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WikiLeaks provoque le courroux des Etats-Unis

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le ministre des affaires étrangères pakistanais Shah Mehmood Qureshi, à Islamabad le 19 juillet dernier. Les USA annonçaient une aide financière supplémentaire pour le Pakistan.
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton et le ministre des affaires étrangères pakistanais Shah Mehmood Qureshi, à Islamabad le 19 juillet dernier. Les USA annonçaient une aide financière supplémentaire pour le Pakistan.
Le site internet WikiLeaks a diffusé lundi des dizaines de milliers d'archives secrètes jetant une lumière crue sur la guerre en Afghanistan. Les documents, dont la publication a provoqué l'ire de Washington, comprennent des révélations sur les victimes civiles et les liens supposés entre les services secrets pakistanais et les insurgés.

Pour le quotidien britannique The Guardian, l'un des journaux qui a publié les documents, ceux-ci brossent "un portrait dévastateur d'une guerre en train d'échouer".

La publication de ces archives militaires a provoqué la colère de la Maison Blanche. Mais le fondateur du site WikiLeaks spécialisé dans le renseignement, Julian Assange, a justifié sa décision de révéler les documents en affirmant que "le bon journalisme est controversé par nature".

De l'influence de l'Iran

Au total, environ 92'000 documents remontant à 2004 sont ainsi divulgués après avoir été transmis au New York Times, au Guardian et à l'hebdomadaire allemand Der Spiegel. Émanant notamment de l'ambassade des Etats-Unis à Kaboul, ils font état par exemple d'une influence grandissante de l'Iran en Afghanistan, d'un soutien de Téhéran aux insurgés islamistes et d'une corruption à grande échelle qui contrarie la lutte contre la rébellion.

Le New York Times a souligné que ces archives illustrent "avec un luxe de détails les raisons pour lesquelles, après que les Etats-Unis ont dépensé presque 300 milliards de dollars dans cette guerre, les talibans sont plus forts qu'à tout autre moment depuis 2001".

Selon le Guardian, au moins 195 morts civils sont recensés dans ces archives, un chiffre "probablement sous-estimé car de nombreux événements controversés sont omis dans les rapports quotidiens des troupes sur le terrain". La plupart de ces décès sont provoqués par des tirs de soldats nerveux sur des postes de contrôle.

Mais d'autres cas sont révélés comme celui d'un homme sourd-muet, abattu alors qu'il tentait de s'enfuir, pris de panique, quand une équipe de la CIA est arrivée dans son village et lui a lancé l'ordre de s'arrêter, sans qu'il puisse l'entendre.

Le Pakistan accusé de frayer avec les talibans

Les allégations les plus sensibles visent le Pakistan, allié stratégique de Washington, accusé d'autoriser des membres de ses services de renseignement à traiter directement avec les talibans. Selon le New York Times, des agents pakistanais et des talibans se rencontrent régulièrement lors de "sessions de stratégie secrète" afin d'organiser "des réseaux de groupes d'insurgés qui combattent les soldats américains en Afghanistan, et même montent des complots visant à assassiner des dirigeants afghans".

Selon l'un des documents, un ancien chef du puissant Inter Services Intelligence (ISI) pakistanais, Hamid Gul, aurait rencontré des insurgés en janvier 2009, après la mort d'un chef d'Al-Qaïda, Zamarai, connu sous le nom de Oussama al-Kini, tué au Pakistan. Pour le venger, ils auraient ensemble préparé un attentat qui devait être commis à l'aide d'une voiture piégée acheminée du Pakistan en Afghanistan. On ignore si l'attentat a finalement été commis.

Mais, note le New York Times, bien qu'il ait quitté ses fonctions à l'ISI en 1989, "le général Gul est si souvent mentionné dans les rapports, que, s'ils sont crédibles, il semble improbable que les responsables actuels de l'armée et du renseignement pakistanais puissent ignorer au moins une partie de ses activités".

Selon le conseiller à la Sécurité nationale du président américain Barack Obama, le général James Jones, la publication de tels documents est susceptible de "mettre en péril la vie d'Américains et de nos alliés et de menacer la sécurité nationale" des Etats-Unis.

Quant à l'ambassadeur du Pakistan aux Etats-Unis, Husain Haqqani, il a affirmé que ces fuites "ne reflètent pas la réalité sur le terrain".

afp/ant

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Karzaï dénonce une nouvelle bavure de l'OTAN

Le président afghan Hamid Karzaï a annoncé lundi qu'une frappe de l'OTAN a causé la mort de 52 civils dans le sud du pays.

Dans son communiqué, le président afghan condamne cette attaque, expliquant que les services de renseignements de son pays avaient déterminé que la roquette de l'Alliance atlantique était tombée sur le village de Regi, dans le district de Sangin, dans la province d'Helmand.

Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes.

Le porte-parole de l'OTAN, le colonel Wayne Shanks, a pour sa part indiqué que les premières informations ne confirmaient pas de pertes civiles ou une erreur de frappe de l'OTAN.

Dans la matinée, la présidence afghane avait annoncé que plusieurs civils avaient été tués dans l'attaque, et que le président Hamid Karzai avait demandé une enquête sur l'origine des tirs.

Les civils sont les premières victimes du conflit en Afghanistan, frappés le plus souvent par des attaques suicide ou des bombes artisanales rebelles, selon l'ONU, mais également parfois par des bombardements ou opérations au sol des quelque 150'000 forces internationales déployées dans le pays.

Le 8 juillet, six civils avaient été tués accidentellement par des "tirs d'artillerie" de soldats de l'Otan dans la province instable de Paktia (sud-est), avait reconnu l'Alliance atlantique, qui avait déjà confirmé la veille sa responsabilité dans la mort de six militaires afghans.

Le site WikiLeaks en bref

WikiLeaks est un site spécialisé dans la diffusion de contenus sensibles. Depuis décembre 2006, son tableau de chasse impressionne: vidéo accablante d’un massacre de civils par l’armée américaine en Irak, fuites sur un scandale pétrolier au Pérou, publication de courriels de Sarah Palin, affaires suspectes d’une banque suisse aux îles Caymans,... la liste est longue et non exhaustive.

WikiLeaks se targue de ne publier que des scoops, après vérification bien sûr de chaque information.

Le seul visage public de l’équipe de WikiLeaks est celui de Julian Assange, un Australien qui fait office de porte-parole et d’organisateur. Cet ancien hacker maintes fois arrêté par la police australienne, performe aujourd’hui dans le domaine du logiciel libre.