indemnisation, dans un discours solennel.