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Une crise fait vaciller le pouvoir en Italie

Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini du temps de leur entente, en 2009.
Silvio Berlusconi et Gianfranco Fini du temps de leur entente, en 2009.
La crise entre le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et son ex-allié Gianfranco Fini prend une tournure préoccupante pour le Cavalierei. Trente-trois députés ont annoncé vendredi qu'ils quittaient le parti au pouvoir PDL, ce qui pourrait priver le chef d'Etat de sa confortable majorité au parlement.

Les 33 députés
proches de Gianfranco Fini ont annoncé officiellement à l'Assemblée qu'ils
avaient décidé de créer un nouveau groupe. Appelé "Avenir et
liberté pour l'Italie", celui-ci comprend plusieurs ministres.

Le
gouvernement de Berlusconi disposait jusqu'à présent d'une majorité confortable
à la Chambre
basse avec 271 PDL (Peuple de la
Liberté, le grand parti de droite fondé en 2009), 59 Ligue du
Nord et 12 députés de centre-droit, soit 342 au total. L'opposition dispose de
269 sièges, tandis que 19 "autres" oscillent entre les deux camps. La
majorité absolue est de 316 voix pour 630 députés.

La crise a éclaté jeudi

L'éditorialiste du quotidien
économique Sole 24 ore avait annoncé dans la matinée
qu'à partir d'une trentaine, les partants "seraient en mesure de faire
perdre au gouvernement la majorité absolue à la Chambre". Silvio
Berlusconi pourrait dès lors rencontrer des difficultés à faire passer des
textes cruciaux, comme ses réformes de la justice. Mais selon les médias
italiens, le Cavaliere, prévoyant ces défections, a déjà commencé les
tractations pour s'assurer le vote des indécis.

Le feu a éclaté jeudi soir,
après des mois de tensions entre les deux alliés. Silvio Berlusconi a pressé Gianfranco
Fini de quitter la présidence de l'Assemblée, jugeant ses positions
"incompatibles" avec celles de son parti. "J'ai été de fait
expulsé du parti que j'ai contribué à fonder", a affirmé Gianfranco Fini.

Fini refuse de démissionner

Une
démission est toutefois exclue: "Evidemment, je ne donnerai pas ma
démission, car chacun sait que le président doit garantir le respect de la Constitution et la
conduite impartiale de l'activité de la Chambre et non seulement celle de la majorité qui
l'a élu", a-t-il déclaré. "Soutenir le contraire démontre une logique
d'entreprise, comme (le ferait) un PDG, ce qui n'a rien à voir avec nos
institutions", a-t-il poursuivi.

Impliqué dans
plusieurs affaires de corruption ou de conflit d'intérêt, Silvio Berlusconi est
régulièrement accusé par ses détracteurs de chercher à échapper à la justice en
proposant des textes "pro-domo". Récemment, se plaçant sur le terrain
de "la moralité et la légalité", M. Fini avait appelé à ce que tous
les hommes politiques sous enquête se démettent de leurs fonctions. Trois
ministres poursuivis pour corruption ou trafic d'influence ont dû démissionner
ces dernières semaines.

ats/mej

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Une situation institutionnelle inédite

La situation créée par l'implosion de fait du centre droit est sans précédent. On ne dispose d'aucun repère institutionnel pour la suite des événements dans les jours ou les semaines qui viennent.

Si la situation politique devient intenable, le président Giorgio Napolitano pourrait désigner un cabinet intérimaire pour expédier les affaires courantes jusqu'à de nouvelles élections.

Dans une brève déclaration à la presse, Gianfranco Fini a annoncé vendredi que ses troupes au Parlement "n'hésiteraient pas à s'opposer à des choix de l'exécutif injustes ou contraires à l'intérêt général".

Mais, a-t-il dit, elles "soutiendront" le gouvernement lorsqu'il présentera des mesures conformes au programme défini par le Peuple de la Liberté (PDL), le grand parti de droite qu'il a fondé en mars 2009 avec Silvio Berlusconi.