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Séance houleuse pour le patron de BP au Congrès

Tony Hayward, le PDG de BP
Tony Hayward, le PDG de BP
Le directeur général de BP Tony Hayward a affronté à son tour jeudi la colère du Congrès américain, lors de son audition par une commission de parlementaires. Cette dernière a accusé le géant pétrolier d'avoir pris des risques excessifs, déclenchant ainsi la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis.

"Sous votre direction, BP a pris les risques les plus exagérés", a dit le démocrate Henry Waxman au début de l'audition. "BP a pris des raccourcis pour économiser un million de dollars par-ci et quelques heures ou jours par-là. Et maintenant l'ensemble du golfe (du Mexique) en paie le prix."

Motivations multiples

Ces déclarations ont donné le ton d'une séance difficile pour Tony Hayward, dont les bévues, le peu de sensibilité et la volonté de minimiser l'ampleur de la catastrophe ont heurté l'opinion. A cela s'ajoute le fait que la perspective des élections de mi-mandat de novembre prochain aiguise les prises de position des parlementaires.

Les membres de la commission parlementaire ont reproché au groupe pétrolier basé à Londres d'avoir ignoré les mises en garde des entreprises partenaires et de ses propres employés, et choisi l'option de forage la plus rapide et la moins onéreuse, qui augmentait pourtant le risque de rupture du puits.

Accusé de précipitation

"Nous avons appris que les responsables de BP avaient reçu à plusieurs reprises des signaux faisant comprendre qu'il s'agissait selon les termes d'un employé - d'un puits de cauchemar", a relevé le démocrate Bart Stupak.

En réaction, le patron de BP s'est engagé à prendre des mesures contre tout employé du groupe pétrolier qui aurait privilégié les profits au détriment de la sécurité avant la marée noire du golfe du Mexique.

Interrogé pour savoir si BP se conformait aux meilleures normes de sécurité du secteur, le patron du groupe britannique a répliqué: "je n'ai aucune raison de penser que ce n'est pas le cas".

Tony Hayward interpellé crûment

La déclaration préliminaire de Tony Hayward, durant laquelle il s'est dit "profondément désolé", a été interrompue par une femme dont les mains étaient peintes en noir et qui a crié à tue-tête: "Vous devriez être poursuivi pour crime, Tony." Après une lutte avec la police, elle a été évacuée de la salle.

Pour certains, les excuses de BP sont loin d'être suffisantes [AFP - WIN MCNAMEE]
Pour certains, les excuses de BP sont loin d'être suffisantes [AFP - WIN MCNAMEE]

Le directeur général de la compagnie pétrolière a déclaré que BP faisait tout son possible pour contenir la marée noire consécutive à l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, qui a fait onze morts le 20 avril. "L'explosion et l'incendie de Deepwater Horizon, ainsi que la marée noire qui s'en est suivie, n'auraient jamais dû se produire et je suis profondément désolé que cela ait été le cas", a regretté Tony Hayward.

agences/jeh

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Un secteur entier à surveiller

Dans une déposition écrite soumise au comité, le patron de BP estime qu'il est trop tôt pour expliquer les causes de cet "accident complexe" dans lequel "un certain nombre de compagnies, dont BP, sont impliquées", suggérant que c'est le secteur pétrolier dans son ensemble qui doit s'améliorer.


Bob Abbey, qui dirige le service fédéral de gestion des minerais, a par ailleurs indiqué lors de son audition par une autre commission du Congrès que les compagnies pétrolières devraient "sans aucun doute" passer en revue et amender leurs plans d'action pour faire face aux marées noies au regard de ce qui s'est passé dans le golfe du Mexique.

La fuite pourrait durer 2 à 4 ans

Le directeur général de BP Tony Hayward a estimé, devant une sous-commission de la Chambre des représentants, que le réservoir qui fuit dans le golfe du Mexique depuis l'explosion d'une plate-forme en avril contenait encore environ 7,5 milliards de litres de pétrole.

Selon des estimations du gouvernement, entre 278 millions et 476 millions de litres de pétrole se sont échappés du réservoir.

Cela signifie que le puits contient encore 94 à 97% de son pétrole. Si son flot n'est pas stoppé, la fuite pourrait durer de deux à près de quatre ans.
Par ailleurs, les efforts se poursuivent en mer. Un deuxième système de confinement qui permettrait de porter la capacité de captage à 28'000 barils par jour a été mis en place mercredi.

Selon l'amiral des garde-côtes Thad Allen, chargé de superviser les opérations de lutte contre la marée noire pour le gouvernement, la quantité de pétrole récupérée devrait s'élever à 28'000 barils par jour "en début de semaine prochaine" grâce à ce nouveau système, contre 18'600 barils pour la journée de mercredi.

Selon une nouvelle estimation, le volume total de fuite est de l'ordre de 35'000 à 60'000 barils par jour (soir 5,56 à 9,52 millions de litres).