Après la polémique entourant le projet d'un pasteur extrémiste de brûler des exemplaires du Coran, le président américain a répété que les instigateurs du 11-Septembre "peuvent bien essayer de nous séparer, nous ne céderons pas à leur haine et à leurs préjugés".
"Les Ecritures nous enseignent d'abandonner amertume, ressentiment et colère, bagarre et insulte, et toute autre forme de méchanceté", a encore dit Barack Obama lors d'une courte cérémonie près du Pentagone, sur lequel les pirates de l'air d'Al-Qaïda avaient dirigé l'un des quatre avions détournés il y a neuf ans.
"C'est Al-Qaïda qui nous a attaqués"
"Ils peuvent bien essayer de provoquer des conflits entre nos croyances, mais en tant qu'Américains, nous ne sommes pas et ne serons jamais en guerre contre l'islam. Ce n'est pas une religion qui nous a attaqués en ce jour de septembre. C'était Al-Qaïda. Un groupe pitoyable d'hommes qui pervertissent la religion", a encore dit M. Obama.
"Et tout comme nous condamnons l'intolérance et l'extrémisme à l'étranger, nous respectons notre essence de pays de diversité et de tolérance", a développé le président, qui avant de se rendre au Pentagone, dans la banlieue sud de Washington, s'était recueilli à la Maison Blanche, à l'heure précise (08h46 locales, 14h46 suisses) à laquelle un des avions avait frappé la première tour du World Trade Center à New York.
Cérémonie à New York
A New York, la traditionnelle cérémonie du souvenir s'est déroulée à partir de 08H46 (12H46 GMT), heure précise à laquelle l'un des avions détournés avait frappé la première tour du World Trade Center. Deux appareils s'étaient écrasés à New York, un autre contre le Pentagone et le quatrième en pleine campagne en Pennsylvanie (est).
"Nous ne sommes pas là pour pleurer, mais pour nous souvenir et reconstruire", a déclaré le vice-président Joseph Biden, lors de la cérémonie de lecture des noms des 2752 personnes qui ont trouvé la mort à New York. Un choeur a entonné l'hymne américain, tandis que des proches des victimes brandissaient des portraits de les personnes décédées.
Vives polémiques
Depuis les attentats revendiqués par le chef d'Al-Qaïda Oussama ben Laden, le traumatisme de l'Amérique reste vif. Il a été ravivé récemment par le projet de construction d'un centre culturel islamique --comprenant une mosquée -- près du site de Ground Zero, là où s'élevaient les tours jumelles détruites (lire encadré).
Ce projet est soutenu par le maire de New York Michael Bloomberg et le président Obama mais, pour ses détracteurs, il constitue une insulte au "sol sanctifié" de Ground Zero.
Parmi les opposants au projet figure le pasteur Terry Jones qui avait menacé de brûler 200 exemplaires du Coran devant son église à Gainesville (Floride), qui compte une cinquantaine de membres, suscitant une vague de protestations et de mises en garde à travers le monde. Le pasteur a finalement assuré samedi matin à la télévision qu'il ne brûlerait "jamais" le Coran (voir ci-contre).
Des manifestations sporadiques se sont poursuivies samedi en Afghanistan où des centaines de personnes ont crié leur colère, au moment où les musulmans du monde entier fêtent la fin du ramadan.
Hommage de Michelle Obama
La première dame des Etats-Unis, Michelle Obama, et Laura Bush, épouse de l'ex-président George W. Bush, ont de leur côté rendu hommage en Pennsylvanie aux victimes du vol 93. Mme Obama a exprimé son "admiration pour l'héroïsme" des passagers qui ont tenté de reprendre le contrôle du Boeing 757 détourné et dont l'objectif aurait pu être la Maison Blanche ou le Capitole.
agences/lan
Manifs pour et contre la mosquée
Des milliers de personnes ont manifesté à New York pour et contre la construction d'une mosquée près de Ground Zero, site principal des attentats du 11-Septembre, dont les Etats-Unis marquaient samedi le neuvième anniversaire.
Environ 1500 manifestants ont d'abord défilé sous un soleil radieux pour défendre le projet controversé de centre culturel islamique, comportant une mosquée, à deux rues du site des attentats de 2001, accusant les opposants d'être des bigots.
Un peu plus tard, environ 2000 personnes se sont rassemblées non loin pour clamer leur opposition à la mosquée.
Ces deux manifestations se sont déroulées quelques heures seulement après les cérémonies solennelles du neuvième anniversaire des attentats du 11 Septembre 2001, qui avaient fait près de 3000 morts.
D'importantes forces de police séparaient les deux groupes, tandis qu'une foule de visiteurs, allant de "marines" en uniforme à des militants pacifistes ou à des groupes de "Hell's Angels", convergeaient vers le site.
La police montée s'est jointe aux autres forces de l'ordre qui avaient pris position dans tout le quartier pour empêcher tout dérapage, et avait barré l'accès au site où doit voir le jour la mosquée controversée, devenue l'objet d'un débat national.
Les deux groupes ont tout de même réussi à s'invectiver, mais aucune véritable bagarre n'a éclaté.
"Arrêtez la guerre raciste contre le peuple musulman !", pouvait-on lire sur une pancarte des partisans du projet, en majorité des militants non musulmans.
L'autodafé du Coran est annulé
Le pasteur Terry Jones a annoncé samedi que son église de Floride ne brûlerait "ni aujourd'hui ni jamais" le Coran, même si une mosquée était construite à Ground Zero.
Il avait auparavant envisagé de brûler le livre saint musulman ce 11-Septembre pour protester contre le projet de bâtir une mosquée à l'emplacement des tours du World Trade Center, détruites dans un attentat terroriste il y a neuf ans.
Interrogé par NBC lors de sa venue à New York, il a expliqué que le but de sa congrégation de Gainesville en Floride était initialement de souligner qu"il existe un élément de l'islam qui est très dangereux et très radical".
"Nous avons incontestablement accompli cette mission", a jugé le pasteur lors de l'émission "Today". Il a ajouté qu'aucune réunion n'était prévue pour l'instant avec l'imam du futur lieu de culte, mais qu'il espérait qu'une telle rencontre pourrait avoir lieu.