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«Lord of War» sera extradé aux USA

Viktor Bout aurait inspiré le personnage incarné par Nicolas Cage dans le film "Lord of war".
Viktor Bout aurait inspiré le personnage incarné par Nicolas Cage dans le film "Lord of war".
Une cour d'appel thaïlandaise a accepté vendredi la requête des Etats-Unis d'extrader le célèbre trafiquant d'armes russe Viktor Bout, surnommé le "marchand de mort". Washington a salué cette décision, tandis que Moscou a convoqué l'ambassadeur de Thaïlande pour exprimer sa "profonde déception et son incompréhension".

Viktor Bout, ancien officier de l'armée de l'air soviétique qui aurait inspiré le personnage incarné par Nicolas Cage dans le film "Lord of war", est détenu depuis mars 2008 à Bangkok, mais la demande d'extradition avait été rejetée par un tribunal en première instance l'an passé.

"La cour a décidé de le maintenir en détention pour qu'il soit extradé aux Etats-Unis", a déclaré le juge Jitakorn Patanasiri, ajoutant que la procédure devait prendre moins de trois mois. "Le dossier n'est pas politique, il est criminel", a ajouté le magistrat.

Une décision "politique"

Washington a salué vendredi l'annonce de l'extradition. Les Etats-Unis "apprécient beaucoup" la décision de la justice thaïlandaise et sont "très satisfaits", a déclaré le conseiller du président Barack Obama pour l'antiterrorisme, John Brennan.

Alla Bout, épouse de l'accusé, a condamné une décision "politique" prise "sous la pression des Etats-Unis". Peu après, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a évoqué "une décision illégitime (...) prise sous une forte pression de l'étranger".

Dans la soirée, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l'ambassadeur de Thaïlande, Chalermpol Thanchitt. Il lui a exprimé "sa profonde déception et son incompréhension à propos du verdict politiquement motivé de la cour d'appel thaïlandaise", selon un communiqué. La fille du trafiquant, qui assistait à l'audience, a fondu en larmes.

Pression de Washington

Viktor Bout, moustache soignée et vêtu du pyjama rouge des détenus, a de son côté semblé contrarié, mais a quitté la salle d'audience, poignets et chevilles entravés, sans s'adresser à la presse. Agé de 43 ans, il avait été arrêté dans un hôtel de Bangkok après avoir rencontré des agents américains qui s'étaient fait passer pour des responsables des FARC (guérilla colombienne) en quête d'armes.

Un tribunal avait refusé l'an passé de l'extrader, arguant que la Thaïlande ne considère pas les FARC comme une organisation terroriste. Mais Washington n'avait eu de cesse, depuis, de faire pression sur son allié asiatique pour obtenir l'extradition de celui qu'ils décrivent comme "l'un des trafiquants d'armes les plus prolifiques du monde".

ats/cht

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Impliqué dans de nombreux conflits

Parlant six langues, connu sous au moins sept alias différents, Viktor Bout risque la prison à vie aux Etats-Unis s'il est jugé coupable de terrorisme, notamment de complot visant à fournir des armes à une organisation terroriste, complot visant à tuer des officiers américains et complot pour acquérir des missiles antiaériens.

La justice américaine l'accuse d'avoir utilisé une flotte d'avions cargos pour transporter armes et équipements en Afrique, en Amérique du Sud et au Moyen-Orient, affirmant qu'il a ainsi alimenté des conflits en Afghanistan, Angola, République démocratique du Congo, ainsi qu'au Rwanda et au Soudan.

Les Etats-Unis l'ont aussi lié à l'ex-président du Liberia Charles Taylor, actuellement jugé à La Haye pour son rôle dans la guerre civile en Sierra Leone entre 1991 et 2001, qui a fait 120'000 morts. Viktor Bout, détenu sous haute sécurité dans une prison de la banlieue de Bangkok, nie ces accusations.