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Golfe du Mexique: 27'000 sources d'inquiétudes

Le golfe du Mexique, en proie à une marée noire sans précédent, est truffé de milliers de puits à l'abandon.
Le golfe du Mexique, en proie à une marée noire sans précédent, est truffé de milliers de puits à l'abandon.
Plus de 27'000 puits de pétrole et de gaz sont abandonnés au fond du golfe du Mexique et constituent une source d'inquiétude pour l'environnement, faute de surveillance d'éventuelles fuites. Les plus anciens de ces puits ont été abandonnés à la fin des années 1940, et leur étanchéité suscite l'inquiétude en raison de leur grand âge.



Une enquête de l'Associated Press (AP) a en
particulier découvert 3500 puits négligés, présentés dans des documents
administratifs comme "temporairement abandonnés".

La réglementation impose aux compagnies
pétrolières de soumettre des plans afin de réutiliser ou colmater
définitivement les puits temporairement abandonnés dans un délai d'un an. Mais la
législation est contournée régulièrement et un millier de puits sont restés
dans cet état de déshérence provisoire pendant plus d'une décennie.

Environ les trois quarts des puits
abandonnés temporairement le sont restés pendant plus d'un an, notamment à
partir des années 1950 et 1960. Le groupe britannique BP, à l'origine de la
marée noire dans le golfe du Mexique, a abandonné à lui seul 600 puits dans le
golfe.

Des fuites incontrôlables

Les puits abandonnés temporairement ou
définitivement ont de quoi inquiéter. L'expérience montre, au moins sur terre, qu'ils
fuient souvent, et les archives gouvernementales révèlent que cela arrive aussi
avec les puits offshore.

Malgré le risque de fuites, les puits
abandonnés ne font habituellement pas l'objet d'inspections par les entreprises
du secteur ou les autorités publiques. Des responsables d'Etats du pays
estiment que des dizaines de milliers de puits sont mal scellés.

La Californie a ainsi recolmaté de nombreux
puits abandonnés depuis les années 1980 dans ses eaux territoriales du
Pacifique.

Plus au large, dans les eaux plus profondes
qui dépendent du gouvernement fédéral, la politique officielle pourrait se
résumer en une formule: "Loin des yeux, loin du coeur." Le Service de
gestion minier (MMS), récemment rebaptisé Bureau de la gestion de l'énergie de
l'océan, réglementation et application (BOEMRE) -organisme fédéral qui délivre
les permis de forage en haute mer-, s'appuie sur des règles à l'efficacité
limitée.

Totale confiance des autorités

Lorsqu'une compagnie annonce qu'elle va
abandonner définitivement un puits, elle dispose d'un an pour mener à bien les
travaux de colmatage. Mais contrairement aux autorités de régulation
californiennes, le MMS n'inspecte pas les travaux réalisés et se contente de documents
sur le chantier envoyés par la firme.

Avec son faible mécanisme de contrôle, le
MMS n'a infligé des amendes que dans un nombre limité de cas: sept compagnies
ont écopé au total de 440'000 dollars (un peu plus de 460'000 francs) d'amendes
entre 2003 et 2007 pour des travaux non conformes.

Les autorités de régulation et les
entreprises du secteur affirment que les puits offshore abandonnés sont
présumés correctement bouchés et sont censés le rester indéfiniment. Ce n'est
que lorsqu'ils sont pressés de questions que les responsables reconnaissent la
possibilité de fuites.

Malgré ce risque, les autorités comme les
industriels ne se sont jamais souciés d'évaluer l'ampleur du problème. En clair,
personne ne sait vraiment combien de puits abandonnés fuient et quelle est l'ampleur
de ces rejets.

La tentation est grande

Les compagnies pétrolières pourraient être
tentées de réaliser des économies sur les travaux de colmatage, qui sont longs
et onéreux en mer. Le coût du colmatage définitif des 10'500 puits en
exploitation et des 3500 temporairement abandonnés dans le golfe du Mexique est
estimé à au moins 3 milliards de dollars (3,15 milliards de francs) pour les
industriels.

Cette étude montre également que 27'000 des
50'000 puits qui ont été forés dans le Golfe dans le cadre de baux fédéraux
sont aujourd'hui abandonnés. Environ 23'500 sont colmatés définitivement et 12'500
autres sont bouchés sur une portion, mais ont l'autorisation de maintenir une
autre portion en activité.

En général, le MMS apprend l'existence d'une
fuite dans le Golfe lorsque quelqu'un la découvre par hasard. Le Laboratoire de
sécurité marine des garde-côtes gère un peu plus de 200 cas de pollution chaque
année. Mais Wayne Gronlund, un responsable des garde-côtes, précise qu'il est
souvent impossible de savoir si une fuite provient d'un puits ou de ces failles
naturelles au fond de la mer qui laissent s'échapper des milliers de barils de
pétrole chaque année.

ap/afp/jeh

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Bruxelles plaide pour un moratoire

Le commissaire européen à l'Energie Günther Oettinger a appelé mercredi à un moratoire pour les forages en eau très profonde au large de l'Europe en attendant de connaître les causes exactes de l'explosion d'une plate-forme du groupe BP dans le golfe du Mexique.

Cela peut signifier un moratoire de facto sur les nouveaux forages jusqu'à ce que les causes de l'accident soient connues avec certitude et que les mesures correctrices soient prises pour mener des opérations à la limite des possibilités", a-t-il annoncé.

La Commission avait auparavant estimé que l'exploitation pétrolière dans les eaux de l'UE ne se déroulait pas dans des conditions aussi extrêmes que celle du golfe du Mexique.

Le 14 juillet, Günther Oettinger doit avoir deux réunions de concertation à Bruxelles avec des dirigeants de 18 grandes compagnies pétrolières, puis avec des représentants des autorités de contrôle des 27 pays de l'UE.

Il avait déjà reçu les principales firmes pétrolières actives dans les zones maritimes de l'UE le 12 mai (British Petroleum, ConocoPhilips, ExxonMobil, Repsol, Statoil et Total) pour voir comment prévenir des catastrophes comme celle qui pollue gravement le golfe du Mexique.

L'objet de ces discussions est aussi de faire le point sur le respect des standards européens et discuter des technologies actuellement disponibles.

Devant les eurodéputés, le commissaire européen a également préconisé une nouvelle "division du travail" entre Bruxelles et les pays européens.

Il s'agirait de conférer à la Commission le pouvoir de superviser les opérations de contrôle de l'industrie pétrogazière, menées actuellement au niveau national. Ce que Günther Oettinger a appelé le "contrôle des contrôleurs".

Il pourrait aussi être question d'élargir les compétences de l'Agence européenne de sécurité maritime basée à Lisbonne, actuellement limitées aux navires transportant des hydrocarbures.

Plaidant pour "le plus haut niveau de sécurité", le commissaire a indiqué que sur tous ces sujets, il préparait "des propositions concrètes pour les mois à venir".

"Une directive européenne devrait être prête cet automne", a précisé à l'AFP sa porte-parole Marlene Holzner