L'embauche de Florence Woerth fin 2007 dans la société qui gérait la fortune de l'héritière de L'Oréal est l'un des points-clefs de l'enquête judiciaire.
Un délit ou non?
S'il s'avérait que cette embauche a été l'élément d'un échange, les faits constitueraient un délit. L'avocat d'Eric Woerth Me Jean-Yves Leborgne ne conteste pas le contenu de la déposition mais estime qu'elle n'apporte rien de nouveau et ne montre rien de frauduleux.
Patrice de Maistre, placé en garde à vue jeudi avec trois autres protagonistes, est ressorti libre vendredi soir après 36 heures d'interrogatoires. Eric Woerth, qui a quitté la semaine dernière son poste de trésorier de l'UMP, entend rester au poste de ministre du Travail, où il pilote la réforme-clef des retraites.
Dans sa déposition, dont Le Monde a publié des extraits, Patrice de Maistre a déclaré : "je l'ai (Eric Woerth) vu deux ou trois fois début 2007, parce qu'il m'a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite". Eric Woerth était alors trésorier de l'UMP et de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy et on sait par les enregistrements clandestins de la milliardaire que Liliane Bettencourt faisait des dons légaux à l'UMP, avec des chèques remis par Patrice de Maistre à Eric Woerth.
Une note embarrassante
Tout en restant trésorier de l'UMP, Eric Woerth est devenu en mai 2007 ministre du Budget et son épouse a été embauchée chez Clymène fin 2007 pour 180'000 euros annuels. Patrice de Maistre a ensuite reçu la Légion d'honneur des mains d'Eric Woerth début 2008.
La fortune Bettencourt ne semble avoir fait l'objet d'aucune vérification fiscale de très longue date. L'Inspection générale des finances, dans un rapport demandé par le gouvernement, a conclu qu'il n'existait pas d'indices d'une intervention d'Eric Woerth.
La police a saisi chez Patrice de Maistre une note datée du 31 août 2007 avec cette mention "rémunération environ 200'000 euros () Je suis obligé d'en parler à LB vu le mari 120'000 euros", rapporte Le Monde. Dans sa déposition Patrice de Maistre a expliqué aux policiers : "il s'agissait d'une note que j'ai dû amener à M. et Mme Bettencourt pour évoquer le recrutement de Mme Florence Woerth dans mon équipe. Cette démarche était due au fait que son mari était ministre, et que c'était donc sensible".
"Pour lui faire plaisir"
Dans les enregistrements clandestins, Patrice de Maistre évoque avec Liliane Bettencourt l'embauche de Florence Woerth, et explique: "j'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre. Il m'a demandé de le faire. Je l'ai fait pour lui faire plaisir".
Me Jean-Yves Leborgne ne voit pas dans la déposition de Patrice de Maistre d'élément à charge. "Il n'y a aucun document vraiment nouveau. On y apprend que Patrice de Maistre cherchait à embaucher quelqu'un et qu'il avait même contacté un chasseur de têtes", dit-il. L'avocat rappelle qu'Eric et Florence Woerth ont demandé à être entendus dans l'enquête. "Ils expliqueront sans difficultés les conditions d'embauche de Florence Woerth", dit-il.
ats/cer