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Renvoi des Roms, la politique française houspillée

Maria risque d'être expulsée de France d'ici la fin du mois comme 700 autres Roms. [AFP]
Maria risque d'être expulsée de France d'ici la fin du mois comme 700 autres Roms. - [AFP]
Les premières expulsions de Roms en situation irrégulière en France vers leurs régions d'origine auront lieu jeudi. La politique sécuritaire du président Nicolas Sarkozy continue de susciter le malaise surtout en Roumanie et en Bulgarie, pays d'origine des gens du voyage.

Les critiques se multiplient en Roumanie et en Bulgarie contre la politique française à l'égard des Roms. Le ministre roumain des Affaires étrangères Teodor Baconschi s'est dit inquiet mercredi des "risques de dérapage populiste" et de "réactions xénophobes".

Alors que Paris prévoit de renvoyer jeudi 79 Roms vers la Roumanie - et expulser au total 700 Roms roumains et bulgares d'ici la fin du mois -, Teodor Baconschi a haussé le ton pour la première fois depuis le durcissement de la politique sécuritaire du président français Nicolas Sarkozy.

Dans un entretien à la radio RFI Roumanie, le chef de la diplomatie roumaine - un ancien ambassadeur à Paris - a dit "espérer" que la légalité sera respectée pour chacune des "expulsions" effectuées par la France, faisant écho à des craintes exprimées lundi par des ONG roumaines de défense des Roms.

La communauté rom est évaluée entre 530'000 et 2,5 millions en Roumanie et à 800'000 personnes en Bulgarie. En France, il serait plus de 15'000.

Menaces entre voisins

Paris a plusieurs fois critiqué Bucarest et Sofia et le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes Pierre Lellouche a évoqué un possible report dans leur intégration de l'espace Schengen, prévue en 2011.

Teodor Baconschi a jugé que les menaces ne sont pas la solution. "Si nous échangeons des accusations ou nous criminalisons à titre collectif des groupes ethniques, nous ressuscitons des souvenirs parmi les moins plaisants. Et au lieu de trouver des solutions nous générons des tensions", a-t-il dit.

Le ministre roumain rappelle que son pays "ne peut pas bloquer à la frontière" ses citoyens, membres de l'UE, s'ils "n'ont pas commis une infraction prouvée en justice par un verdict définitif".

Des critiques qui rejoignent celles exprimées par des défenseurs des droits de l'Homme en Bulgarie. Le président de la section bulgare du comité Helsinki, Krassimir Kanev, s'est ainsi déclaré "inquiet de ce que la mesure (française) vise un groupe ethnique".

Libre circulation des personnes

La Commission européenne a de son côté estimé que la France "doit respecter les règles concernant la liberté de circulation et la liberté d'établissement" des citoyens européens, a rappelé le porte-parole de la commissaire européenne chargée de la Justice et des droits fondamentaux des citoyens européens, Viviane Reding.

Deux secrétaires d'Etat roumains se rendront à Paris le 30 août pour aborder la question des Roms. Le ministre français de l'Immigration, Eric Besson, et Pierre Lellouche sont attendus à Bucarest en septembre.

ats/afp/fru

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15'000 Roms en France

En 2009, 10'000 Roms ont été reconduits par 44 vols de France vers la Roumanie et la Bulgarie, avec un billet d'avion et 300 euros par adulte, selon les autorités françaises.

Celles-ci reconnaissent toutefois que les personnes expulsées, membres de l'Union européenne, pourront revenir en France.

La Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l'UE en 2007. En vertu d'un régime transitoire, leurs ressortissants peuvent entrer en France sans formalité particulière et y rester durant trois mois sans avoir à justifier d'une activité.

Au-delà des trois mois, ils doivent avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes. Les Roms sont estimés à 15'000 en France.