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Marée noire: la plateforme de BP était défaillante

Une plateforme de BP à Port Fourchon, en Louisiane.
Transocean reconnaît avoir "économisé" plusieurs opérations de maintenance.
La plateforme qui a coulé en avril dans le golfe du Mexique avait de nombreux problèmes de maintenance. C'est ce qu'a révélé Stephen Bertone, ingénieur en chef chez Transocean, lundi devant les enquêteurs américains chargés de faire la lumière sur les causes de la catastrophe.

La plate-forme Deepwater Horizon, propriété de la compagnie basée en Suisse qui forait un puits pour le compte de BP, a explosé le 20 avril avant de faire naufrage deux jours plus tard. L'accident a fait 11 morts et provoqué une marée noire sans précédent dans l'histoire des Etats-Unis.

Selon l'ingénieur, la plate-forme devait faire l'objet d'opérations de maintenance "excessives" que son équipe n'a pu réaliser. Une liste des tâches à accomplir, dressée à l'issue d'un audit réalisé en 2009, en compte 390. Elles auraient demandé 3500 heures de travail, a précisé Richard Godfrey, avocat de BP.

Soucis en cascade

La plate-forme devait être conduite en 2011 dans un chantier naval pour des réparations dont la nature n'a pas été précisée. L'un de ses propulseurs, a poursuivi Stephen Bertone, était défectueux depuis huit mois. Une panne d'électricité s'est par ailleurs produite dans le poste de commandes des opérations de forage quelques jours avant l'explosion.

Le système informatique a "planté" à plusieurs reprises, a-t-il encore expliqué. Ses déclarations risquent de détourner l'attention, jusqu'ici focalisée sur la responsabilité de BP, vers celle de Transocean.

Sur le front de la lutte contre la marée noire, trois anomalies décelées sur et autour du puits responsable de la catastrophe n'ont pour l'instant aucune "incidence" sur les opérations, a indiqué l'amiral Thad Allen, responsable des opérations de lutte contre la marée noire pour l'administration américaine. Une "fuite" observée à trois kilomètres du puits dimanche "n'est pas liée" au puits exploité par BP, a-t-il précisé.

Le puits pourra rester fermé

Selon le haut-gradé, BP a été autorisé à maintenir le puits fermé après que des experts fédéraux et des représentants du groupe se sont entretenus dimanche sur la détection de la fuite à 3 km du puits. L'équipe de scientifiques fédéraux "a reçu les réponses aux questions qu'elle se posait et l'engagement de BP à respecter ses obligations en matière de surveillance".

Dimanche, le groupe avait fait savoir que le puits pourrait rester fermé jusqu'à ce qu'il soit définitivement bouché. La compagnie britannique travaille en effet parallèlement sur deux puits de dérivation qui doivent permettre d'obstruer de manière définitive, entre fin juillet et mi-août, le puits principal.

agences/jeh

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Nouvelles stratégies à l'étude

Le pétrolier réalise depuis jeudi des tests sur le puits, qui ont permis d'enfin arrêter l'écoulement quotidien de millions de litres de brut dans le Golfe.

Mais la crainte est que, emprisonné dans le puits, le pétrole comprimé ne finisse par créer des brèches.

En parallèle, BP a dit lundi étudier une nouvelle solution pour définitivement boucher la fuite: l'injection d'un mélange d'eau et de matières solides dans un conduit menant au puits, puis la cimentation de celui-ci.

Cette opération, baptisée "static kill", ressemble à celle tentée fin mai.

Mais BP estime que ses chances de réussite sont cette fois-ci plus élevées car le pétrole a cessé de s'écouler.

Enveloppes à distribuer

Kenneth Feinberg, chargé de la gestion du fonds d'indemnisations versées aux victimes, estime que l'interruption de l'écoulement de brut allait permettre d'accélérer les procédures de dédommagement.

L'ampleur des dégâts occasionnés deviendra plus facile à déterminer.

Les professionnels, principalement de la pêche et du tourisme, touchés par la marée noire doivent maintenant décider d'accepter les indemnisations de ce fonds ou de poursuivre les entreprises responsables en justice.

"Je serai bien plus généreux que n'importe quel tribunal et ceci sans frais d'avocats", a souligné Kenneth Feinberg.

BP a annoncé lundi que la catastrophe lui avait coûté près de 4 milliards de dollars jusqu'ici en frais divers, y compris les dédommagements déjà versés.