Le juge Martin Feldman, siégeant, a donné raison à 32 sociétés pétrolières qui avaient déposé un recours contre le moratoire de six mois imposé par l'administration. Selon elles, le moratoire a entraîné la fermeture de 33 plates-formes de forage en eau profonde et va provoquer des licenciements.
Décision par anticipation
"Le tribunal a conclu que les plaignants réussiraient sans doute à démontrer que la décision (gouvernementale) était arbitraire et sans fondement", a-t-il affirmé. La Maison blanche a annoncé qu'elle allait sans attendre faire appel de cette décision, prononcée après le recours d'une douzaine de compagnies pétrolières hostiles au moratoire.
"Le président est convaincu que continuer de forer à de telles profondeurs sans savoir ce qui s'est passé (dans le golfe du Mexique) est insensé et met en danger les personnes exposées ainsi que l'environnement du golfe(...)", a déclaré le porte-parole de la Maison blanche Robert Gibbs.
Les nouvelles normes restent en vigueur
Il s'agit d'un coup dur pour la Maison blanche qui espérait que cette interdiction laisserait le temps de vérifier que les autres puits offshore ne présentent pas de danger.
Malgré le rejet du moratoire, que Barack Obama a annoncé le 27 mai, un peu plus d'un mois après l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, à l'origine de la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis, les pouvoirs publics demanderont aux compagnies de se conformer aux nouvelles normes de sécurité communiquées il y a deux semaines, a fait savoir le ministère de l'Intérieur.
Ces normes, qui s'appliquent également aux forages en eaux peu profondes, imposent aux compagnies de certifier qu'elles utilisent des blocs obturateurs de puits, d'effectuer deux tests du cimentage et de suivre de nouvelles procédures de coffrage, a précisé un porte-parole.
Une opinion publique acquise aux énergies fossiles
Bien que le pétrole continue à se répandre dans le golfe du Mexique, 56% des Américains continuent à juger l'exploitation en mer nécessaire à l'indépendance énergétique des Etats-Unis, alors que 38% sont d'un avis contraire, selon un sondage Reuters-Ipsos.
Selon les compagnies qui ont saisi la justice le moratoire, qui a entraîné la fermeture de 33 plates-formes de forage en eau profonde, va provoquer des licenciements. A la conférence de Londres, Chevron CVX.N a mis en garde contre une réglementation qui risque d'affecter l'ensemble du secteur pétrolier.
Des dégâts bien réels
L'administration Obama fait valoir que le moratoire est nécessaire pour prévenir de nouveaux accidents. La marée noire a souillé les côtes de quatre Etats américains, affectant la pêche et le tourisme et compromettant le délicat équilibre écologique de réserves naturelles.
Elle a aussi porté un coup à l'image de BP dont le cours de l'action a atteint mardi à Londres son plus bas niveau depuis février 1997. La firme a perdu près de la moitié de sa capitalisation boursière depuis le début de la catastrophe.
agences/jeh
Passage de témoin houleux chez BP
Du côté de BP BP.L, Tony Hayward, directeur général du groupe, a abandonné mardi la gestion quotidienne des opérations anti-marée noire.
Il a en outre renoncé à participer à Londres à une conférence où des écologistes ont conspué son remplaçant à la tribune.
Le discours du secrétaire général de BP, Steve Westwell, qui remplaçait Tony Hayward à la tribune du Congrès mondial des compagnies pétrolières, a été interrompu à deux reprises.
"Il faut mettre fin à l'ère du pétrole", a crié une jeune militante de Greenpeace avant d'être emmenée par un agent de sécurité.
Des manifestants ont brandi une banderole avec le logo de BP éclaboussé de peinture noire.
La gestion de la crise par Tony Hayward a été sévèrement critiquée et Carl-Henric Svanberg, président de BP, avait laissé entendre dès vendredi que le directeur général pourrait céder la gestion quotidienne des opérations anti-marée noire.
Steve Westwell a confirmé mardi que Tony Hayward devait maintenant se concentrer "sur d'autres activités" et qu'une unité dirigée par Bob Dudley reprendrait progressivement la responsabilité des opérations dans le golfe du Mexique.
Etroitement impliqué dès le départ dans la lutte contre la marée noire, Bob Dudley est considéré comme un successeur potentiel d'Hayward au cas où la crise lui coûterait son poste.