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Au Royaume-Uni, Benoît XVI marque l'histoire

Le pape s'est félicité des "progrès" du dialogue avec l'Eglise anglicane.
Le pape s'est félicité des "progrès" du dialogue avec l'Eglise anglicane.
Au deuxième jour de sa visite en Grande-Bretagne, le pape Benoît XVI a prononcé vendredi un discours historique au Parlement britannique. Peu avant, le souverain pontife s'est rendu au palais londonien de Lambeth, résidence du chef des anglicans. Par ailleurs, six personnes ont été arrêtées dans le cadre d’une tentative d’attentat présumée.

Le pape Benoît XVI a défendu avec vigueur "le rôle légitime de la religion dans la vie publique", dans un discours historique à Westminster Hall, dans l'enceinte du Parlement britannique, en présence notamment de quatre anciens Premiers ministres britanniques.

Contrer la marginalisation de la religion

Benoît XVI a exprimé sa "préoccupation devant la marginalisation croissante de la religion, particulièrement du christianisme" au cours de sa rencontre solennelle avec la société civile, dans une salle datant de 1097, de 73 mètres sur 21, pouvant accueillir jusqu'à 1800 personnes.

Benoît XVI est le premier pape à être reçu chez les Anglicans depuis 1534. [AFP - FILIPPO MONTEFORTE]
Benoît XVI est le premier pape à être reçu chez les Anglicans depuis 1534. [AFP - FILIPPO MONTEFORTE]

"Certains militent pour que la voix de la religion soit étouffée, ou tout au moins reléguée à la seule sphère privée", s'est-il inquiété. "D'autres soutiennent que la célébration publique de certaines fêtes, comme Noël, devrait être découragée", a observé le pape. "Ce sont là des signes inquiétants de l'incapacité d'apprécier non seulement les droits des croyants à la liberté de conscience et de religion,  mais aussi le rôle légitime de la religion dans la vie publique", a-t-il souligné.

"Je voudrais donc vous inviter tous, dans vos domaines d'influence respectifs, à chercher les moyens de promouvoir et d'encourager le dialogue entre foi et raison à tous les niveaux de la vie nationale", a-t-il conclu. Le sectarisme et le fondamentalisme, "formes déviantes de religion", peuvent être la source de graves problèmes sociaux, a par ailleurs déclaré Benoît XVI.

Il a aussi lancé un appel en faveur du développement de l'aide aux pays déshérités, reprochant implicitement aux gouvernements "de venir au secours d'institutions financières" plus facilement qu'aux pays pauvres.

Quatre anciens Premiers ministres se trouvaient dans l'assistance. Outre Margaret Thatcher et John Major, avaient pris place côte à côte les travaillistes Gordon Brown et Tony Blair, sous l'oeil intéressé des médias. Blair, qui s'est converti en 2007 au catholicisme, vient en effet d'étriller Brown dans ses Mémoires récemment publiés. Le Premier ministre en exercice, David Cameron, s'était fait excuser pour se rendre à l'enterrement de son père, Ian.

Visite historique

Peu avant son discours au Parlement britannique, Benoît XVI a effectué vendredi une visite historique au palais londonien de Lambeth, la résidence de l'archevêque de Canterbury Rowan Williams, chef des anglicans. Le pape s'est félicité des "progrès remarquables" du dialogue avec l'Eglise anglicane, malgré des tensions avivées ces derniers mois.

"Des progrès remarquables ont été accomplis sur de nombreux aspects du dialogue au cours des quarante années qui se sont écoulées depuis que la Commission Internationale Anglicane-Catholique a commencé ses travaux", a affirmé Benoît XVI, premier pape à pénétrer dans ce palais depuis la rupture fracassante du roi Henry VIII avec Rome en 1534.

Le pape est en sécurité et la police a adapté son dispositif de séurité. [REUTERS - � Stefan Wermuth / Reuters]
Le pape est en sécurité et la police a adapté son dispositif de séurité. [REUTERS - � Stefan Wermuth / Reuters]

"Il n'est pas dans mon intention aujourd'hui de parler des difficultés que les chemins de l'oecuménisme ont rencontrées et continuent d'affronter. Elles sont bien connues de tous ici présents", a ajouté le pape.

Relations difficiles

Les tensions entre anglicans et catholiques ont été particulièrement avivées par la publication en novembre 2009 par le pape d'une "Constitution apostolique". Elle offre aux anglicans déçus par les évolutions de leur Eglise (sur la consécration de femmes et la bénédiction de mariages homosexuels, notamment), de rallier l'église catholique en conservant une liturgie "propre à la tradition anglicane". L'initiative a été très mal perçue par nombre d'anglicans.

Le pape a été reçu pour cette "visite fraternelle" dans l'antique bibliothèque du palais de Lambeth par l'archevêque de Canterbury, en présence également des évêques catholiques d'Angleterre, du Pays de Galles et d'Ecosse, ainsi que leurs homologues anglicans. Le palais de Lambeth, situé en face du Parlement de Westminster, sur la rive sud de la Tamise, abrite les archives les plus importantes de l'Eglise d'Angleterre et une bibliothèque de plus de 120’000 ouvrages.

Autre sujet de tension entre anglicans et catholiques, la décision du pape de venir au Royaume-Uni pour célébrer dimanche la béatification du cardinal John Newman, un anglican converti au catholicisme, a fait grincer des dents.

Une vingtaine de manifestants attendaient le pape à l'Université Sainte-Marie de Twickenham, dans le sud-ouest de Londres. [KEYSTONE - Steve Parsons]
Une vingtaine de manifestants attendaient le pape à l'Université Sainte-Marie de Twickenham, dans le sud-ouest de Londres. [KEYSTONE - Steve Parsons]

A ce propos, Benoît XVI a affirmé devant son hôte qu'il s'agissait de "célébrer un homme d'Église dont la vision ecclésiale fut nourrie par la tradition anglicane et s'est approfondie pendant ses nombreuses années d'exercice du ministère sacerdotal dans l'Église d'Angleterre".

Allusion aux scandales pédophiles

Dans la matinée, dans une ambiance festive et colorée, Benoît XVI a participé à un rassemblement en plein air à Twickenham (sud-ouest de Londres) devant un parterre de 4000 élèves et de 750 enseignants venus de toutes les écoles catholiques du pays, les appelant à devenir "les futurs saints du XXIe siècle".

Le pape a aussi fait une allusion transparente aux scandales de pédophilie impliquant des prêtres en demandant aux institutions catholiques d'assurer "un environnement sécurisant aux enfants et aux jeunes". Le pape avait déjà reconnu jeudi que l'Eglise n'avait pas été assez vigilante et rapide dans la gestion de ces scandales (voir ci-contre).

A Twickenham, une vingtaine de manifestants brandissaient des banderoles affirmant : "Le pape a tort. Mettez un préservatif". Trois hommes déguisés en anges figuraient parmi les manifestants, envoyés par un site de rencontres pour homosexuels.

Plusieurs manifestations sont annoncées le long du parcours papal, notamment contre les positions "rétrogrades" du Vatican, dont la plus importante se déroulera samedi à Londres. Mais les protestataires ont été peu nombreux en Ecosse, jeudi, première journée de la visite.

agences/bkel

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Un attentat aurait été déjoué

Une sixième personne soupçonnée d'actes de terrorisme en liaison avec la visite en cours du pape Benoît XVI, un homme âgé de 29 ans, a été arrêté au nord de Londres vendredi en début d'après midi, a annoncé Scotland Yard. Le suspect a été arrêté vers 12h45 GMT (14h45 suisses), "en liaison avec cinq arrestations opérées dans le centre de Londres plus tôt dans la journée", a précisé la police.

Tôt le matin, cinq hommes âgés de 26 à 50 ans, soupçonnés d'avoir "commandité, préparé ou inspiré des actes de terrorisme", avaient été interpellés par l'unité antiterroriste. Ces cinq hommes sont des employés de la société Veolia Environmental Services, appartenant au groupe français Veolia, chargée du nettoyage de la voirie pour le compte du Westminster City Council, a indiqué dans un communiqué cette autorité locale du quartier londonien de Westminster.

C'est dans ce quartier que se trouve le Parlement britannique où le pape s'est rendu dans l'après-midi pour un discours historique. Le parcours du pape n'a pas été modifié. Selon le porte-parole du Vatican, "le pape est calme" et Benoît XVI a "confiance dans la police, qui prend les mesures nécessaires".

D'après la chaîne de télévision SkyNews, les hommes arrêtés seraient des Algériens. La police s'est refusé à tout commentaire à ce propos. Les suspects étaient encore en cours d'interrogatoire en fin d'après-midi.

Le pape reçu par une femme prêtre

Le pape a été accueilli vendredi après-midi dans l'abbaye de Westminster par Jane Hedges, une des militantes les plus ferventes de l'ordination des femmes, considérée comme "un crime contre la foi" par le pape. Protocole oblige: en sa qualité de chanoine anglicane de l'abbaye de Westminster, il revient à Jane Hedges de recevoir toute personne franchissant le perron de l'abbaye.

Le pape lui a donc serré la main en arrivant dans l'abbaye. C'était la première fois, relevait le quotidien de centre gauche The Guardian, que le chef du Vatican serrait la main d'une femme prêtre. Jane Hedges est une figure du combat pour la consécration de femmes évêques au sein de l'Eglise anglicane.

Les premières femmes prêtres ont été ordonnées en 1994 en Angleterre, ce qui avait déclenché un exode de plus de 400 membres traditionalistes. Leur élévation en tant qu'évêque suscite encore plus de controverse.

L'Eglise anglicane aux Etats-Unis et au Canada notamment compte déjà des femmes évêques, mais le débat fait rage depuis de longues années au sein de la branche anglaise. Un synode a approuvé la mesure en juillet mais elle doit encore être confirmée par un nouveau synode qui aura lieu en 2012.