L'ancienne comptable évoque dans Mediapart un épisode remontant à mars 2007, mettant en scène Eric Woerth, aujourd'hui ministre du Travail. Celui-ci, alors trésorier de l'UMP, se serait vu remettre, via le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre, une somme de 150'000 euros destinée à la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.
Ce don, s'il est confirmé, serait illégal, le montant maximum autorisé par la loi sur le financement des partis politiques étant de 7500 euros par an pour un parti et 4600 euros pour un candidat à une élection.
Elle affirme aussi que Nicolas Sarkozy, quand il était maire de Neuilly (ouest de Paris) de 1983 à 2002 et "un habitué" de la table des Bettencourt, "recevait aussi son enveloppe". La comptable a été au service de l'héritière de l'Oréal pendant 12 ans et a quitté son service en novembre 2008.
Nicolas Sarkozy dénonce une calomnie
Nicolas Sarkozy a rapidement dénoncé une "calomnie" qui a pour "seul but de salir". "J'aimerais tellement que le pays se passionne pour les grands problèmes, plutôt que de s'emballer à la première horreur", a commenté le président français.
"Quelle époque, quel abaissement", a encore soupiré Nicolas Sarkozy, avant de dénoncer "une époque où on s'intéresse plus à la personne qui crée le scandale qu'à la personne qui soigne, qui travaille, qui construit".
Les services du président français ont aussi démenti ces accusations: "C'est totalement faux", a déclaré un porte-parole de l'Elysée. Concernant les sommes destinées à la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007, le porte-parole a déclaré que ces affirmations "semblaient infondées", tout en renvoyant à Eric Woerth qui gérait l'argent du parti.
Un ministre-clé
Ministre clé du gouvernement qui porte notamment la délicate et impopulaire réforme des retraites, Eric Woerth est déjà sous le feu des critiques pour avoir été ministre du Budget (2007-mars 2010) à une époque où son épouse gérait une partie de la fortune de Liliane Bettencourt, soupçonnée de fraudes fiscales. Le ministre a à nouveau fait savoir qu'il n'avait "nulle intention" de démissionner, car ce serait la victoire de "ceux qui m'insultent tous les jours".
Ces nouvelles accusations surviennent alors qu'une enquête sur la fraude fiscale présumée de Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal et femme la plus riche de France, ainsi que sur le couple Woerth est envisagée par le procureur de Nanterre. Le procureur Philippe Courroye entend toutefois mener d'abord à bien une première enquête, portant sur les enregistrements clandestins de Liliane Bettencourt, réalisés par un employé en 2009.
agences/cab
Deux secrétaires d'Etat sacrifiés, mais Woerth épargné
Face à la succession des scandales, Nicolas Sarkozy a sacrifié dimanche deux ministres de second plan, les secrétaires d'Etat à la Coopération Alain Joyandet et au Grand Paris Christian Blanc, suspects d'utilisation abusive des deniers publics.
Le président a toutefois jusqu'à présent fermement exclu la démission d'Eric Woerth, qui doit présenter sa réforme des retraites la semaine prochaine en Conseil des ministres et à la rentrée au Parlement.
Pour sa part, le principal parti d'opposition, le Parti socialiste, continue à mettre la pression sans toutefois jusqu'à présent appeler à la démission d'Eric Woerth.
Selon le quotidien Le Figaro, très proche du pouvoir, le président français envisage d'accélérer le calendrier du remaniement ministériel prévu en octobre et d'intervenir très rapidement à la télévision.