"Les preuves qui s'accumulent démontrent clairement que cette tragédie pouvait être évitée et qu'elle est le résultat direct des décisions et agissements imprudents de BP", a déclaré le PDG d'Anadarko Jim Hackett dans un communiqué.
Il s'est dit "choqué" par les informations montrant que BP "a opéré de façon non sûre et n'a pas écouté ni réagi à plusieurs signaux d'alarmes cruciaux" pendant les forages.
Non respect des règles
"La conduite et les actions de BP représentent vraisemblablement une négligence grossière ou une mauvaise gestion délibérée et de ce fait affectent les obligations des parties selon le contrat d'exploitation", a déclaré Jim Hackett. "BP, en tant qu'opérateur, avait des obligations envers ses copropriétaires, y compris Anadarko, pour forer le puits d'une façon correcte (...) et respecter toutes les lois et règlements".
Il a ensuite déclaré à Reuters qu'il envisageait un recours dans le cadre du contrat conclu. Selon lui, le contrat d'Anadarko avec BP tient la société britannique responsable envers les copropriétaires du puits pour tout dommage résultant d'une "négligence grossière ou d'une mauvaise gestion délibérée". BP est l'opérateur du puits. Il en détient 65%. Anadarko 25%.
BP réfute et attaque
Dans un communiqué, BP exprime son désaccord avec les affirmations de "négligence grossière". Après son communiqué, Anadarko gagnait 2,2% dans les transactions hors marché après la clôture de Wall Street.
En outre, pour BP, "Anadarko refuse d'accepter (sa) responsabilité pour le coût du nettoyage de la fuite de pétrole et les dédommagements", en dépit d'un accord stipulant que "les parties prenantes partageraient les coûts des opérations, y compris les coûts du nettoyage de toute fuite" du puits. "D'autres parties, à part BP, pourraient être responsables pour les coûts (...) liés à la fuite de pétrole, et nous nous attendons à ce qu'elles honorent leurs obligations", a déclaré le directeur général de BP Tony Hayward, cité dans le communiqué.
Tony Hayward va arrêter de gérer la crise
Près de deux mois après le début de la catastrophe, le contrôle des opérations devrait changer de main: le président de BP Carl-Henric Svanberg a déclaré vendredi que le directeur général du groupe, Tony Hayward, personnage central et controversé de la crise, allait abandonner la gestion quotidienne de la marée noire à un autre responsable du groupe pétrolier, Robert Dudley.
Cependant, un porte-parole de BP aux Etats-Unis a tempéré cette annonce en expliquant: "M. Dudley et son équipe prendront le relais une fois que la crise immédiate sera passée".
Malgré les mauvaises nouvelles, le président de BP a rappelé vendredi que le groupe disposait d'une puissance financière colossale. "BP est une entreprise très solide" et "nous y survivrons", a assuré Carl-Henric Svanberg. Une disparition du groupe à cause de cette catastrophe, "ne peut pas se produire", a-t-il ajouté.
ats/bri
Récupération du pétrole interrompue
Le bateau siphonnant la majorité du pétrole dans le golfe du Mexique a pu reprendre ses activités samedi après une interruption d'une dizaine d'heures causée par un problème technique et des orages dans la région, a indiqué le groupe britannique BP.
Le problème technique - un blocage au niveau d'un conduit d'aération anti-feu - était survenu sur le Discoverer Enterprise, un navire qui a la capacité de récupérer entre 15'000 et 18'000 barils de brut par jour grâce à l'entonnoir posé sur le puits, et qui avait dû cesser ses activités vendredi soir.
Au total, BP récupère en moyenne 25'000 barils (4 millions de litres) de brut par jour, selon les garde-côtes américains, alors que le puits situé à 1500 mètres de profondeur et à 80 km des côtes américaines crache chaque jour entre 35'000 et 60'000 barils (jusqu'à 9,5 millions de litres) de pétrole.
BP et Anadarko moins bien notés
En raison de la marée noire dans le golfe du Mexique, l'agence de notation financière Moody's a dégradé vendredi de trois crans la note de la dette à long terme de BP, l'abaissant de "Aa2" à "A2" et imitant ainsi les agences rivales Fitch et Standard & Poor's.
L'agence d'évaluation financières a aussi dégradé d'un cran vendredi soir la note d'Anadarko, de Baa3 à Ba1, faisant passer le groupe pétrolier dans la catégorie des valeurs spéculatives, avec une nouvelle dégradation envisagée.
"La mesure prise par Moody reflète l'incertitude considérable liée à la part potentielle de 25% d'Anadarko dans les coûts de nettoyage et les responsabilités financières et amendes" liées à la marée noire, a fait valoir l'agence.