"Fortes de la réussite exceptionnelle du 7 septembre, les organisations syndicales considèrent que les annonces du président de la République, qui se voulaient une réponse aux mobilisations, ne modifient pas le caractère injuste et inacceptable de la réforme proposée", ont déclaré les syndicats CGT, CFDT, CFTC, CGC, FSU, et UNSA dans un communiqué commun diffusé à l'issue d'une réunion intersyndicale au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis) mercredi après-midi.
Les manifestations organisées la veille, mardi, ont rassemblé 1'120’000 personnes dans toute la France, selon la police, plus de 2,7 millions selon la CGT. Les six organisations "appellent à faire du mercredi 15 septembre, jour du vote par les députés du projet de loi, une journée forte d'initiatives et d'interpellations des députés, des membres du gouvernement et du président de la République dans les départements et les circonscriptions".
"Avant le débat au Sénat", elles "décident de faire du jeudi 23 septembre une grande journée de grèves et de manifestations dans tout le pays", ajoute le communiqué. Solidaires rendra sa décision jeudi après consultation de ses instances. FO réserve sa réponse. Selon la FSU, les syndicats adresseront également, jeudi par courrier, une "interpellation commune" à Nicolas Sarkozy.
Sarkozy maintient le cap
Mercredi, le chef de l'Etat a fait quelques concessions sur la réforme, notamment sur la question de la pénibilité, mais il est resté ferme sur le recul de l'âge de départ à 62 ans. Le chef de l'Etat a rendu ses arbitrages mercredi matin au cours du conseil des ministres, au lendemain de l'importante journée de mobilisation.
Il s'est dit "attentif aux préoccupations qui se sont ainsi exprimées", selon le discours transmis par l'Elysée. Toutefois, "il n'est pas question de revenir" sur le recul de l'âge de départ en retraite de 60 à 62 ans, a ajouté Nicolas Sarkozy, qui dit assumer ses "responsabilités". "Le gouvernement ne renoncera pas aux mesures d'âge, ni maintenant, ni plus tard", a confirmé une source proche du dossier à l'Elysée.
Concessions pour les travaux pénibles
Cette fermeté s'applique notamment au recul de l'âge de la retraite à taux plein de 65 à 67 ans, une mesure particulièrement contestée par les syndicats. La principale modification annoncée par Nicolas Sarkozy porte sur la pénibilité, et plus précisément sur le "taux d'incapacité" permettant, pour les salariés effectuant un travail difficile, de partir à 60 ans.
Celui-ci, initialement envisagé à 20%, pourra être abaissé à 10%, sur décision d'une "commission pluridisciplinaire" qui sera composée non seulement de médecins, mais aussi d'ergonomes et d'autres spécialistes de la question. Celle-ci sera chargée d'apprécier "l'exposition aux facteurs de risque" de la personne concernée.
agences/bkel
"Reprendre à zéro" une réforme "injuste"
Dans la matinée de mercredi, la première secrétaire du Parti socialiste Martine Aubry a estimé qu'il fallait "reprendre à zéro" la réforme des retraites, jugée "injuste et inefficace", et a appelé le président à recevoir rapidement les syndicats et l'opposition.
Le chef de file des députés socialistes Jean-Marc Ayrault a estimé que les annonces de Nicolas Sarkozy "vont plutôt stimuler les organisations syndicales pour que le mouvement de protestation s'amplifie".
Le gouvernement considère que faire travailler les Français plus longtemps, à l'instar de leurs voisins européens, est la meilleure option pour assurer des besoins de financement estimés à 70 milliards d'euros d'ici à 2030.
En dépit de la fragilisation du ministre du Travail Eric Woerth empêtré dans un scandale politico-fiscal impliquant l'héritière des cosmétiques L'Oréal Liliane Bettencourt -, l'exécutif est conforté par l'apparente ambivalence de l'opinion, qui a approuvé la mobilisation de mardi tout en considérant la réforme comme inéluctable, selon des sondages.