Les enseignants ont lancé le mouvement avec des débrayages dans les collèges et lycées (quelque 6% selon les autorités, 30% selon les syndicats). Ils protestent contre des suppressions de poste et des "dégradations" des conditions de travail.
Cette journée est considérée comme un "tour de chauffe" avant la grande mobilisation nationale de mardi contre la réforme des retraites, organisée pour la troisième fois depuis le début de l'année à l'appel des syndicats rarement aussi unis.
La réforme des retraites, considérée par Nicolas Sarkozy comme une "priorité absolue", prévoit de repousser l'âge minimal de la retraite de 60 à 62 ans d'ici 2018. Le texte doit être présenté mardi dans une ambiance surchauffée à l'Assemblée nationale par un ministre du Travail Eric Woerth très affaibli par un scandale politico-fiscal qui le discrédite auprès des syndicats, de l'opposition et de la population.
Soutien populaire
Des appels à la grève ont été recensés dans les transports, la fonction publique, des médias publics, ainsi que dans l'industrie ou les banques. Les premiers arrêts de travail sont prévus dès lundi soir dans les chemins de fer où seuls deux trains à grande vitesse (TGV) sur cinq devaient circuler.
Selon des sondages, plus de 70% des Français approuvent ce mouvement. Les organisations syndicales espèrent mobiliser au moins deux millions de personnes. "On peut avoir une journée exceptionnelle et, si elle est exceptionnelle, on peut être à un tournant", a jugé lundi le secrétaire général de la CGT (premier syndicat, gauche) Bernard Thibault. "Si demain les Français sont très nombreux à descendre dans la rue, le gouvernement doit en tenir compte", a estimé la socialiste Ségolène Royal.
Eric Woerth contesté
Dimanche, deux proches conseillers du chef de l'Etat ont indiqué qu'il serait inflexible "sur le fond" (l'âge de départ à la retraite) mais que des "négociations" étaient possibles sur certains points. Confronté à l'augmentation du nombre des retraités, le gouvernement considère que faire travailler les Français plus longtemps, à l'instar de leurs voisins européens, est la meilleure option pour assurer des besoins de financement estimés à 70 milliards d'euros d'ici 2030.
L'examen de cette réforme intervient au pire moment pour le président qui enregistre la cote de confiance la plus basse depuis juin 2007 (32% selon un sondage CSA) et doit faire face à plusieurs fronts. Les soupçons de conflit d'intérêt et financement politique illégal à l'encontre d'Eric Woerth dans l'affaire Bettencourt lui valent des accusations de "collusion" avec la grande finance.
Un durcissement de sa politique sécuritaire, notamment à l'égard des Roms, a aussi suscité des accusations de "xénophobie" scandées par des dizaines de milliers de manifestants samedi. Des tiraillements sont apparus jusque dans son gouvernement tandis que le parti présidentiel UMP commence à se déchirer en vue de la présidentielle de 2012.
afp/boi
Le trafic franco-suisse perturbé
La grève du personnel de la SNCF va entraîner l'annulation de trains en France de lundi 20h jusqu'à mercredi 8h.
Des suppressions au départ de la Suisse sont aussi attendues, en particulier pour le trafic de nuit depuis Berne, Lausanne et Genève.
En revanche les TGV Lyria reliant Bâle-Zurich à Paris et retour ne seront pas touchés, ont indiqué lundi les CFF.
La liaison Berne-Neuchâtel-Paris sera supprimée mardi.
Un TGV sur quatre sera annulé au départ de Lausanne et deux sur sept sur la ligne Genève-Paris.
Les TGV au départ de Genève pour le sud de la France seront également supprimés, tout comme les trains de nuit à travers l'Hexagone: les liaisons Bruxelles-Bâle et Zurich-Barcelone seront annulés lundi soir, alors que le train Barcelone-Zurich le sera mardi soir.
Les CFF recommandent aux voyageurs à destination de la France de se renseigner à l'avance sur les possibilités de voyage durant la grève.
Des renseignements détaillés peuvent être obtenus aux guichets ainsi que par les canaux suivants:
- Information automatique sur le trafic ferroviaire tél. 166
- Rail Service 0900 300 300
- Teletext TSR1 page 487
- www.cff.ch/166
- http://infolignes.com (site de la SNCF)
Le métro londonien aussi à l'arrêt
A Londres, la première grève du métro depuis un an débute lundi soir pour 24 heures. Jusqu'à 10'000 employés sont appelés par leurs syndicats à protester contre un plan de 800 suppressions d'emplois, essentiellement aux guichets.
Le RMT et le TSSA, deux syndicats de cheminots et autres employés des transports, ont appelé fin août les employés du métro à une première grève de 24 heures, suivie d'autres arrêts de travail le 3 octobre, le 2 novembre et le 28 novembre.
"Les Londoniens sont des durs à cuire et je suis sûr qu'une grève du métro ne nous empêchera pas de nous déplacer", a déclaré le maire conservateur de Londres Boris Johnson, qui vient de mettre en place un système de vélos en libre service.
La régie des transports publics londoniens a prévu 100 bus supplémentaires et une capacité accrue de 10'000 voyages dans les navettes sur la Tamise.
Selon la Chambre de commerce et d'industrie de Londres, chaque jour de fermeture du métro devrait coûter plus de 70 millions de francs à l'économie de la capitale.
Le métro assure normalement 3,5 millions de déplacements chaque jour.