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Roms: Paris tancé à Strasbourg

Près de 700 ressortissants roumains et bulgares ont été reconduits dans leur pays.
Près de 700 ressortissants roumains et bulgares ont déjà été reconduits dans leur pays.
La France s'est retrouvée sur le banc des accusés mardi au Parlement européen en raison de sa politique à l'égard des Roms, jugée "inacceptable" par de nombreux élus. Pour Paris, qui semble avoir le soutien de la Commission européenne, ces attaques sont "totalement excessives".

Plusieurs groupes politiques dont celui des socialistes, des libéraux et des Verts ainsi que des communistes ont présenté des projets de résolution condamnant les expulsions de citoyens roumains et bulgares vers leur pays d'origine par les autorités françaises. Un vote doit intervenir jeudi.

Lors d'un débat en session plénière, plusieurs chefs de groupes sont montés au créneau pour dénoncer le tour de vis sécuritaire en France. Le chef des Libéraux Guy Verhofstadt a mis en garde contre la "tentation populiste, parfois raciste", qui s'exprime selon lui en France et d'autres pays de l'UE.

Droits violés

"Les Roms, ce sont des citoyens européens, des citoyens à part entière. Nous ne pouvons jamais accepter que leurs droits soient violés. Cette Europe doit rester un continent de liberté et de tolérance", a martelé l'ancien Premier ministre belge.

Le chef de file des socialistes, l'Allemand Martin Schulz, a dénoncé "une chasse aux sorcières" et mis nommément en cause le président français Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon et le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux.

L'expulsion des Roms vers la Bulgarie ou la Roumanie entre en contradiction avec le principe de libre circulation.
L'expulsion des Roms vers la Bulgarie ou la Roumanie entre en contradiction avec le principe de libre circulation.

Paris, qui justifie les reconduites vers leur pays d'origine de citoyens roumains et bulgares par des raisons de sécurité publique, a dénoncé des propos "totalement excessifs" venant de députés européens.

Roumanie mise en cause

"La France ne fait qu'appliquer le traité de Lisbonne, le droit européen et la directive de 2004. Le droit de séjour des citoyens roumains, bulgares, irlandais ou belges ou d'autres pays est limité à trois mois et soumis à un certain nombre de conditions", a dit le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Pierre Lellouche.

Le secrétaire d'Etat français, qui doit se rendre jeudi et vendredi à Bucarest avec le ministre de l'Immigration Eric Besson, a de nouveau mis en cause la Roumanie, d'où viennent l'immense majorité des Roms qui cherchent à émigrer vers l'Europe de l'Ouest. "Nous avons affaire à la carence d'un gouvernement européen, qui ne remplit pas ses obligations à l'égard de ses propres ressortissants", a-t-il dit.

agences/lan

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Soutien de la Commission européenne

Contrastant avec le Parlement européen, la Commission semble en passe de bénir les renvois de Roms.

La commissaire européenne chargée de la Justice, Viviane Reding, a rappelé que les Roms ne devaient pas devenir des "boucs émissaires", mais elle s'est également déclarée satisfaite des "garanties" que lui a fourni le gouvernement français.

Le président de la Commission, José Manuel Barroso, qui avait rencontré lundi soir à Paris le président français Nicolas Sarkozy, a lui insisté sur les "obligations" qui s'imposent à tous les citoyens européens.