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Unité dans la diversité pour les pays du G20

Les pays du G20 sont divisés entre soutien à la croissance et réduction de la dette.
Les pays du G20 sont divisés entre soutien à la croissance et réduction de la dette.
Les pays du G20 se sont engagés dimanche à Toronto à diminuer de moitié leurs déficits budgétaires en trois ans, mais sans étouffer la croissance. Ils ont également convenu de lutter contre les pratiques risquées de leurs banques sans toutefois restreindre l'offre de crédits.

La déclaration finale du sommet de Toronto met en évidence les priorités divergentes des grandes nations industrielles et des grandes économies émergentes. Ces dernières ont en effet accepté, pour mettre en oeuvre les objectifs du texte, que chacun avance à son propre rythme en adoptant des politiques "différentes" qui tiennent compte des "circonstances nationales", là où les précédents sommets du G20 avaient donné lieu à de grandes manifestations d'unité face à la crise.

"Nos défis sont aussi divers que nos nations", a déclaré Barack Obama. "Mais ensemble nous représentons environ 85% de l'économie mondiale et nous avons apporté une réponse coordonnée à la plus grave crise économique de notre temps", a ajouté le président américain. Signe de la difficulté de la tâche, le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn a précisé que les "sherpas" des chefs d'Etat et de gouvernement avaient passé au moins 45 heures à rédiger le communiqué final.

Ne pas froisser la Chine

Organisé en sommet depuis 2008, année où la crise économique était à son plus fort, le G20 avait été unanime pour engager des centaines de milliards de dollars dans la lutte contre la récession. Le G20 réunit les Etats-Unis, leurs grands alliés européens, le Japon mais aussi la Chine, le Brésil, l'Inde et la Russie. Son unité souffre aujourd'hui du rythme plus ou moins rapides des sorties de crise de ses membres. Si les économies de la Chine et des grands pays émergents sont reparties de l'avant, celle des Etats-Unis connaît une reprise laborieuse quand l'Europe reste à la traîne.

Pour éviter d'irriter la Chine, le communiqué final du sommet dans sa version anglaise, qui fait autorité, n'a fait aucune allusion au yuan, alors qu'un projet qui circulait encore samedi se félicitait de la décision de Pékin d'assouplir sa politique de change. Ce paragraphe a néanmoins été conservé un temps dans une première version en français.

Le sommet du G20 de Toronto, quatrième du genre, devait à l'origine faire le point avant celui de Séoul fin 2010 sur la mise en oeuvre des engagements pris à Pittsburgh, en septembre dernier, en termes de régulation financière et de correction des déséquilibres de l'économie mondiale. La crise qui a failli emporter la Grèce au printemps est venue brouiller les cartes en mettant au premier plan les problèmes de déficits et de dette des Etats, surtout en Europe.

Taxe sur les banques

Dans ce contexte, les Etats-Unis se sont inquiétés des politiques d'austérité annoncées par plusieurs pays, dont l'Allemagne et le Royaume-Uni. Le Premier ministre indien Manmohan Singh a évoqué le spectre d'un retour de la récession si trop de pays serrent en même temps les freins de leurs économies.

Les Européens estiment que les engagements de réduction des déficits contenus dans le communiqué final montrent que le G20 a validé leur position. Leur réduction de moitié sur trois ans paraît même largement à portée de main au vu des engagements pris par tous les Etats, y compris les Etats-Unis, seul le Japon bénéficiant d'une exemption au vu de sa situation particulière. L'autre engagement du communiqué, la stabilisation du ratio dette/ produit intérieur brut (PIB) à une échéance de six ans, s'annonce plus délicat à tenir.

Sur la régulation financière, le G20 a également accepté que ses membres agissent en fonction de la situation de leur économie en concédant par exemple une mise en oeuvre très progressive du nouveau cadre prudentiel des banques, dit Bâle III. Il a enfin légitimé la taxe sur les banques réclamée par l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne sans toutefois la rendre obligatoire.

agences/dk

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Six cents interpellations en marge du sommet

Les deux jours de violences en marge du sommet du G20 à Toronto se sont soldés par plus de 600 interpellations, ont indiqué les autorités dimanche soir. La police canadienne a utilisé ponctuellement des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc contre les manifestants.

Le nombre total des interpellations sur deux jours a atteint 605, dont 224 dimanche. De nombreux manifestants ont été inculpés, a précisé un porte-parole des forces de l'ordre. Un certain nombre de personnes interpellées ont été relâchées. Les autres devraient être remises en liberté lors d'audience prévues ces prochains jours.

Samedi, des groupes de jeunes radicaux ont incendié des véhicules de la police et brisé des vitrines à proximité de la barrière de sécurité interdisant l'accès aux travaux du G20. Lors d'un raid à l'Université de Toronto, la police a interpellé 70 personnes soupçonnées de ne pas être des étudiants. Les policiers ont saisi "des armes de rue" telles que des briques.

L'un des organisateurs de la manifestation autorisée de samedi, le président du Congrès du travail du Canada Ken Georgetti a condamné les violences et les actes de vandalisme perpétrés par des jeunes radicaux sans étiquette pour contester les objectifs et les dépenses du G20. La manifestation pacifique a attiré, selon lui, quelque 30'000 personnes.