"J'ai décidé de faire procéder à la régularisation de l'ensemble des avoirs familiaux qui seraient encore aujourd'hui à l'étranger, en collaboration avec l'administration fiscale", indique dans un communiqué la femme la plus riche de France, dont la fortune est estimée à plus de dix milliards d'euros (près de 14 milliards de francs suisses).
"Il s'agit notamment du compte ancien que nous possédions en Suisse et (que) j'ai transféré sur un contrat d'assurance-vie au bénéfice de l'un de mes petits-fils", ajoute-t-elle.
Une affaire à tiroirs
Cette décision fait suite à la découverte d'enregistrements clandestins de conversations entre Liliane Bettencourt et ses conseillers qui suggèrent qu'elle menait des opérations financières pour échapper au fisc.
C'est une affaire dans l'affaire qui oppose Liliane Bettencourt à sa fille Françoise qui accuse un photographe mondain d'avoir abusé financièrement de sa mère de 87 ans.
Pas un mais deux comptes cachés en Suisse
Selon ces enregistrements réalisés par le maître d'hôtel de Liliane Bettencourt et divulgués par le site Mediapart, la milliardaire disposerait de deux comptes bancaires non déclarés en Suisse pour un montant de près de 80 millions d'euros, ainsi que d'un îlot aux Seychelles.
"Je suis l'une des premières contributrices privées à l'impôt sur le revenu. Sur les dix dernières années, mes collaborateurs ont établi, à ma demande, que j'avais versé 400 millions d'euros aux services de l'administration fiscale", s'est défendue lundi Liliane Bettencourt.
Le gouvernement Sarkozy en délicatesse
La divulgation de ces écoutes a aussi entraîné un début de scandale politique dans la mesure où une partie de la fortune de Liliane Bettencourt est gérée par l'épouse de l'ex-ministre du Budget Eric Woerth (aujourd'hui ministre du Travail) et qui se retrouve accusé d'être au centre d'un conflit d'intérêt (voir encadré).
Ces enregistrements révèlent aussi que la milliardaire a été sollicitée en mars pour signer des chèques au président Nicolas Sarkozy, à Eric Woerth et à la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse.
afp/jeh
L'affaire vire au scandale d'Etat
Deux responsables de gauche, le député socialiste Arnaud Montebourg et l'eurodéputée écologiste Eva Joly, ont exigé sa démission.
Eric Woerth a annoncé lundi que son épouse démissionnerait "dans les prochains jours" de la société où elle gère depuis 2007 une partie de la fortune Bettencourt.
Mais il a démenti tout conflit d'intérêt. "Son job est clair, et mon absence d'intervention est claire aussi. Déontologiquement je suis très à l'aise", a ajouté l'ex-ministre du Budget (mai 2007-mars 2010).
Le ministre a démenti avoir eu connaissance d'une quelconque fraude fiscale et de la possession par Liliane Bettencourt de comptes bancaires illégaux, ce que laissent suggérer les enregistrements pirates.
"Je n'ai aucune connaissance des dossiers sur la fiscalité de Bettencourt", a assuré le ministre.
Du beau linge lavé en public
La révélation de ces enregistrements avait déjà constitué un rebondissement juste avant le procès (du 1er au 6 juillet) du photographe François-Marie Banier, accusé par la fille de Liliane Bettencourt d'avoir profité de la faiblesse de sa mère, pour obtenir près d'un milliard d'euros de dons.
Selon l'avocat de Françoise Bettencourt-Meyers, Me Olivier Metzner, les enregistrements ont été transmis par l'ancien maître d'hôtel à sa cliente qui les a remis à la police.
L'avocat de Liliane Bettencourt, Me Georges Kiejman, a indiqué que sa cliente tenait sa fille et son avocat pour les instigateurs de cet "espionnage".
Une enquête préliminaire "pour atteinte à la vie privée" a été ouverte.