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Le pape entame une visite inédite au Royaume-Uni

La reine Elizabeth II a accueilli Benoît XVI dès son arrivée.
La reine Elizabeth II a accueilli Benoît XVI dès son arrivée.
Benoît XVI a entamé jeudi une délicate visite d'Etat en Grande-Bretagne en reconnaissant que l'Eglise n'a "pas été assez vigilante" dans les scandales des prêtres pédophiles. Il a également invité les Britanniques à préserver leurs "racines chrétiennes" et leur tradition de tolérance.

Le pape a été accueilli à l'aéroport d'Edimbourg au son des cornemuses par le prince Philip, duc d'Edimbourg, avant d'être reçu à Holyroodhouse, palais écossais de la reine Elizabeth II, cheffe nominale de l'Eglise anglicane. La rencontre s'est déroulée dans un climat "amical, joyeux et cordial", a déclaré le porte-parole du Vatican Federico Lombardi.

Peu après, le souverain pontife, un tartan écossais sur les épaules, a défilé en "papamobile" dans les rues d'Edimbourg. Parmi une foule évaluée à 125'000 personnes par la police, quelques manifestants avaient pris place, dont un brandissant une pancarte appelant "à ne pas protéger les prêtres pédophiles". Les quelques dizaines de manifestants hostiles à sa visite a été éclipsé par une foule en délire brandissant des drapeaux et des bannières.

Racines chrétiennes

Dans un discours prononcé devant Elizabeth II, le pape a relevé la pérennité des "profondes racines chrétiennes dans toutes les strates de la société britannique". Il a rappelé qu'il fallait se méfier de tous les extrémismes, soulignant que les tentatives des régimes totalitaires du XXe siècle pour "exclure Dieu de la vie publique" devraient être une leçon de tolérance pour tous.

Un Britannique hostile à la venue du pape se prépare à manifester.
Un Britannique hostile à la venue du pape se prépare à manifester.

"Aujourd'hui, le Royaume-Uni s'efforce d'être une société moderne et multiculturelle. Dans ce noble défi, puisse-t-il garder toujours son respect pour les valeurs traditionnelles et les expressions de la culture que des formes plus agressives de sécularisme n'estiment, ni ne tolèrent même plus !", a-t-il affirmé.

La reine d'Angleterre a elle aussi évoqué l'héritage chrétien partagé en commun par les anglicans et les catholiques ainsi que leur croyance commune selon laquelle aucune religion ne devrait justifier la violence. "Par expérience, nous savons qu'un dialogue sincère peut permettre de surmonter des méfiances anciennes et de renforcer la confiance mutuelle", a-t-elle dit.

Plus tard, lors d'une messe en plein air à Glasgow, Benoît XVI a souligné la nécessité d'une laïcité positive, qui permette aux catholiques d'intervenir dans les débats de société. Il a également mis en garde les jeunes contre les "nombreuses tentations - drogue, argent, sexe, pornographie, alcool - dont le monde prétend qu'elles vous donnent du bonheur".

Le pape choqué

Dans l'avion qui l'emmenait en Ecosse, le pape a affirmé aux journalistes présents à bord que l'Eglise n'avait "pas été suffisamment rapide et ferme pour prendre les mesures nécessaires" face aux scandales de pédophilie. Benoît XVI s'est dit choqué par la "perversion" de la prêtrise que constitue la pédophilie, soulignant la nécessité d'"infliger aux personnes coupables la juste peine".

Le pape avait rarement évoqué en des termes aussi forts la multiplication des scandales de pédophilie qui secouent l'Eglise depuis la publication en novembre en Irlande d'un rapport révélant des centaines de sévices sexuels sur des enfants commis par des prêtres couverts par la hiérarchie. Depuis lors, des scandales similaires ont surgi, notamment en Allemagne et en Belgique.

"Il est malhonnête de dire que l'autorité de l'Eglise a été lente et a manqué de vigilance", a répliqué Joelle Casteix, membre du réseau international des victimes d'abus de la part de prêtres (SNAP). "Au contraire, elle a été rapide et vigilante, mais pour cacher et non pour prévenir ces horreurs", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

Contexte tendu

Benoît XVI se rend en Ecosse et en Angleterre dans un contexte déjà tendu avec l'Eglise anglicane depuis sa décision en octobre de faciliter la conversion d'anglicans mécontents des décisions prises par leur Eglise, notamment sur l'ordination des femmes et des évêques homosexuels.

Cette visite a aussi été assombrie par les propos du cardinal Walter Kasper, l'un des principaux collaborateurs du pape, qui a comparé la Grande-Bretagne à un pays du Tiers Monde (voir ci-contre). Berceau de l'anglicanisme, le pays a rompu avec l'Eglise catholique romaine en 1534, sous le règne d'Henri VIII, et compte aujourd'hui moins de 10% de catholiques.

agences/dk

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La gaffe d'un cardinal allemand

"Lorsque vous atterrissez à l'aéroport d'Heathrow, parfois vous avez l'impression d'avoir atterri dans un pays du tiers-monde". Ce sont les propos du cardinal Walter Kasper, un Allemand.

Cette remarque a été qualifiée de "tout à fait inexplicable" par l'archevêque catholique de Westminster, primat de l'Eglise d'Angleterre et du pays de Galles. Le Vatican s'est employé dès mercredi soir à minimiser les propos du cardinal Kasper. Il a aussi démenti que ses déclarations aient motivé sa mise à l'écart de la visite pontificale, expliquant son absence par "des raisons de santé".

Le chef de l'Eglise catholique écossaise a déclaré jeudi qu'il était "certain que le cardinal Kasper allait s'excuser" pour avoir comparé le Royaume-Uni au "tiers-monde".

"C'était malheureux", a déclaré le cardinal Keith O'Brien à BBC Radio Scotland. "Parfois nous faisons nous-mêmes des remarques maladroites et malaisées. Et naturellement, si nous faisons ce genre de chose, nous nous excusons, et je suis sûr que le cardinal Kasper va s'excuser pour toute remarque excessive" qu'il aurait pu faire, a ajouté le chef de l'Eglise écossaise.