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Les renvois de Roms ont débuté en France

Les Roms ont pris un vol en direction de Bucarest.
Les Roms ont pris un vol en direction de Bucarest.
La France a renvoyé jeudi vers Bucarest 70 Roms. Ces expulsions sont les premières depuis l'annonce par le président Nicolas Sarkozy de mesures sécuritaires visant cette population pour laquelle la Roumanie réclame un plan d'intégration européen.

Au total, 70 personnes ont été rapatriées de France, dont neuf de Paris et 61 de Lyon, a indiqué la police aux frontières. Les autorités roumaines avaient dit attendre l'arrivée à Bucarest de 93 personnes. Deux autres vols suivront vendredi puis jeudi prochain.

Nombre des 61 Roms arrivés à l'aéroport Aurel Vlaicu de Bucarest par un vol régulier parti de Lyon ont indiqué avoir vécu à Grenoble et rentrer à Petroseni (ouest de la Roumanie). Au total "79 Roms étaient candidats au départ volontaire, mais seuls 61 se sont présentés ce matin à l'aéroport de Lyon-SaintExupéry", a dit une porte-parole de la préfecture de l'Isère.

Souhait lancé par Basescu

Le ministre français de l'Intérieur Brice Hortefeux a dit en réponse à la Commission européenne que Paris respectait "totalement les règles européennes" puisque les expulsions n'étaient pas collectives et les départs volontaires dans le cadre "d'une aide au retour". La Commission européenne avait elle rappelé auparavant que Paris "doit respecter les règles" sur la liberté de circulation et d'établissement dans l'UE.

Roms france roumanie [AFP - BERTRAND GUAY]
Roms france roumanie [AFP - BERTRAND GUAY]

Le président roumain Traian Basescu a réclamé jeudi un programme européen d'intégration des Roms, une demande formulée par la Roumanie depuis 2008, alors que la presse roumaine notait qu'en l'absence d'un programme de réinsertion cohérent, nombre des rapatriés repartiraient.

Brice Hortefeux a invité la Commission européenne à "mobiliser son énergie, ses efforts, ses crédits dans des programmes de réinsertion durable et d'intégration effective de la communauté Rom". D'ici la fin du mois, Paris envisage le retour de 700 Roms après le démantèlement de 78 camps depuis le durcissement de la politique gouvernementale fin juillet. Deux nouveaux camps illicites ont été évacués jeudi.

Mesure évoquée par Besson

A la suite d'un fait divers qui concernait des tziganes français, le gouvernement avait annoncé le démantèlement de la moitié des camps illégaux en France dans les trois mois et une reconduite vers la Bulgarie ou la Roumanie des Roms ayant "commis des atteintes aux biens ou des fraudes". Les Roms partis jeudi ont accepté l'aide au retour volontaire proposée par la France: 300 euros par adulte et 100 euros par enfant mineur. Ce rapatriement est le 25e de ce type depuis le début 2010.

Le ministre de l'Immigration Eric Besson a fait savoir que ces retours volontaires "ne sont pas directement liés" aux récents démantèlements de camps illégaux de gens du voyage. 15 000 personnes évoquées Bucarest et Sofia ayant rejoint l'UE en 2007, leurs ressortissants peuvent rester en France durant trois mois sans avoir à justifier d'une activité. Au-delà, ils doivent avoir un emploi, suivre des études ou justifier de ressources suffisantes.

Tensions entre Paris et Bucarest

Les Roms seraient 15’000 en France où ils vivent souvent dans des squats, accusés pour certains par les autorités de se livrer à divers trafics ou d'exploiter des enfants à des fins de mendicité. Cette question provoque des tensions entre Paris et Bucarest, le ministre des Affaires étrangères Teodor Baconschi s'étant dit inquiet des "risques de dérapage populiste" et de "réactions xénophobes".

Les Roms sont entre 530’000 et 2,5 millions en Roumanie. Si Bucarest a fait des progrès dans l'accès à l'éducation, les Roms souffrent encore de discriminations sur le marché du travail et dans le domaine du logement.

Dans le quotidien "Libération" de jeudi, Robert Kushen, directeur du Centre européen pour les droits des Roms, déplorait que "le gouvernement français (les) instrumentalise pour montrer sa poigne sur les questions d'ordre". Paris a aussi été critiqué à l'ONU sur cette question, et plus généralement sur le lien établi entre immigration et insécurité par M. Sarkozy.

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Un programme européen d'intégration demandé

Le président roumain Traian Basescu a déclaré jeudi que "ce qui se passe à Paris prouve la nécessité" d'un programme européen d'intégration des Roms, une demande déjà formulée par Bucarest depuis 2008, a-t-il insisté.

Traian Basescu a indiqué "comprendre les problèmes que créent les camps de Roms dans les environs des villes" en France tout en "soutenant le droit de chaque citoyen de circuler librement dans l'Union européenne". "Nous collaborerons avec la France pour trouver une solution qui convienne à nos deux Etats et à tous les citoyens", a-t-il ajouté, insistant sur la nécessité d'une approche européenne coordonnée.

"La Roumanie a sollicité déjà depuis 2008 la réalisation d'un programme d'intégration des Roms au niveau européen. Ceci avait été établi lors d'un conseil européen", a rappelé le président. "La Commission a été chargée jusqu'au conseil européen de printemps de 2009 de présenter un tel programme. Malheureusement, ultérieurement, il y a eu des Etats qui ont considéré que ce n'était pas nécessaire", a-t-il ajouté, sans nommer les Etats en question.