Lors d'un emprunt réalisé en 2008 pour sa campagne des municipales à Chantilly (Oise), Eric Woerth a assuré ne gagner que 3000 euros par mois et n'a déclaré aucun impôt sur le revenu, a annoncé lundi le site internet Médiapart. Or, rappelle le site, le salaire d'un ministre est d'environ 14'000 euros par mois, auxquels s'ajoutent les quelque 2400 euros qu'il touche comme maire de Chantilly.
Le ministre du Travail n'a pas réagi dans l'immédiat à ces nouvelles accusations, qui surviennent alors que ses déboires liés à l'affaire Bettencourt se font moins présents dans les médias depuis quelques semaines.
Mediapart diffuse le formulaire d'emprunt remis au Crédit agricole de Chantilly, où il certifie communiquer des chiffres "complets, exacts, sincères et véritables". Au vu de ses autres emprunts, la banque estime qu'Eric Woerth dispose de 112 euros par mois pour vivre et que son endettement bancaire est de 89%. Elle avait tout de même accepté sa demande de prêt de 6500 euros.
L'entourage de Woerth se justifie
L'entourage du ministre a affirmé dans un communiqué que ce prêt avait été "souscrit dans des conditions normales comme tous les prêts électoraux", "dénonçant l'absurdité de ces allégations". "Les revenus mentionnés dans le document correspondent aux revenus arrondis perçus par Eric Woerth en tant que maire (2400 euros bruts).
Il s'agit d'un prêt lié à des élections municipales, c'est donc tout à fait cohérent", ajoutent ses services, observant que la banque "connaît parfaitement la réalité des revenus d'Eric Woerth, celui-ci étant client de longue date". Enfin, l'entourage du ministre du Travail précise qu'après les élections municipales de 2008, il a abaissé ses indemnités de maire de 20%, soit de 2400 à 2000 euros. Par ailleurs, il n'a jamais perçu aucun revenu en tant que président de la communauté de communes de l'Aire cantilienne.
Plusieurs mois de polémique
Le ministre est mis en cause depuis quelques mois dans l'affaire Bettencourt. Lors de son audition comme témoin le 29 juillet, il a nié tout financement politique illégal de la campagne présidentielle de 2007. Il a aussi réfuté être intervenu pour faire engager son épouse au sein de la société Clymène qui gère la fortune de la milliardaire Liliane Bettencourt, l'héritière de L'Oréal.
Début août, Libération avait publié de nouvelles accusations concernant cette fois la succession du sculpteur César. Le quotidien avait reproduit des extraits d'une lettre datée du 24 avril 2008 et signée d'Eric Woerth, alors ministre du Budget. Selon le journal, cette lettre "démontre sans ambiguïté qu'Eric Woerth a fait peser tout le poids de sa fonction pour obtenir un dégrèvement fiscal" sur cette succession. Le ministre a également nié ces accusations, jugeant qu'il est intervenu en suivant les directives de l'administration fiscale.
Eric Woerth, était aussi trésorier de l'UMP depuis sa création en 2002, un poste qu'il a abandonné fin juillet comme le lui a "conseillé" le président Nicolas Sarkozy.
agences/boi