Selon Le Canard enchaîné, Eric Woerth, juste avant de quitter le ministère du Budget en mars 2010 pour celui du Travail, "a bradé une parcelle de la forêt de Compiègne au nord de Paris avec son hippodrome et son golf à une association amie", jusqu'alors locataire des lieux, pour 2,5 millions d'euros, un prix très nettement inférieur au marché.
"Cette transaction a été conclue de gré à gré sans enchère, ni appel d'offres", ajoute l'hebdomadaire satirique, qui assure que le président de cette association, la Société des Courses de Compiègne, est un "familier" d'Eric Woerth, élu de la région.
Le ministre est en effet aussi maire de Chantilly, une ville voisine de Compiègne, capitale française des courses de chevaux et un lieu de rendez-vous privilégié pour les grandes fortunes françaises. Le ministère du Budget a contesté cette information, assurant que la cession "s'est déroulée de manière tout à fait légale et dans l'intérêt de l'Etat".
Selon Eric Woerth, l'hippodrome a été vendu à l'estimation faite par les services de l'Etat. "C'est juste pas constructible, c'est juste un terrain pour un hippodrome, c'est juste normal de faire ça", a-t-il argumenté sur RTL.
Un couple dans la tourmente
Le couple Woerth est déjà au centre d'une affaire de conflits d'intérêts depuis plusieurs semaines, en lien avec la femme la plus riche de France, Liliane Bettencourt, héritière de l'empire cosmétique L'Oréal. Cette dernière a reconnu en juin posséder des comptes en Suisse, échappant ainsi aux contrôles fiscaux.
Or, entre 2007 et 2010, Eric Woerth dirigeait le ministère du Budget, dont dépend l'administration fiscale, tandis que son épouse était employée par Clymène, la holding qui gère la fortune de la milliardaire.
Quand l'affaire a éclaté, le ministre a été soupçonné d'être intervenu dans le dossier fiscal de Liliane Bettencourt, ce qu'un rapport de l'Inspection générale des finances (IGF) est venu démentir dimanche.
La trésorerie de l'UMP
Mardi, Eric Woerth, aujourd'hui ministre du Travail, a annoncé qu'il allait quitter ses fonctions de trésorier du parti présidentiel UMP, qu'il cumulait jusqu'à présent avec ses fonctions gouvernementales.
Là encore, le ministre est visé par de graves accusations, celles de financement illégal d'un parti politique. L'ancienne comptable de Liliane Bettencourt a affirmé qu'Eric Woerth a reçu, en tant que trésorier de l'UMP, 150'000 euros en liquide pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007.
afp/sbo
Mme Woerth et les banques suisses
Déjà ébranlé par des accusations de conflits d'intérêts, le couple Woerth est l'objet d'autres révélations, moins graves celles-ci.
En 2009, désirant quitter la société Clymène, Florence Woerth a offert ses services à deux banques helvétiques, dont le Crédit Suisse, révèle Libération.
Mais cette candidature était incompatible avec les fonctions de ministre du Budget de son mari, alors en plein conflit avec la Suisse sur le dossier de l'évasion fiscale. L'avocat de Florence Woerth nie les faits.
Le quotidien français persiste lui dans ses affirmations, qui, si elles ne révèlent rien de condamnable, montrent l'ambition d'une femme prête à mener sa carrière "sans se soucier de celle de son mari".
sbo