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Pakistan: la vallée de l'Indus toujours menacée

Un camp de réfugiés près de la ville d'Hyderabad, désormais inondée comme un cinquième du pays.
Un camp de réfugiés près de la ville d'Hyderabad, désormais inondée comme un cinquième du pays.
Les autorités s'efforçaient toujours lundi de protéger des eaux plusieurs villes et villages vidés préventivement de leurs habitants dans la vallée de l'Indus, au sud du Pakistan. Dans ce pays en proie depuis près d'un mois à des inondations dévastatrices, des millions de personnes souffrent désormais de la faim.

Les flots ont gagné les environs d'Hyderabad, sixième ville du pays avec 2,5 millions d'habitants, et 36 villages alentour ont été inondés. Mais les autorités ne déplorent aucun mort, grâce à l'évacuation préalable de quelque 50'000 habitants, a assuré Barkaat Rizvi, porte-parole de l'administration du district.

A quelque 250 km plus au nord, une ville d'environ 100'000 habitants, Shahdadkot, ainsi que de nombreux villages alentour, ont été évacués par l'armée et les secouristes. De nombreuses personnes ont quitté les lieux par leurs propres moyens.

Plantations dévastées

Les eaux de l'Indus, mais aussi de nombreux affluents, sont gonflées par les pluies diluviennes qui persistent dans cette région méridionale du Pakistan, près d'un mois après les premières inondations dans le nord.

Non loin d'Hyderabad, la grande ville de Sajawal et des villages alentour continuaient également d'être évacués, a indiqué lundi Hadi Kalhoro, un des responsables du district de Thatta. Selon lui, les eaux de l'Indus ont inondé la zone et "quelque 100'000 personnes ont dû être évacuées dans le district, et les plantations de bananes et de canne à sucre ont été dévastées".

Les inondations provoquées depuis près d'un mois par des pluies de mousson d'une ampleur exceptionnelle ont affecté au total un cinquième du territoire pakistanais.

Elles ont tué pour l'heure plus de 1500 personnes, la majorité dans le nord-ouest, et affecté à divers degrés 20 millions de Pakistanais. Dans le centre du pays, au moins 20 personnes ont encore péri noyées lundi et une vingtaine ont disparu quand leur autobus a été emporté par les eaux.

4,8 millions de sans-abri

Dans le nord-ouest et le nord-est, les zones les plus touchées au début des inondations, ainsi que dans le centre, les eaux ont commencé à refluer, laissant des villages dévastés et des champs de boue à perte de vue. "Nous estimons à 4,8 millions le nombre de personnes sans abri maintenant", a déclaré lundi Maurizio Giuliano, porte-parole du Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (Ocha) à Islamabad.

Des millions de Pakistanais survivent péniblement dans des camps régis par les autorités, l'ONU ou des ONG, pour les plus chanceux, sans toit ou dans des habitats très précaires pour le plus grand nombre. La plupart manquent de nourriture, d'eau potable, de soins et sont à la merci d'épidémies dont le risque s'accroît.

"On ne peut pas encore parler de famine, mais je pense qu'on peut dire qu'il y a des millions de personnes frappées par la faim", a déclaré Maurizio Giuliano. "Et la faim est de toute évidence un facteur qui contribue à augmenter la vulnérabilité", a-t-il ajouté.

Enjeux politiques

Selon lui, l'ONU a déjà distribué des tentes et des bâches à un million de sans-abri depuis le début de la catastrophe et en a commandé de nouvelles pour plus de 2,4 millions de sinistrés supplémentaires.

Au-delà de l'urgence humanitaire, la catastrophe est lourde d'enjeux politiques. Le gouvernement pakistanais a été mis en cause pour la lenteur de sa réaction. Les organisations humanitaires islamistes, dont certaines sont liées à des mouvements armés, se sont empressées de porter secours aux sinistrés, ce qui pourrait faire le jeu de la guérilla.

agences/ant

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L'aide internationale atteint les 850 millions

L'aide internationale aux victimes des inondations au Pakistan s'élevait lundi à 825 millions de dollars (852 millions de francs), selon un décompte des Nations Unies. L'appel des agences de l'ONU est financé à 58%.

Selon le Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU, 490 millions de dollars ont d'ores et déjà été versés, soit à l'ONU, soit en aide bilatérale, soit à la Croix-Rouge/Croissant-Rouge ou d'autres ONG. S'y ajoutent 335 millions en promesses de dons, soit 825 millions de dollars au total.

Les Etats-Unis sont le premier donateur avec 102 millions de dollars versés et 60 millions promis, devant l'Arabie saoudite, qui a débloqué 65 millions auxquels s'ajoutent 40 millions de promesses.

La Suisse figure dans le décompte de l'ONU en 17e position avec 5 millions de dollars.

La Suisse accroît par ailleurs son aide au Pakistan, par l'intermédiaire de la Direction du développement et de la coopération (DDC), qui lance notamment dans plusieurs régions des projets de désinfection de l'eau potable et de distribution. Près de 250'000 personnes devraient en bénéficier.