"Aujourd'hui, j'annonce que la mission de combat en Irak est terminée. L'opération 'Liberté en Irak' est terminée et les Irakiens sont désormais responsables de la sécurité de leur pays", a déclaré Barack Obama dans un discours solennel à la Nation depuis le Bureau ovale de la Maison Blanche.
"Nous avons retiré près de 100 000 soldats américains d'Irak. Nous avons fermé des centaines de bases ou les avons transférées aux Irakiens", a-t-il souligné, rappelant qu'il tenait une promesse de sa campagne électorale.
Obama a aussi remarqué que son pays avait payé "un prix énorme" en Irak, où plus de 4400 soldats américains sont décédés depuis l'invasion de mars 2003 lancée par son prédécesseur George W. Bush.
Appel lancé
George W.Bush voulait renverser le régime de Saddam Hussein, soupçonné, sur la base de renseignements qui s'étaient révélés faux, d'entretenir un arsenal d'armes de destruction massive. Barack Obama s'était opposé avec virulence à cette opération, à une époque où il n'était encore qu'élu local.
Affirmant mardi qu'il était temps de "tourner la page", le président a profité de son discours pour tenter de répondre aux inquiétudes de ses compatriotes sur le front intérieur.
"Notre tâche la plus urgente est aujourd'hui de rétablir notre économie et de remettre au travail les millions d'Américains qui ont perdu leur emploi", a-t-il dit, en rappelant que l'invasion de l'Irak avait "conduit à dépenser de vastes ressources à l'étranger en période de budgets serrés". La guerre a coûté près de 1000 milliards de dollars aux Etats-Unis.
Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a lui estimé que l'Irak était désormais "un pays souverain et indépendant". Son Etat reste toutefois en proie à la violence et à l'instabilité politique.
Rencontre auparavant
"C'est un jour qui restera dans les mémoires de tous les Irakiens", a affirmé Nouri al-Maliki, assurant que l'armée irakienne saurait prendre la relève des Américains. Mais son ministre de la Défense a estimé qu'en 2012, les forces irakiennes ne seraient capables d'assurer la sécurité qu'à "95 %".
Alors que l'Irak n'a toujours pas de gouvernement près de six mois après des législatives, Barack Obama a encouragé ses responsables politiques à se mettre "rapidement" d'accord. Quand un cabinet sera lancé, a-t-il promis, "il n'y a pas de doute, les Irakiens auront un partenaire fort: les Etats-Unis".
Plus tôt mardi, Obama avait traversé les Etats-Unis pour rencontrer des anciens d'Irak dans une base militaire du Texas (sud) et leur signifier la reconnaissance de la nation. Les effectifs de l'armée américaine en Irak sont passés sous la barre symbolique des 50 000 soldats, contre 170 000 au plus fort des violences confessionnelles de 2007.
A partir de mercredi, ils sont chargés "de conseiller et d'aider" l'armée irakienne. Selon le calendrier énoncé par M. Obama, ils devront être partis à la fin 2011.
Suggestion
Le retrait d'Irak des troupes de combat américaines signifie que le nombre d'espions travaillant pour Washington va aussi diminuer dans ce pays, a souligné un responsable du renseignement américain sous couvert d'anonymat.
L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair s'est lui dit "profondément désolé" des tués de la guerre en Irak, selon des extraits de ses Mémoires publiés mardi. Mais il maintient qu'il était juste de renverser Saddam Hussein.
Barack Obama a aussi évoqué mardi la situation sur le second théâtre d'opération majeur de l'armée américaine, l'Afghanistan. Il y a triplé le contingent depuis le début de son mandat mais a promis avec cette escalade un début de retrait à partir de l'été 2011.
"Le rythme de retrait de nos troupes sera déterminé par la situation sur le terrain et notre soutien à l'Afghanistan continuera", a précisé Obama, qui a toutefois promis que "cette transition s'engagera, car la perspective d'une guerre sans fin ne servirait pas nos intérêts ni ceux du peuple afghan".
agences/cht
Visite-surprise du secrétaire à la Défense
Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates est arrivé mercredi matin en visite-surprise en Irak, a constaté une journaliste sur place. Ce séjour intervient le jour où l'armée américaine abandonne officiellement sa mission de combat dans le pays. Robert Gates doit assister au changement de commandement à la tête des forces armées américaines dans le pays.
Une guerre qui aura coûté très cher
La guerre en Irak a coûté très cher, même s'il est difficile de savoir précisément combien. Seule certitude: la décision d’Obama de retirer les troupes de combat du pays envahi en 2003 ne permettra pas forcément d'alléger beaucoup le coût du conflit.
L'administration Obama aurait pourtant bien besoin d'un peu de répit dans les dépenses fédérales: en partie en raison de l'opération Liberté en Irak, la dette américaine a atteint un sommet historique, à 13’000 milliards de dollars.
Mais déterminer le coût final de la guerre est particulièrement difficile. Au cours des sept années qu'a duré le conflit, la question de savoir combien il a coûté a été aussi férocement disputée entre camps politiques que la décision d'envahir l'Irak elle-même.
Au début du conflit, le secrétaire à la Défense d'alors, Donald Rumsfeld, avait estimé que les opérations coûteraient au contribuable américain 50 milliards de dollars, assurant que les estimations supérieures étaient "gonflées".
Mais le prix Nobel d'Economie Joseph Stiglitz a estimé plus tard que le coût réel de la guerre était plus proche de 3000 milliards de dollars si l'on prenait en compte l'ensemble de l'économie, de la prise en charge des morts et des blessés jusqu'à la hausse du prix du pétrole.
Aujourd'hui, la plupart des observateurs estime que le coût réel se situe entre les deux. Mardi soir dans son discours annonçant la fin de la mission de combat dans ce pays, M. Obama a évoqué le chiffre de 1.000 milliards de dollars.