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Marée noire: "nuage" de pétrole découvert

Photo de la fuite de pétrole le 24 juin
Photo de la fuite de pétrole le 24 juin
Un panache de pétrole se déplace à 900 mètres de profondeur dans le Golfe du Mexique suite à l'explosion de la plateforme pétrolière de BP en avril. La biodégradation sera très lente affirment les auteurs de l'étude, publiée vendredi dans la revue américaine Science.

Des océanographes américains ont détecté un vaste panache d'hydrocarbures s'étendant sur au moins 35 km à plus de 900 mètres sous la surface des eaux du golfe du Mexique qui provient de la fuite du puits exploité par BP, selon leurs travaux publiés dans la revue américaine Science datée du 20 août.

Ils confirment ainsi l'existence de ce "nuage" sous-marin de pétrole en partie dilué et jusqu'alors objet de controverse.

Explosion du 20 avril

Les chercheurs du Woods Hole Oceanographic Institution (WHOI), le plus grand institut mondial privé d'études océanographiques à but non-lucratif, ont pu établir que ce pétrole provenait bien de la marée noire ayant résulté de l'explosion le 20 avril de la plateforme Deepwater Horizon, et non de suintements naturels.

La fuite du puits, à 1.500 mètres de fond, a été arrêtée à la mi-juillet après avoir déversé 4,9 millions de barils de brut dans l'océan.

35 km de long

Les chercheurs ont observé que la biodégradation de ce pétrole était en cours grâce aux microbes vivant dans les grands fonds mais que ce processus était relativement lent.

De ce fait, le panache détecté lors d'une expédition scientifique entre le 19 et le 28 juin et mesurant 35 km de long pour 1,9 km de large sur près de 200 mètres de haut, pourrait persister assez longtemps.

"Ce panache de pétrole est bien réel"

"Non seulement nous avons démontré qu'il existe bien un panache de pétrole dans le golfe du Mexique mais nous avons également déterminé son origine et sa composition", souligne Richard Camilli, chef de l'expédition scientifique et principal auteur de l'étude parue

"Jusqu'ici, ce panache était considéré comme théorique", ajoute-t-il, précisant qu'il n'est pas formé de "pétrole pur" mais contient de nombreux composants pétroliers.

Les analyses chromatographiques d'échantillons confirment la présence de benzène, de toluène (un dissolvant), d'éthybenzène et de xylène.

Ce panache montre que le pétrole "reste dans l'océan plus longtemps qu'on ne pensait", souligne l'océanographe.

En pleine controverse

L'annonce de cette découverte intervient en pleine controverse sur le fait de savoir où se trouve le pétrole de la marée noire. Plus tôt cette semaine, des océanographes de l'Université de Géorgie (sud) ont estimé dans un rapport que près de 80% du pétrole serait encore dans l'océan.

Ils ont ainsi remis en question les évaluations très optimistes du gouvernement américain début août selon lesquelles 74% du brut déversé avaient été éliminés par évaporation, biodégradation, récupération et autres moyens.

ats/afp/md

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Les Etats-Unis repoussent à septembre le colmatage final du puits

Les Etats-Unis ne procéderont pas avant septembre au colmatage définitif du puits de pétrole à l'origine de la marée noire dans le golfe du Mexique, a annoncé jeudi le principal responsable de la lutte contre la catastrophe, l'amiral Thad Allen.

Les autorités américaines prévoyaient à l'origine de procéder à la mi-août à l'opération "bottom kill", qui consiste à colmater le puits par en-dessous au niveau du gisement (4.000 mètres sous le fond de la mer) grâce au forage de puits de secours.

La fuite de pétrole dans le golfe du Mexique a pris fin le 15 juillet grâce à la pose d'un couvercle au niveau de la sortie du puits au fond de la mer, suivie de la cimentation du conduit.

Thad Allen a précisé que BP, chargé des opérations de secours depuis l'explosion de sa plateforme le 20 avril, allait remplacer la valve anti-explosion posée à la sortie du puits avant de procéder au "bottom kill". Cette valve défectueuse, posée à 1.500 mètres de profondeur, a été à l'origine de l'explosion de la plateforme.

Un démocrate fustige l'optimisme de Washington

Un haut responsable démocrate du Congrès des Etats-Unis a critiqué jeudi un rapport optimiste de l'administration Obama sur la dissipation de la marée noire de BP qui selon lui est trompeur.

La Maison Blanche a annoncé le 4 août une estimation selon laquelle 74% du pétrole déversé dans le golfe du Mexique avaient été soit récupérés, soit brûlés, soit dispersés chimiquement ou naturellement. "Je pense que cela donne aux gens une impression de confiance trompeuse", a déclaré le président de la sous-commission de l'Energie et de l'Environnement de la Chambre des représentants, Ed Markey, lors d'une audition, organisée en pleine vacances parlementaires, où il était le seul élu présent.

"Les gens veulent savoir si tout va bien et ce rapport et la façon dont il est présenté donnent une idée erronée de la situation dans le golfe du Mexique", a-t-il dit, en s'adressant à Bill Lehr, responsable scientifique de l'Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA), qui a produit cette évaluation.