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Liliane Bettencourt entendue par la police

Liliane Bettencourt doit être auditionnée comme témoin (cliché de 2004).
Liliane Bettencourt doit être auditionnée comme témoin (cliché de 2004).
Liliane Bettencourt était entendue lundi par la la Brigade financière dans le cadre de l'affaire politico-fiscale mettant en cause le ministre du Travail Eric Woerth. L'héritière de L'Oréal était auditionnée dès 11h00 à son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine, vers Paris.

De retour de vacances dans sa résidence de Formentor (Espagne), la femme la plus riche de France, 87 ans, était auditionnée dans le cadre de l'enquête sur le contenu d'enregistrements clandestins réalisés à son domicile qui ont fait d'un conflit familial une affaire politico-fiscale d'ampleur nationale.

Les policiers de la brigade financière devaient notamment la questionner sur une possible évasion fiscale, concernant deux comptes que l'héritière détient en Suisse (dotés de 78 millions d'euros), ainsi qu'un compte sur l'île d'Arros, aux Seychelles, dont l'identité du propriétaire est floue.

Une perquisition était parallèlement effectuée chez Liliane Bettancourt, troisième fortune de France (17 milliards d'euros).

Eric Woerth bientôt entendu

Au total, cinq enquêtes ont été ouvertes après la découverte des enregistrements clandestins. Dans ce cadre, le ministre du Travail, qui porte la délicate et impopulaire réforme des retraites, acte majeur de la fin du mandat de Nicolas Sarkozy, doit être entendu dans les jours prochains. Dès mardi, selon une source proche de l'enquête.

Le ministre, qui a reçu le soutien présidentiel à plusieurs reprises, a vivement réfuté avoir commis quoi que ce soit d'illégal. Mais son audition fragilise le gouvernement de Nicolas Sarkozy miné par une succession de scandales ayant mené à la démission de deux ministres.

Selon le parquet de Nanterre (ouest de Paris), Eric Woerth sera entendu dans le cadre d'une seule enquête, portant sur les éléments révélés par les enregistrements clandestins (conflit d'intérêts, fraude fiscale).

Les enquêteurs devraient l'interroger sur l'embauche de sa femme par les Bettencourt qu'il est soupçonné d'avoir favorisée et sur le traitement fiscal de la fortune de la milliardaire à l'époque où il était ministre du Budget et trésorier du parti de la majorité UMP (droite) chargé de recueillir les dons de riches particuliers.

Les accusations de financement illégal de parti politique ne devraient être évoquées qu'à la marge. Claire Thibout, ex-comptable de Liliane Bettencourt, accuse le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre de lui avoir demandé de retirer 150'000 euros début 2007 pour les remettre à Eric Woerth, pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy.

afp/bri

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Du conflit familial à l'affaire nationale

Les enregistrements clandestins ont été réalisés par un majordome entre mai 2009 et mai 2010 au plus fort de la querelle entre Mme Bettencourt et sa fille Françoise Bettencourt-Meyers.

Celle-ci estime sa mère diminuée au point de dilapider sa fortune au profit d'un photographe mondain. Selon elle, le photographe François-Marie Banier a abusé de la faiblesse présumée de sa mère, âgée de 87 ans, pour se faire remettre près d'un milliard d'euros de dons.

Ces enregistrements mettent en lumière la fragilité de la vieille dame mais surtout suggèrent des opérations de fraude dans la gestion de sa fortune.

Vendredi, l'héritière de L'Oréal a accueilli avec "soulagement" le rejet par le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, d'une nouvelle demande de mise sous tutelle déposée par sa fille, Françoise Meyers-Bettencourt.
Mercredi, les policiers de la Brigade financière ont saisi de nombreux documents, relatifs notamment aux dispositions testamentaires de Liliane Bettencourt. Ces perquisitions, qui visaient son notaire, ont été réalisées à la demande de la juge Isabelle Prévost-Desprez, qui enquête sur un éventuel abus de faiblesse aux dépens de la milliardaire.

Les écoutes clandestines laissent également planer des soupçons de conflit d'intérêt voire de trafic d'influence relatif aux fonctions de Florence Woerth au sein d'une société chargée de faire fructifier la fortune des Bettencourt au moment où son époux Eric Woerth était ministre du Budget (2007-mars 2010).