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Les 33 mineurs sont en "parfaite santé"

Sebastian Pinera brandit avec joie le message des mineurs: "Nous, les 33 mineurs, allons bien".
Sebastian Pinera brandit avec joie le message des mineurs: "Nous, les 33 mineurs, allons bien".
Les 33 mineurs piégés depuis 18 jours au fond d'une mine d'or et de cuivre du nord du Chili sont en "parfaite santé" et un premier ravitaillement leur a été transmis, a assuré un médecin qui a pu établir lundi une communication prolongée avec eux.

"Les 33 sont en parfait état de santé", a déclaré le médecin Paula Newman à la presse aux abords de la mine de San José (800 km au nord de Santiago). "Ils sont indemnes. Il n'y a pas de traumatismes chez eux", a-t-elle déclaré à l'issue de la communication qui a duré "environ une heure", via un radio-téléphone.

Ces hommes, a ajouté Paula Newman qui se trouvait aux côtés du ministre chilien des Mines Laurence Golborne, "ont des problèmes plutôt mineurs par rapport à ce qu'on aurait pu s'attendre", après 18 jours confinés à 700 m sous terre, soumis à de fortes chaleurs et à l'humidité.

Une première dose de solution glucosée a été transmise aux mineurs, ainsi qu'un comprimé d'omeprazol, pour prévenir d'éventuels ulcères d'estomac après le jeûne forcé des hommes, a-t-elle expliqué.

Message

Le message des mineurs - un morceau de papier griffonné en rouge - avait été placé sur le tuyau de forage utilisé pour sonder les galeries de ce petit gisement d'or et de cuivre situé près de Copiapo, dans le désert d'Atacama. "Nous, les 33 mineurs, allons bien", indiquait le message brandi dimanche par le président chilien Sebastian Pinera à la télévision.

En fin de journée une micro-caméra au bout d'une sonde a pu établir un contact visuel avec les mineurs. "J'ai pu les voir de mes propres yeux grâce aux caméras. J'en ai vu 8 ou 9 qui agitaient les bras, avaient leurs lampes allumées et sont apparemment en bonne condition physique", a alors déclaré Sebastian Pinera.

Encore 120 jours

Ce sont les sauveteurs qui sont parvenus à descendre cette caméra au fond de l'abri, de la taille d'un petit appartement, où les 33 hommes ont trouvé refuge depuis l'accident du 5 août. Aucun contact n'avait été établi avec ces hommes depuis l'éboulement survenu ce jour-là.

Autour de la mine de San José, les secours poursuivent leurs efforts pour venir en aide aux 33 miraculés.
Autour de la mine de San José, les secours poursuivent leurs efforts pour venir en aide aux 33 miraculés.

La mine est cependant instable et les secours ont été contraints d'abandonner l'idée de creuser à travers la galerie principale puis un couloir de ventilation. Ils comptent désormais forer un nouveau tunnel mais ils estiment qu'il faudra environ 120 jours pour mener à bien l'opération. "Cela va prendre des mois (pour les extraire), cela va prendre du temps, mais peu importe que ce soit long, ce qu'il faut c'est qu'il y ait un dénouement heureux", a déclaré le président chilien.

Les mineurs, qui se trouvent à sept kilomètres de l'entrée de l'exploitation, ont survécu grâce à des réservoirs d'eau et des couloirs de ventilation installés au fond de la mine. Ils ont utilisé les batteries d'un véhicule pour recharger leurs lampes. Des proches rassemblés depuis plus de deux semaines à l'entrée de la mine se sont embrassés et congratulés en apprenant que les mineurs étaient toujours en vie.

Le président Pinera a limogé plusieurs hauts responsables et promis de revoir l'ensemble du dispositif de sécurité des mines à la suite de cet accident. Les graves accidents miniers sont rares au Chili mais d'après le gouvernement, seize mineurs ont péri ces dernières années dans cette mine de San José, propriété d'un groupe privé.

afp/ant

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Pour survivre trois mois à 700 mètres sous terre, "il faut y croire"

Conserver son rythme de sommeil, garder l'espoir, maintenir la cohésion du groupe et gérer les déchets dans un espace confiné: tels sont certains des défis que devront relever les 33 mineurs coincés à 700 mètres sous terre au Chili pour survivre trois mois à huis clos.

"Il est plus facile de survivre en groupe. Seul, vous pouvez être conduit au désespoir, vous dire que vous êtes cuit. En groupe, si vous flanchez, les autres vous soutiennent", explique Michel Siffre, spéléologue et scientifique, qui a effectué de nombreuses expériences de confinement dans des conditions extrêmes.

"En principe, lorsque la survie est en jeu, le groupe fait corps. Dans toutes les expériences de survie, les problèmes psychologiques se sont posés après la sortie. Face au danger, on tient", relève Henry Vaumoron, secrétaire général de la Fédération française de spéléologie.

Une expérience menée il y a plusieurs décennies par la Nasa sur une équipe en autarcie complète avait montré que quatre des membres de la mission ne pouvaient plus supporter le cinquième et voulaient même le tuer, explique Michel Siffre.

"Dans les situations de survie, cela devient darwinien, les plus forts survivent. Et l'attitude mentale est primordiale. Il faut y croire. Ceux qui croient en leur survie ont plus de chances de s'en sortir que ceux qui s'abandonnent au sort", rappelle Michel Siffre.

Pour organiser la vie du groupe et régler les éventuels conflits, des "chefs" devraient émerger: supérieur hiérarchique ou individu qui, dans un moment d'exception, se révèle un leader. Les rescapés vont devoir notamment garder le même rythme de sommeil qu'à la surface, alors que sans lumière du jour on perd la notion du temps.

Grâce aux communications possibles avec les secours, on pourra leur imposer le rythme du monde extérieur, par exemple en leur livrant la nourriture à heure fixe. Et ils pourront probablement avoir de la lumière avec des lampes acheminées par le conduit.

Pour leur permettre de survivre, il faudra renouveler l'air en oxygène, les alimenter en eau et en nourriture. Ils devront se réhydrater en permanence, boire sans cesse, car à 33 degrés Celsius, l'eau du corps s'évapore en permanence.

"Il va falloir leur donner une nourriture plutôt liquide. Moins ils vont aux toilettes, mieux c'est. Quand on est bloqué sous terre, on creuse et on enterre les excréments", explique Henry Vaumoron.

"Tous auront des problèmes de vision en sortant. On constate une augmentation de la myopie, de la vision du relief et des couleurs quand on vit sans lumière", explique Michel Siffre. "Le tout est qu'ils sortent vivants. Mais ils n'en sortiront pas indemnes".