La Cour a assorti la condamnation d'un internement psychiatrique
pour une durée indéterminée. L'état de santé psychique du condamné
et, par conséquent, "le risque de récidive" détecté par l'experte
psychiatrique, seront évalués chaque année avant tout transfert
éventuel vers une prison pour y purger le restant de sa
peine.
Josef Fritzl, qui tournait le dos aux journalistes lors de
l'énoncé du verdict, a accueilli la sentence sans manifester
apparemment de réaction particulière, comme s'il s'y attendait.
Jeudi matin, il avait déclaré qu'il regrettait (lire
ci-contre).
Bébé décédé après deux jours
Jeudi, au quatrième jour du procès à Sankt-Pölten, près de
Vienne, la présidente de la Cour d'assises, Andrea Humer, et les
huit jurés ont ainsi suivi les réquisitions de la procureure,
Christiane Burkheiser. Celle-ci avait requis la "peine maximum",
soit la prison à vie, pour "meurtre par non-assistance à personne
en danger".
Le bébé était décédé dans la cave-cachot deux jours après sa
naissance, son père ayant refusé qu'il soit hospitalisé alors qu'il
souffrait de graves troubles respiratoires. Selon la magistrate,
Fritzl a "abusé de la crédulité des gens" bernant pendant 24 ans
l'ensemble de son entourage ainsi que les autorités locales
d'Amstetten, à 130 km à l'ouest de Vienne, où résidait la
famille.
Revirement spectaculaire
Pour l'avocat de la défense, Me
Rudolf Mayer, "il n'y a pas eu meurtre", mais "seulement abandon"
du bébé, et c'est pourquoi il avait demandé le bénéfice de
"circonstances atténuantes" pour son client, dans la mesure où il a
plaidé "coupable" de tous les chefs d'accusation. Il n'a pas été
entendu.
A l'ouverture de l'ultime audience de ce procès sans précédent en
Autriche, Josef Fritzl est entré dans la salle à visage découvert,
entouré d'une dizaine de policiers alors que les jours précédents
il se cachait derrière un grand classeur.
La veille, dans un revirement spectaculaire, il s'était reconnu
coupable des six chefs d'accusation alors qu'il récusait jusque-là
tout rôle dans la mort d'un des sept enfants de l'inceste: "Je me
reconnais coupable de tout. Je regrette", avait-il déclaré.
Effervescence médiatique
Dans son bouleversant témoignage-vidéo de onze heures, diffusé à
huis clos devant la cour, Elisabeth, âgée de 42 ans, a relaté son
"martyre inimaginable", selon le procureur, enduré pendant plus de
la moitié de sa vie. Ce témoignage et la présence d'Elisabeth dans
la salle mardi ont fini par convaincre Josef Fritzl de ses
responsabilités dans le drame, selon son avocat.
Les chaînes de télévision de nombreux pays étaient présentes
pour rendre compte du "procès du siècle", alors que beaucoup
d'Autrichiens restaient ulcérés qu'une partie de la presse
internationale ait présenté ce drame comme révélateur d'une société
conservatrice et adepte du secret.
agences/mej
"Je regrette de tout mon coeur"
Josef Fritzl a déclaré jeudi qu'il "regrettait de tout son coeur", devant la Cour d'assises de Sankt-Pölten, près de Vienne.
L'accusé a été le dernier à prendre la parole avant que les huit jurés ne se retirent pour délibérer.
Il a alors laconiquement déclaré: "Je regrette de tout mon coeur. Je n'y peux plus rien malheureusement".
Elisabeth voulait que son père soit puni
Elisabeth, qui a été l'esclave sexuelle pendant 24 ans de son père, avait déclaré peu avant que le jugement ne tombe qu'elle voulait que son père "soit rendu responsable de ses actes jusqu'à sa mort". Ses propos ont été rapportés jeudi par son avocate, Eva Plaz.