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Eric Woerth et Liliane Bettencourt seront entendus

Le couple Woerth, qui rejette les nouvelles accusations, sera entendu très bientôt.
Le couple Woerth, qui rejette les nouvelles accusations, sera entendu très bientôt.
Le ministre français du travail, Eric Woerth, mis en cause notamment pour conflit d'intérêt dans le scandale politico-fiscal lié à l'héritière des cosmétiques L'Oréal, et son épouse seront bientôt entendus par la police, a indiqué lundi la justice. Liliane Bettencourt sera elle aussi entendue.

Eric et Florence Woerth seront entendus par la police "dans de brefs délais" dans l'enquête sur le contenu d'enregistrements clandestins de conversations de Liliane Bettencourt, a-t-on appris auprès du parquet de Nanterre (près de Paris) qui n'a pas précisé la date des auditions.

Selon le parquet, la milliardaire, âgée de 87 ans, "sera entendue" elle aussi dans le cadre de cette enquête à une date "pas encore fixée.

Eventuel conflit d'intérêt

Ces écoutes, réalisées entre mai 2009 et mai 2010, suggèrent de possibles fraudes fiscales de Madame Bettencourt et un éventuel conflit d'intérêt lié aux fonctions de Florence Woerth au sein d'une société chargée de faire fructifier la fortune de la femme la plus riche de France au moment où son époux était ministre du Budget (2007-mars 2010). "Je serai entendu prochainement par la justice comme je l'ai demandé", avait indiqué lundi matin le ministre du Travail.

Toute audition d'un ministre par la justice nécessite l'accord préalable du Conseil des ministres. Aucune demande d'autorisation n'était parvenue lundi matin, a indiqué Claude Guéant le plus proche conseiller du président Nicolas Sarkozy.

Nouveau soupçon démenti

Eric Woerth, qui doit défendre mardi devant les députés la délicate réforme des retraites, est soupçonné d'être intervenu pour faire embaucher son épouse par Liliane Bettencourt, ce qu'il a encore réfuté lundi. "Je n'ai jamais favorisé l'embauche de ma femme", a-t-il déclaré.

Le ministre a été mis en difficulté par les déclarations du gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, qui a affirmé lors de sa garde à vue de 36 heures la semaine dernière, que le ministre lui avait "demandé de recevoir sa femme pour la conseiller sur sa carrière", selon un extrait de procès-verbal d'audition publié samedi par Le Monde.

Dans les enregistrements clandestins, P. de Maistre expliquait le 23 avril à la milliardaire qu'il avait engagé Florence Woerth pour "faire plaisir" à son époux. "J'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre" des Finances, dit-il.

Embauchée en novembre 2007, Florence Woerth a quitté ses fonctions auprès des Bettencourt en juin. "Je reconnais que j'avais sous-estimé ce conflit d'intérêts", avait-elle déclaré quelques jours plus tard.

afp/bri

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Une affaire aux larges tentacules

L'affaire Bettencourt, à l'origine un conflit familial centré sur l'héritage de la milliardaire, empoisonne depuis plusieurs semaines la vie politique française et embarrasse le président.

Ex-trésorier du parti présidentiel UMP (droite), Eric Woerth a aussi été accusé de financement illégal de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007 par l'ex-comptable de L. Bettencourt, qui n'en n'a toutefois apporté aucune preuve. Une accusation également réfutée par le ministre.

Eric Woerth a une fois de plus reçu lundi le soutien du chef du gouvernement François Fillon qui a répété qu'il n'avait commis "aucune faute" dans le traitement des affaires fiscales de Mme Bettencourt.

Un récent rapport administratif interne sur la gestion de ce dossier a conclu - sans convaincre l'opposition - qu'Eric Woerth n'avait pas couvert de possibles fraudes lorsqu'il était ministre du Budget.