Les autorités russes ont décrété l'état d'urgence autour du centre de retraitement et de stockage de déchets nucléaires de Maïak, dans l'Oural, en raison de la propagation des incendies dans cette zone, a annoncé lundi l'administration locale.
"Le chef de l'administration a décrété le 6 août l'état d'urgence dans les forêts et les parcs de la ville d'Ozersk (où se trouve le complexe nucléaire) en raison de la propagation des incendies", selon un communiqué publié lundi. Une réunion d'urgence est prévue mardi 10 août.
Déjà lieu d'une catastrophe nucléaire
Le centre de retraitement se trouve dans la région de Tcheliabinsk, dans l'Oural, à 2.000 km à l'est de Moscou.
Le complexe Maïak avait été en 1957 le lieu d'une des principales catastrophes nucléaires en Union soviétique, lors du rejet accidentel de déchets nucléaires liquides qui avait touché 260 000 personnes et nécessité l'évacuation de plusieurs localités dans la région.
L'usine Maïak est capable de retraiter 400 tonnes de combustibles par an. Plusieurs autres installations nucléaires russes sont dans des zones à risques.
Autres zones à risques
Le ministre russe des Situations d'urgence Sergueï Choïgou a demandé dimanche à ses services de travailler 24 heures sur 24 pour éteindre un incendie sur sept hectares autour d'un centre nucléaire à Snejinsk (Oural, 1 500 km à l'est de Moscou).
"Les conditions météo sont favorables, avec l'absence du vent. Si cela continue aujourd'hui, l'incendie sera éteint" à l'incendie, a déclaré lundi le directeur du centre nucléaire de Snejinsk. Ce centre élabore des armes nucléaires.
Surveillance maintenue
Quant au centre nucléaire de Sarov (région de Nijni-Novgorod, 500 km à l'est de Moscou), également chargé de l'élaboration d'armes nucléaires, "la surveillance se poursuit sur quatre zones où la possibilité d'incendies subsiste", a indiqué Sergueï Novikov, porte-parole de l'agence de l'Energie atomique Rosatom.
"Actuellement, dans la zone protégée (du centre), l'incendie a été liquidé. L'équipement et les matériaux explosifs ont été remis dans les installations qui étaient menacées par l'incendie. L'institut travaille normalement", a-t-il poursuivi.
Les autorités, après avoir affirmé plusieurs fois qu'il n'y avait aucun risque à Sarov, avaient indiqué en définitive que tous les matériaux radioactifs avaient été évacués du centre la semaine dernière.
afp/md
Craintes de cas de choléra
Les autorités russes craignent une poussée d'épidémies et notamment l'apparition du choléra, en raison de la canicule sans précédent qui frappe le pays, a déclaré lundi le chef des services sanitaires.
Les services sanitaires ont "renforcé le contrôle des maladies infectieuses" en raison de signes comme la multiplication des cas de gastro-entérite aiguë et la détérioration de la qualité de l'eau dans 52 des 83 régions russes.
"Nous craignons l'importation du choléra en provenance de l'Asie du sud-est, du Pakistan, où la situation n'est pas bonne", a déclaré M. Onichtchenko, cité par l'agence Interfax.
"Nous prenons des mesures pour organiser le contrôle de la nourriture, et exigeons la livraison d'eau potable là où se sont taries les sources d'alimentation", a-t-il précisé.
afp/md
Des voix réclament une aide internationale
Les défenseurs des droits de l'homme ont demandé lundi au président russe Dmitri Medvedev de solliciter d'urgence l'aide étrangère face aux incendies dans le pays afin d'éviter une "catastrophe humanitaire".
"Aujourd'hui il est évident que le système existant n'arrive pas à faire face à la situation d'urgence dans le pays", écrivent-ils dans une lettre ouverte signée notamment par la présidente du groupe
Helsinki Lioudmila Alexeeva et l'ancien dissident et opposant Sergueï Kovalev.
"Il faut une opération humanitaire internationale d'envergure pour sauver les vies et la nature", estiment les signataires. "Il est évident que le pays n'a pas assez de moyens pour lutter contre le feu".
"Le ministère des Situations d'urgence manque cruellement d'équipements, n'ayant que quatre bombardiers d'eau alors que les Etats-Unis ou le Canada en possèdent près de 200", selon le texte.
"Dans cette situation, pour éviter une catastrophe humanitaire et technologique vous êtes obligés de demander une aide urgente aux chefs d'Etat qui ont l'expérience de la lutte contre les feux de forêt"
Plusieurs pays dont la France et l'Italie ont déjà proposé leur assistance, mais "ce n'est pas du tout suffisant", estiment encore les signataires de la lettre.
Le ministère des Situations d'urgence a de son côté minimisé lundi la gravité de la situation. "Nous avons beaucoup de propositions de la part d'Etats étrangers, nous les considérons comme une réserve", a déclaré un responsable du ministère.