La pire catastrophe de l'histoire du Pakistan a ravagé un cinquième du territoire, affecté 20 millions de personnes et exacerbé une crise énergétique déjà vive, conduisant la Banque Mondiale (BM) à débloquer d'urgence un prêt de 900 millions de dollars et la communauté internationale à multiplier les dons.
L'agriculture, première victime
Le drame a frappé en premier lieu l'agriculture, qui représente 20% du Produit intérieur brut (PIB) national, et des millions de paysans aujourd'hui réfugiés sous des tentes à Thul, dans le sud du pays. Des millions d'entre eux ont vu leur équilibre de vie fracassé par les flots boueux nourris par les pluies torrentielles de la mousson, dans un pays où un quart des 170 millions d'habitants vivait déjà sous le seuil de pauvreté.
Le président pakistanais Asif Ali Zardari a estimé qu'il faudrait deux ans pour que les paysans retrouvent engrais, graines, récoltes et nourriture. Mais les experts du secteur estiment que cela prendra bien plus de temps. La Banque mondiale s'attend à une perte agricole d'au moins un milliard de dollars, sous réserve de la découverte de dégâts plus graves pour les sols. Avec le textile, l'agriculture représente cette année trois quarts des 21 milliards de dollars d'exportations pakistanaises.
Des dégâts pour deux milliards de dollars
De lourdes conséquences sont également attendues pour le logement et les infrastructures, les routes et réseaux électriques et téléphoniques ayant été en partie détruits. Le tout laisse craindre une augmentation du déficit public national qui va pousser le gouvernement à emprunter davantage.
Après avoir enregistré sa plus faible croissance depuis une décennie lors de l'année fiscale 2008-2009, marquée par un pic d'inflation inédit en 30 ans, l'économie pakistanaise avait relevé la tête, avec le soutien du Fonds monétaire international (FMI). Les autorités prévoyaient même une croissance de 4,5% pour l'année 2010-2011. Mais les inondations pourraient coûter au pays "près de deux milliards de dollars", soit un point de croissance, selon un ancien conseiller économique du gouvernement.
L'ambassadeur du Pakistan auprès des Nations unies à Genève, Zamir Akram, a lui estimé que la reconstruction du seul nord du pays, inondé en premier avant le centre et le sud, pourrait coûter 2,5 milliards de dollars.
Côté consommation, le prix des aliments s'est déjà envolé sur les marchés et il n'y a plus de carburant dans certaines régions. Près de 1000 villages du sud Pendjab (centre) sont privés d'électricité, selon la Compagnie électrique de Multan (MEPCO). Les experts ont invité le gouvernement, faible et impopulaire, à agir vite.
afp/mej
Une reconstruction à 15 milliards?
L'ONU s'est assurée de près de la moitié des 459 millions de dollars nécessaires à l'aide d'urgence aux victimes des inondations au Pakistan, a indiqué mercredi un porte-parole.
Il y a quelques jours, seul un quart de cette somme avait été reçue. Seule une petite partie des sinistrés ayant besoin de nourriture et d'eau potable a reçu de l'aide après les inondations.
La taille de la zone affectée par ce désastre est équivalente aux superficies combinées de la Belgique, de la Suisse et de l'Autriche.
Rappelons qu'il y a quelques jours, seul un quart de cette somme avait été reçu. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'était alors rendu au Pakistan afin d'y lancer un nouvel appel aux donateurs.
Environ 700'000 personnes ont pu recevoir un approvisionnement en nourriture et en eau potable, a indiqué l'ONU.
Selon le haut commissaire du Pakistan en Grande-Bretagne, le coût de la reconstruction pourrait atteindre 15 milliards de dollars.
L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a prévenu que le Pakistan risquait de connaître des pénuries alimentaires si les agriculteurs manquaient la saison des semailles, le mois prochain.
De plus, des centaines de milliers de têtes de bétail, élément vital de l'économie de nombreux villages, se sont noyées durant la catastrophe.