Le président Nicolas Sarkozy avait convoqué mercredi une réunion à l'Elysée pour examiner les "problèmes que pose le comportement de certains" parmi les Roms et les "gens du voyage" après des violences survenues il y a une dizaine de jours dans une commune du centre de la France.
Démantèlement des camps illégaux
Une gendarmerie avait été attaquée et des dégradations commises après la mort d'un jeune gitan tué par un gendarme au cours d'une course-poursuite. A l'issue de cette réunion, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé le démantèlement de la moitié des camps illégaux de Roms d'ici trois mois. Il a également parlé de reconduites à la frontière "quasi immédiates" vers la Roumanie et la Bulgarie pour les Roms qui auraient commis des délits.
Brice Hortefeux a chiffré à environ 300 le nombre de "camps ou squats" recensés, qui sont souvent des bidonvilles, et dont certains sont, selon le gouvernement, "des sources de trafics illicites, d'exploitation des enfants à des fins de mendicité, de prostitution ou de délinquance".
Des communautés en augmentation
La France va solliciter l'envoi d'une vingtaine de policiers roumains et bulgares en région parisienne, où sont souvent situés ces camps. De façon symétrique, il sera proposé que des policiers français soient affectés en Roumanie et en Bulgarie afin de renforcer la lutte contre les trafics.
Les "gens du voyage" -un terme administratif français regroupant diverses ethnies tsiganes et les Roms venant plus particulièrement des Balkans, principalement de Roumanie- représentent au total 400’000 personnes en France (dont 95% ont la nationalité française). Les Roms représentent 15’000 personnes, un chiffre en augmentation.
Pour les associations, le problème central des "gens du voyage" est celui de l'habitat. Une loi a créé l'obligation pour toute commune de plus de 5000 habitants de réaliser des aires d'accueil pour les voyageurs. Mais fin 2008, seules 42% avaient effectivement été mises en place.
Face à ces critiques, le gouvernement a annoncé l'envoi du ministre de l'Immigration Eric Besson et du secrétaire d'Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche "afin de négocier un renforcement de la coopération destinée à favoriser l'emploi et les projets de développement en faveur des populations Roms dans leur pays d'origine"
afp/mej
Les associations réagissent
Les organisations de défense des droits de l'homme ont fortement critiqué l'organisation de la réunion au sommet de l'Etat convoquée mercredi à L'Elysée.
Pour le directeur général de l'association France Terre d'Asile, Pierre Henry, "il n'y a rien de nouveau: cela fait huit ans que ces démantèlements existent, avec parfois des destructions de caravanes, et que les expulsions se font".
Plusieurs camps de Roms, notamment dans le département déshérité de la Seine-Saint-Denis au nord-est de Paris, ont ainsi été démantelés ces derniers mois. Quelque 8000 Roms ont ainsi été reconduits vers la Roumanie en 2009, mais près des deux-tiers d'entre eux reviennent ensuite, selon les estimations.
Le collectif des associations tsiganes avait dénoncé avant la réunion une "déclaration de guerre" à leur encontre.
"Ce qui se passe aujourd'hui est extrêmement grave: pour la première fois depuis la Libération, nous assistons à une politique de nature raciale", a estimé l'avocat du collectif, Me Henri Braun, en référence à la collaboration de l'Etat français avec la politique nazie d'élimination des juifs et des tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale.