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La réforme des retraites mobilise les Français

De Paris à Marseille (ci-dessus), la France crie sa colère.
De Paris à Marseille (ci-dessus), la France crie sa colère.
Les Français se sont massivement mobilisés jeudi contre le projet gouvernemental de réforme des retraites, au moment où son principal artisan, le ministre du Travail Eric Woerth, est considérablement affaibli par des accusations de conflit d'intérêt.

Les syndicats et partis de gauche jugent "injuste" cette réforme du système de pension qui repousse l'âge minimal de la retraite de 60 à 62 ans d'ici à 2018, revenant sur un acquis social emblématique des années Mitterrand et suscitant une forte opposition.

La grève était suivie dans les services publics - en particulier l'enseignement - et les transports. La circulation des trains était très perturbée, avec notamment un train à grande vitesse (TGV) sur deux au départ ou à l'arrivée de Paris et à l'international.

La France entière mobilisée

Quelque 200 manifestations ont eu lieu dans le pays, la principale à Paris dans l'après-midi. Les principaux responsables syndicaux ont déjà salué une forte mobilisation des manifestants. "Il fallait une réaction à la hauteur de la remise en cause des droits à la retraite" et "le moins qu'on puisse dire, c'est que le répondant est au niveau nécessaire", a ainsi déclaré le patron de la CGT (premier syndicat français), Bernard Thibault.

"Dès lors que 23 grévistes (les joueurs de l'équipe de France de football, ndlr) parviennent à modifier l'agenda du président de la République, assez naturellement, on pourrait penser que les responsables syndicaux puissent être reçus", a-t-il persiflé, en référence au rendez-vous improvisé jeudi après-midi entre Nicolas Sarkozy et l'attaquant vedette Thierry Henry.

Selon Bernard Thibault, "on sera autour des deux millions" partout en France. Même son de cloche chez le numéro un de la CFDT (second syndicat), François Chérèque, pour qui "les deux millions" de manifestants sont "certainement atteints" en France.

A Paris, de 47’000 personnes, selon la police, à 130'000, selon la CGT, ont manifesté sous un soleil estival, alors que, clin d'oeil à la Coupe du monde de football, des vuvuzelas blancs ou orange faisaient concurrence aux sifflets.

Quatrième journée d'action

C'est la quatrième journée de mobilisation en France depuis début 2010 sur l'emploi et les retraites. La précédente, le 27 mai, avait réuni un million de personnes dans toute la France selon les syndicats, 395’000 selon la police.

Le gouvernement considère que le report de l'âge légal de départ à la retraite est la meilleure option pour assurer des besoins de financement estimés à 70 milliards d'euros d'ici 2030. L'âge légal est celui à partir duquel un salarié peut prétendre à une pension à taux plein dans le système français "par répartition" où les actifs paient les pensions des retraités.

Nicolas Sarkozy s'est dit prêt à des "évolutions" sur cette réforme clé de la deuxième partie de son mandat présidentiel, avant un débat au Parlement en septembre.

agences/bkel

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Des révélations qui dérangent

Face au gonflement de la dette publique, le gouvernement vient d'annoncer des mesures de rigueur, à un moment où se multiplient les révélations sur le train de vie ou le comportement des ministres, en particulier celui du Travail Eric Woerth.

Alors qu'il procède à cette réforme qui va obliger les Français à travailler plus longtemps, à l'instar de leurs voisins européens, l'ancien ministre du Budget est accusé d'être au centre d'un "conflit d'intérêt" dans le cadre d'une affaire opposant l'héritière du géant des cosmétiques L'Oréal Liliane Bettencourt à sa fille.

Le nom du ministre apparaît dans des écoutes pirates laissant entendre que Liliane Bettencourt procédait à de possibles fraudes fiscales et qu'il était au courant car son épouse gère depuis 2007 une partie de la fortune de la femme la plus riche de France.

L'opposition, qui dénonce une "collusion" entre pouvoir et grandes fortunes, a demandé une enquête judiciaire et plusieurs responsables sa démission.

Répercussions sur le trafic aérien suisse

Les mouvements de grève en France ont eu des répercussions sur le trafic aérien à l'Aéroport international de Genève (AIG) jeudi. Plusieurs vols ont été annulés.

Treize vols à destination de villes françaises (Paris, Toulouse, Nice et Bordeaux) avaient été supprimés jeudi en milieu d'après-midi, a indiqué à l'ATS Aline Yazgi, responsable des relations extérieures de l'Aéroport. Quatorze l'ont été à l'arrivée.

Ces suppressions concernent avant tout Air France, mais aussi d'autres compagnies par ricochet, telle Baboo ou Easyjet. Bon nombre de vols sont toutefois maintenus, a-t-elle encore précisé.

Certaines lignes à destination ou en provenance du sud de l'Europe (Espagne, Portugal) ont également été touchées. Les voyageurs peuvent se renseigner sur le site de l'aéroport: www.gva.ch.

A l'aéroport de Bâle, un vol en provenance de Bordeaux et un autre à destination de Paris ont été annulés, selon l'EuroAirport. Une rotation avec Lyon et une autre avec Paris ont été annulées à l'aéroport de Zurich, alors qu'un vol en provenance de Paris a été retardé, selon l'aéroport zurichois.