Unis pour soutenir la croissance, mais partagés sur le meilleur moyen de la consolider, les chefs d'Etat et de gouvernement ont ainsi trouvé un consensus sur ce dossier qui représentait le principal point d'achoppement entre Européens soucieux de réduire leur fort endettement et Etats-Unis désireux de soutenir la consommation pour dynamiser la croissance économique.
L'hôte canadien avait souhaité un engagement chiffré: réduire de moitié les déficits d'ici à 2013 et faire diminuer la dette publique rapportée au Produit intérieur brut avant 2016. Ce compromis a été repris dans la déclaration finale du G20, selon un projet de texte dont l'AFP a obtenu une copie.
Les plans de réduction des déficits devront être adaptés aux conditions particulières de chaque pays concerné, pour ne pas compromettre la reprise économique, ajoute le texte. "C'est plus que j'attendais, c'est un succès", s'est félicité devant la presse la chancelière allemande Angela Merkel, qui a lancé un vaste plan d'économies pour montrer l'exemple à ses partenaires européens.
Ne pas compromettre la reprise mondiale
"Nous avons aussi le terme de réduction du déficit favorable à la croissance", a ajouté la chancelière, relevant que l'expression était le résultat des discussions avec les Etats-Unis, qui se sont inquiétés de la possibilité que trop de rigueur en Europe n'étouffe la croissance. "Nous, Européens, pouvons dire que notre voie a trouvé un soutien", a-t-elle encore affirmé.
Les Etats-Unis avaient pourtant exercé une forte pression sur leurs alliés européens, accusés de compromettre la reprise mondiale par des politiques d'austérité trop restrictives. Ministre des Finances de la première économie mondiale, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner avait insisté samedi pour que le sommet de Toronto porte "fondamentalement sur la croissance", car "les cicatrices de la crise sont toujours là".
"La reprise demeure fragile", a aussi averti le Premier ministre canadien Stephen Harper, en ouvrant la séance de travail dimanche matin. Ces propos ont trouvé un écho auprès du ministre brésilien des Finances, Guida Mantega, qui a craint que les Européens, "au lieu de stimuler la croissance, prêtent plus d'attention à l'ajustement budgétaire". De même, le président chinois Hu Jintao a appelé le G20 à "agir de manière prudente et adéquate concernant le calendrier, le rythme et l'intensité de l'arrêt des ensembles de mesures de relance, et consolider l'élan de la reprise de l'économie mondiale".
Pas de taxe bancaire
Le G20 a en revanche abandonné l'idée de mettre en place de façon coordonnée une taxe spécifique au secteur bancaire, aux dires de ses promoteurs européens qui entendent néanmoins aller de l'avant dans ce domaine.
Quant à la réforme de la régulation financière, elle repose principalement sur le renforcement des normes de fonds propres imposées aux banques. Mais ce sera davantage l'objet du prochain sommet à Séoul en novembre.
Le G20 rassemble les pays du G8 (Allemagne, Canada, France, Etats-Unis, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Russie) et douze autres économies parmi les plus grandes du monde (Afrique du sud, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Mexique, Turquie et Union européenne).
afp/cht/ther
Cinq cents d'interpellations
La police de Toronto a procédé samedi et dans la nuit de samedi à dimanche à 480 interpellations à la suite d'incidents violents avec des manifestants, au cours desquels quatre voitures de police ont été incendiées, selon les forces de l'ordre.
De nombreux manifestants ont d'ores et déjà été inculpés, a précisé à l'AFP Gillian Van Acker, porte-parole de l'Equipe intégrée de sécurité, sans être en mesure de citer un chiffre précis.
Dans la nuit de samedi à dimanche, des journalistes de l'AFP ont pu voir des jeunes manifestants assis sur les trottoirs, les mains liées dans le dos avec des lacets de plastique, sous l'oeil vigilant de policiers anti-émeute.
Aucun incident n'était signalé dimanche matin dans le centre de Toronto, où la police était toujours très présente et bloquait l'accès à certaines rues proches du lieu du G20. Le porte-parole du Premier ministre canadien Stephen Harper, Dimitri Soudas, a rejeté dimanche la responsabilité des violences de la veille sur "une poignée de voyous qui avaient choisi la violence pour soi-disant exprimer des divergences avec les dirigeants du G20".