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Chili: les secours se préparent au forage

Un proche d'un des 33 mineurs affiche son soutien. Sur son T-shirt, le message des "miraculés": "Nous, les 33 , allons bien".
Un proche d'un des 33 mineurs affiche son soutien. Sur son T-shirt, le message des "miraculés": "Nous, les 33 , allons bien".
Le Chili a sollicité mardi toutes les expertises, dont celle de la Nasa américaine, pour sauver les 33 mineurs piégés sous terre. Le président Sebastian Pinera espère les voir libérés "pour Noël", un délai qui ne leur a pas encore été annoncé.

"Ils ne seront probablement pas avec nous à la surface pour le Bicentenaire (de l'indépendance du Chili célébré le 18 septembre) mais ils seront avec nous pour Noël et le Nouvel an", a déclaré Sebastian Pinera à Santiago, confirmant que l'opération de sauvetage pourrait prendre trois à quatre mois.

Le gouvernement chilien a révélé avoir fait appel à l'expertise de la Nasa. La situation des mineurs, bloqués depuis 19 jours à 700 m de profondeur dans le sous-sol rocheux de la mine de cuivre et d'or de San José, dans le grand nord chilien, "est comparable à celle des astronautes qui restent des mois dans des stations spatiales", a expliqué le ministre de la Santé Jaime Manalich.

Excavateur australien

En surface, l'assemblage d'un puissant excavateur australien, le Strata 950, a commencé. Il doit percer un puits de 66 cm de large, par lequel les mineurs seront extraits un à un. Le forage devrait commencer "d'ici le week-end", selon l'ingénieur Andres Sougarret, qui coordonne les travaux.

Les hommes qui ont permis d'établir le premier contact avec les 33 mineurs sont aussi devenus des héros.
Les hommes qui ont permis d'établir le premier contact avec les 33 mineurs sont aussi devenus des héros.

Sous les ovations des familles des mineurs, d'autres engins de forage ont quitté la mine. Ce sont ces machines qui ont percé pendant deux semaines les premiers conduits de 700 m de long par lesquels un premier contact avec les mineurs a pu être établi dimanche et par où sont passés les premiers ravitaillements lundi.

Mais les mineurs ne sont pas encore au courant de la durée de leur emprisonnement sous terre, même si dès leurs premiers messages, ils se disaient prêts à attendre "des mois". "On ne leur a pas encore communiqué" le délai, a reconnu Andres Sougarret. "Petit à petit, nous allons leur parler de ce qui se profile".

Aide cruciale, des messages personnels écrits par leurs proches étaient acheminés aux mineurs, sur le conseil de psychologues.

Le ton monte

Dans le même temps, le ton est monté mardi entre le gouvernement et l'entreprise San Esteban, propriétaire de la mine. La compagnie, au bord de la faillite, avait déclaré lundi douter de pouvoir payer les salaires des mineurs, même ceux piégés sous terre.

Les mineurs n'ont pas pu sortir à temps de leur mine parce qu'"il manquait une échelle" de secours, a précisé le ministre des Mines, Laurence Golborne, attisant une polémique avec les propriétaires de la mine qui ont décliné à plusieurs reprises toute responsabilité dans la situation.

afp/ant

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Deux cuillerées de thon toutes les 48h

Dans leurs communications, les mineurs ont montré les signes d'une résilience spectaculaire, couplée à une organisation sans faille, avec chefs de quart, et strict rationnement du peu de vivres dont ils disposaient depuis 18 jours dans leur zone-refuge.

"Ils mangeaient deux cuillerées de thon toutes les 48 heures et un demi-verre de lait", a déclaré Isabel Allende, sénatrice régionale qui a pu lire des fiches médicales remplies par les mineurs et renvoyées à la surface pour permettre un suivi individualisé.

"Pur, Chili, est ton ciel bleuté..." L'hymne national entonné à 700 mètres sous terre et un cri "Chi-chi-chi, Le-le-le" (Chili) ont aussi confirmé le moral des hommes lors d'une communication par radio-téléphone avec le ministre des Mines Laurence Golborne.

"Monsieur le ministre, nous allons bien. Nous attendons d'être secourus", a déclaré un mineur en se présentant comme "Luis Urzua, chef de quart" lors de l'échange sonore retransmis par la télévision.

"Je voulais vous poser une question", a ajouté Urzua en s'enquérant de compagnons qui sortaient de la mine au moment de l'éboulement le 5 août. "Nous ne savons pas s'ils ont pu sortir". "Tout le monde est sorti indemne, il y a pas eu de victimes", a répondu Laurence Golborne, déclenchant une clameur instantanée sous terre.

"Etant donné les circonstances, 18 jours dans les entrailles de la terre (...), leur santé tant physique que morale est extraordinairement bonne", a commenté le ministre de la Santé Jaime Manalich.

Un mécène offre 7600 euros à chaque mineur bloqué

Un magnat chilien de la mine et mécène connu a de son côté remis aux familles des mineurs bloqués des chèques équivalant à 7600 euros (10'600 francs). Il veut ainsi les mettre définitivement à l'abri du besoin. De son côté, le groupe chilien San Esteban, propriétaire de la mine, doute de pouvoir payer les salaires et pourrait se déclarer en faillite, tout en rejetant sa responsabilité dans l'accident.