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Eric Woerth sera auditionné par la police

Antoine Beauquier assure qu'il n'y a aucun conflit d'intérêts
E.Woerth ne s'est jamais occupé de la carrière de son épouse, assure Me Antoine Beauquier.
Le gouvernement français a donné mercredi son feu vert à l'audition du ministre du Travail Eric Woerth par la police dans le cadre de l'affaire politico-fiscale liée à la fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt. Son épouse Florence Woerth a elle été entendue comme témoin par la brigade financière.

Le Conseil des ministres, présidé par le chef de l'Etat, a donné son feu vert mercredi à la demande d'audition d'Eric Woerth formulée par le parquet de Nanterre (banlieue parisienne). Le ministre, qui a commencé ce mercredi à défendre devant les députés son impopulaire réforme des retraites, devrait être entendu sur des accusations de financement politique illégal ainsi que des soupçons de trafic d'influence.

L'audition par la police du ministre, dont la date n'a pas été rendue publique, aura lieu dans le cadre de son enquête préliminaire sur les enregistrements clandestins réalisés au domicile de Liliane Bettencourt par l'un de ses anciens salariés entre mai 2009 et mai 2010.

Ces enregistrements suggèrent des opérations de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de l'héritière de L'Oréal mais aussi un possible conflit d'intérêts avec l'ex-ministre du Budget puisque son épouse, Florence Woerth, a travaillé deux ans et demi dans la société chargée de cette gestion.

Conflit d'intérêts et fraude réfutés

Lors d'une conférence de presse à l'issue de l'audition de sa cliente, l'avocat de Florence Woerth a réfuté tout conflit d'intérêts entre sa cliente, alors salariée de la société Clymène qui gère les avoirs de l'héritière de L'Oréal, et son mari, alors ministre du Budget.

Me Antoine Beauquier a martelé que jamais M.Woerth "ne s'est occupé de la carrière de son épouse" et encore moins intervenu -sans lui dire- pour la faire engager au sein de Clymène. Florence Woerth conteste la version donnée aux enquêteurs par le directeur général de Clymène, Patrice de Maistre, selon laquelle Eric Woerth lui aurait demandé de recevoir son épouse pour la conseiller sur sa carrière et qu'il aurait finalement engagé "pour faire plaisir" au ministre.

Concernant les faits de fraude fiscale, Me Beauquier a rappelé que la carrière de Mme Woerth depuis 29 ans était la gestion de patrimoine. "La fonction de Mme Woerth était d'évaluer des produits financiers. Donc la gestion fiscale ne relevait pas de sa compétence", a-t-il dit.

Une rencontre Sarkozy-Bettencourt évoquée

Toujours dans cette affaire, deux magistrats s'arrachent en outre la déposition de l'ex-comptable (1995 à 2008) de Liliane Bettencourt. Ce témoin-clé affirme que l'héritière de L'Oréal est intervenue auprès de Nicolas Sarkozy pour qu'il fasse obstacle à l'action de la justice. Dans deux nouvelles dépositions, Claire Thibout a répété ses allégations de remises d'espèces de la milliardaire à des hommes politiques et évoqué une rencontre entre Liliane Bettencourt et Nicolas Sarkozy en 2008 dans le but d'obtenir une intervention.

L'Elysée ne conteste pas depuis le début de l'affaire l'existence de ces rencontres mais dit qu'il s'agissait de se pencher sur les problèmes économiques du groupe L'Oréal. Contactée, la présidence de la République n'a pas souhaité réagir aux propos de l'avocat. Mais une enquête préliminaire a été ouverte suite à la plainte pour "dénonciation calomnieuse" déposée par le ministre du Travail, visant implicitement l'ex-comptable.

Véritable affaire d'Etat, le "feuilleton" Bettencourt était à l'origine un simple conflit familial opposant Liliane Bettencourt et sa fille Françoise Meyers-Bettencourt.

agences/bri

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